Taubira Christiane

Publié le par Mémoires de Guerre

Christiane Taubira, née le 2 février 1952 à Cayenne (Guyane), est une femme politique française. Elle commence sa carrière politique comme militante indépendantiste, puis participe à la création du parti politique guyanais Walwari en 1992. Députée de la Guyane de 1993 à 2012, elle est à l'origine de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. Elle est également députée européenne de 1994 à 1999. Candidate du Parti radical de gauche (PRG) à l'élection présidentielle de 2002, elle arrive en treizième position du premier tour de scrutin, avec 2,32 % des voix. Elle est garde des Sceaux, ministre de la Justice de 2012 à 2016, dans les gouvernements Jean-Marc Ayrault I et II, puis Manuel Valls I et II, sous la présidence de François Hollande. À ce titre, elle défend au Parlement le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de personnes de même sexe. 

Taubira Christiane

Famille, études et carrière professionnelle

Née à Cayenne le 2 février 1952, Christiane Taubira est issue d'une famille éclatée — sa mère, Bertille, aide-soignante puis infirmière, morte à 49 ans, élevait seule ses onze enfants, dont cinq conçus avec le père de Christiane, Georges Taubira, épicier à Cayenne, qui les avait abandonnés. À la fin des années 1970, Christiane Taubira rencontre Roland Delannon, leader indépendantiste, qu'elle épouse en 1987 et avec lequel elle a quatre enfants, nés entre 1979 et 1988. Les époux se séparent en 2002, sur fond de crise politique, après que Roland Delannon constitue une liste dissidente de celle de son épouse lors des élections régionales de 1998.

Après avoir été scolarisée à Cayenne où elle acquière un baccalauréat B, elle poursuit ses études supérieures et obtient un DEA en sciences économiques à l'université Panthéon-Assas en 1977. Elle rédige son mémoire d'étude sur l'économie du pouvoir dans les formations sociales des pays en développement. Elle est également titulaire d'une licence en sociologie de l'université Paris-Sorbonne, d'un certificat d'études supérieures en ethnologie afro-américaine de l'université Paris-Diderot, et a suivi un troisième cycle universitaire en agroalimentaire au Centre français de la coopération agricole. Elle devient professeure de sciences économiques en 1978.

Elle quitte l'enseignement en 1982, et prend successivement la tête de divers instituts d'économie locale en Guyane : la Coopération agricole Antilles-Guyane et la Confédération caraïbe de la coopération agricole entre 1982 et 1985, le Centre national des arts et métiers de Guyane entre 1983 et 1988, l’Assistance technique à la pêche artisanale en Guyane entre 1985 et 1990 puis l’Office de coopération et du commerce extérieur de la Guyane (OCCE-G) entre 1990 et 1993, un organisme dépendant du conseil régional de la Guyane. À ce titre, elle se voit confier un créneau pour des émissions au sujet de l'économie de pêche et du milieu agricole par la radio RFO-Guyane, la faisant entrer dans le débat public et permettant la diffusion de ses idées au sein de la société guyanaise. Elle est également membre honoraire du conseil d'administration de la Fondation Danielle-Mitterrand - France Libertés. 

Parcours politique

Militante indépendantiste et création de Walwari

Elle commence sa carrière politique en 1978 comme militante indépendantiste, notamment au sein du Mouvement guyanais de décolonisation (MOGUYDE), que son mari Roland Delannon a fondé en 1974. Elle dirige la revue indépendantiste Mawina. Selon Robert Chaudenson, « ces mouvements anticolonialistes, impliqués dans nombre d'attentats, étaient très violents. » Roland Delannon, avec l'aide de l'UTG, prépare un attentat contre les installations pétrolières de Guyane qui échoue (le complot de Noël). Il est alors arrêté le 13 décembre 1974 avec 12 autres personnes. Elle affirme qu'elle a alors été obligée de vivre dans la clandestinité. Roland Delannon est emprisonné pendant dix-huit mois et l'arrestation des 13 personnes impliquées dans l'opération déclenche une grève générale de la part de l'UTG. Selon le magazine Valeurs actuelles, elle aide alors les clandestins et les militants guyanais détenus à la prison de la Santé. Après l'arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981, elle cesse le militantisme indépendantiste, constatant qu'il n'est plus soutenu par les Guyanais et fonde son activité professionnelle : elle devait signer un contrat de professeur-chercheur à l'université du Québec à Montréal lorsqu'elle est sollicitée pour s'investir en politique. En 1992, elle cofonde avec son mari le parti Walwari et en prend la présidence. 

Premiers mandats de députée de la Guyane (1993-2002)

En 1993, elle est élue députée sans étiquette dans la première circonscription de la Guyane. Elle intègre un petit groupe parlementaire, République et liberté, et vote l'investiture du gouvernement Édouard Balladur ; elle affirme ensuite à ce propos que « rien dans ce discours [de politique générale du Premier ministre] ne constituait un élément rédhibitoire à [s]on vote, dont le principe avait été décidé lors d’une assemblée générale de Walwari » et qui serait un moyen de « participer au climat d'apaisement » qu'elle dit désirer. Elle est quatrième de la liste Énergie radicale, menée par Bernard Tapie, aux élections européennes de 1994. Elle est ainsi députée européenne jusqu’à la fin de la législature, en 1999, en parallèle de son mandat de députée à l’Assemblée nationale. En avril 1994, elle est observatrice parlementaire aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud. Après sa réélection à l’Assemblée nationale en juin 1997, elle rallie le groupe socialiste, et se voit confier par Lionel Jospin un rapport sur la recherche de l'or en Guyane. En 1998, elle se sépare de son mari après que celui-ci s'est présenté contre Walwari aux élections régionales de 1998 sans l'en avertir, se disant fatigué de l'hégémonie politique de son épouse. En 2014, elle exprime des remords dans la presse sur ce passage de sa vie.

Jusqu'en novembre 2001, elle est apparentée PS. Elle rejoint ensuite le groupe RCV (PRG-MDC-Verts-PCR). Christiane Taubira donne son nom à la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité (no 2001-434), votée le 10 mai 2001, qui reconnaît comme crimes contre l'humanité, la traite négrière transatlantique et l'esclavage qui en a résulté, jusqu'à l'abolition de l'esclavage. La loi prévoit également l'insertion de ces faits historiques dans les programmes scolaires et le développement des recherches scientifiques s'y rapportant. Une des conséquences de cette loi est la création d'une « journée annuelle de la mémoire de l'esclavage », qui se tient tous les 10 mai. La loi est critiquée car elle est considérée comme loi mémorielle se limitant à la traite européenne. Christiane Taubira reconnaît avoir éclipsé la question de l’esclavage dans le monde arabo-musulman pour que les « jeunes Arabes [de France] ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes ». Une plainte, retirée par la suite, a été déposée en justice au nom de la loi Taubira contre Olivier Grenouilleau, historien de l'esclavage, pour avoir écrit que « la quasi-totalité des esclaves africains avaient été razziés non par des Blancs, mais par des négriers africains et que le commerce des esclaves était une routine sur le continent noir bien avant l'arrivée des négriers européens ».

Candidate à l’élection présidentielle de 2002

En avril 2002, elle est la candidate du Parti radical de gauche à l'élection présidentielle avec une campagne axée sur l'« égalité des chances ». Elle obtient 2,32 % des voix au premier tour et réalise l'essentiel de son score en France d'outre-mer, notamment en Guyane, où elle obtient 52,7 % des suffrages exprimés. Selon certains socialistes, cette candidature a contribué à l'éparpillement des voix de gauche et a été une des causes de l'échec de Lionel Jospin à accéder au second tour de l'élection présidentielle. D'après d'autres observateurs, comme Jacques Séguéla, Christiane Taubira avait proposé une alliance à Lionel Jospin, qui n'aurait pas donné suite à cette demande. Bernard Tapie, soutien de Christiane Taubira, rapporte que celle-ci avait tenté de négocier son retrait en échange d'un remboursement par le PS des frais déjà engagés par le PRG et d'une demande explicite de la part de Lionel Jospin.

Dirigeante du PRG et proche des socialistes (2002-2012)

Elle est de nouveau élue députée avec 67,22 % des voix le 16 juin 2002, pour la XIIe législature, dans la première circonscription de la Guyane. Elle est apparentée au groupe socialiste. Tout en demeurant membre du parti guyanais Walwari, elle devient, à la suite du congrès de Toulouse d'octobre 2002, membre et première vice-présidente du Parti radical de gauche, fonction spécialement créée pour elle et supprimée au congrès de décembre 2004. Elle est en tête de la liste « Europe fraternelle » du PRG aux élections européennes de 2004, dans la circonscription Île-de-France : cette liste n'obtient que 1,54 %, et aucun élu. En 2004, elle est condamnée par le conseil des prud'hommes de Paris pour licenciement injustifié et rupture de CDD « abusive » concernant son ancienne assistante parlementaire, et doit lui verser 5 300 euros. En 2006, elle considère que le nombre des immigrés clandestins expulsés de Guyane (7 500 sur 50 000) est dérisoire. En 2007, à propos de la minorisation des Guyanais de souche, elle déclare : « Nous sommes à un tournant identitaire. Les Guyanais de souche sont devenus minoritaires sur leur propre terre. ».

Le 12 juillet 2006, elle se déclare candidate à l'investiture du PRG pour l'élection présidentielle de 2007. Le 22 octobre, le PRG réuni en Congrès renonce à présenter une candidature, préférant un accord avec le Parti socialiste sur les élections présidentielle et législatives. Elle quitte le parti à la fin de l'année 2006. Le 20 janvier 2007, Christiane Taubira rallie l'équipe de Ségolène Royal, où elle est nommée « déléguée à l'expression républicaine ». Par la suite, lors de la campagne des législatives de juin 2007, elle déclare avoir été « approchée » par l'entourage de Nicolas Sarkozy « avant la fin de la présidentielle » pour faire partie du gouvernement, mais « avoir alors décliné l'offre ». Elle est réélue députée avec 63,41 % des suffrages le 17 juin 2007 pour la XIIIe législature, dans la première circonscription de la Guyane. Elle est apparentée au groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche.

En avril 2008, elle est chargée par le président de la République Nicolas Sarkozy d'une mission sur les accords de partenariat économique entre l'Union européenne et les pays ACP. Son rapport, remis deux mois plus tard, émet de lourdes critiques envers ces dispositifs, et formule des préconisations jugées audacieuses, mal reçues par l'Élysée, le chef de l'État n'ayant fait aucun commentaire. Christiane Taubira est candidate, à la tête d'une liste divers gauche lors des élections régionales de 2010 en Guyane. Arrivée en tête des quatre listes de gauche en présence, elle conduit une liste d'union de la gauche au second tour. Le 21 mars 2010, avec 43,9 % des voix, elle est battue par le maire de Cayenne, soutenu par l'UMP, Rodolphe Alexandre (56,1 %). Elle siège dès lors dans l'opposition. Le 14 décembre 2010, elle annonce son soutien à Arnaud Montebourg dans le cadre des primaires du Parti socialiste de 2011 pour l'élection présidentielle de 2012. 

Taubira Christiane

Garde des Sceaux, ministre de la Justice (2012-2016)

À la suite de la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle, elle est nommée pour la première fois au gouvernement le 16 mai 2012 en devenant garde des Sceaux, ministre de la Justice au sein du gouvernement Ayrault (dont 30 membres sur 35 sont issus du Parti socialiste). Dès sa nomination, elle est la cible des critiques de l'UMP et du FN, qui, en particulier après l'évasion d'un détenu lors d'une manifestation sportive opposant détenus et gardiens à laquelle elle assistait, lui reprochent du laxisme. Après l'annonce du nouveau Premier ministre stipulant que tout ministre de son gouvernement qui se présente aux législatives et qui serait battu devrait démissionner, les médias annoncent que Christiane Taubira renonce à briguer un nouveau mandat parlementaire. Par ailleurs, elle démissionne de son mandat de conseillère régionale de la Guyane le 31 août 2012. Les premières mesures qu'elle désire appliquer sont une nouvelle loi contre le harcèlement sexuel et supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs pour garantir la spécificité de la justice des mineurs. L'annonce de cette suppression, prévue dans le programme du candidat Hollande, est qualifiée de laxisme par l'UMP, mais est favorablement accueillie par les représentants de l'USM, le syndicat majoritaire de la magistrature.

Au premier trimestre 2013, confrontée à une vague de départs, la ministre est contrainte de remanier son cabinet ; elle embauche ainsi l'épouse d'un proche de François Hollande, Bernard Rullier, conseiller chargé des affaires parlementaires à l'Élysée. Son prétendu compagnon serait également membre de son cabinet, mais cette information est vigoureusement démentie par les intéressés. En tant que garde des Sceaux, elle porte le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, qu'elle qualifie de « réforme de civilisation ». Lors des débats au Parlement, où elle est particulièrement présente, ses nombreuses prises de parole et son habileté suscitent le respect, plus que l'approbation, de l'opposition, qui avait pourtant fait d'elle une cible privilégiée lors de ses débuts au gouvernement, faisant de ce débat un « moment » particulier de sa carrière politique. Le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe est approuvé par l'Assemblée nationale en seconde lecture par 331 voix contre 225 (opposition) et 10 abstentions. À l'été 2013, elle met en œuvre un projet de réforme pénale, qui voit notamment la création de la « contrainte pénale ». Si la garde des Sceaux considère qu'il s'agit de la fin du « tout-carcéral », certaines de ses prises de position ont donné lieu à des divergences avec le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et à un « procès en laxisme » intenté par la droite. La loi est promulguée le 15 août 2014.

Un an plus tard, sa loi d’adaptation de la procédure pénale au droit de l’Union européenne fait l'objet d'une censure de 27 sur 39 articles par le Conseil constitutionnel le 13 août 2015, dont des mesures visant la lutte contre la pédophilie et le financement de l'aide aux victimes, considérées comme des cavaliers législatifs. Lors des élections territoriales de 2015 en Guyane, elle figure en onzième position sur la liste Walwari (section de Cayenne), qui recueille seulement 7,10 % des voix au premier tour. Elle est au centre d'une polémique, en décembre 2015, pour avoir annoncé sur une radio algérienne, Alger Chaîne 3, que le gouvernement français renonçait à l'extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus de terrorisme alors que le Conseil des ministres du lendemain a maintenu cette proposition dans son projet de réforme constitutionnelle. Le 27 janvier 2016, la démission de Christiane Taubira est annoncée par l’Élysée. Elle est remplacée par Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère et président de la commission des lois à l'Assemblée nationale. Sur le réseau social Twitter, elle explique le jour même : « Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit ». L'annonce de sa démission est regrettée notamment au sein de l'aile gauche de la majorité, tandis que l'opposition de droite s'en réjouit et espère la fin d'une politique pénale qu'elle juge « laxiste ». Certains acteurs de la sphère judiciaire, dont certains directeurs de prison, réfutent cette accusation, tandis que la plupart des syndicats de police se déclarent soulagés, estimant que Christiane Taubira incarnait une « culture de l'excuse », qu'ils estiment de nature à renforcer l'impunité des délinquants et à fragiliser l'action des forces de l'ordre. Son successeur au ministère de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, évoque une justice « sinistrée ». Alors que la surpopulation carcérale est estimée à son départ à environ 11 000 détenus, Le Figaro relève que « Christiane Taubira n'aura lancé durant sa mandature que l'agrandissement ou la création d'établissements à Majicavo (Mayotte), Ducos (Martinique) ou en Polynésie », soit 700 nouvelles places. 

Après le gouvernement (depuis 2016)

En février 2016, Laure Adler affirme que Robert Zarader, un communicant qui travaille avec François Hollande, lui a indiqué que le chef de l'État avait proposé à Christiane Taubira de devenir ministre de la Culture. Après avoir conjointement encouragé les candidatures d'Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Vincent Peillon pendant la primaire citoyenne en vue de l'élection présidentielle de 2017, elle annonce son soutien à Benoît Hamon lors de sa convention d'investiture le 5 février 2017 à la Maison de la Mutualité. Au second tour de l'élection présidentielle, elle appelle à voter pour Emmanuel Macron. Restant une figure populaire de la gauche et déplorant également l'inaction des gouvernements européens pour accueillir dignement les migrants, elle est courtisée par plusieurs formations en vue des élections européennes de 2019 (PS, EÉLV, Génération.s), mais dit en 2018 ne souhaiter s'y engager que si la démarche est rassembleuse : « une gauche éclatée où chacun avance dans son couloir et ne se rend pas compte du désastre... Un rapprochement serait un minimum, mais cela ne suffira pas. ». Elle finit par soutenir activement la candidature de l'essayiste Raphaël Glucksmann, à la tête de la liste Envie d'Europe écologique et sociale, investie par le Parti socialiste, Place publique, Nouvelle Donne et le Parti radical de gauche. Cette liste obtient 6,2 % des suffrages et six députés européens.

Le 10 juin 2018, elle est présidente du jury du « prix Gisèle-Halimi » 2018, deuxième session du concours d'éloquence de la Fondation des femmes tenu à Paris à la Maison de la radio : le jury se compose de Marie-Aimée Peyron, Julie Gayet, Anna Mouglalis, Valence Borgia, Chloé Ponce-Voiron et Guillaume Erner. Le concours est l'occasion de donner une tribune à des sujets peu traités concernant les femmes, tels que le recours abusif à l'épisiotomie. Parmi les huit candidates, Christiane Taubira remet le prix du jury à la comédienne Typhaine D, pour son discours sur les féminicides et son travail sur la langue française, le prix Coup de cœur à Ynaée Benaben, co-fondatrice de l'association En avant toute(s), pour avoir été la plus applaudie pour sa prestation sur les inégalités salariales entre femmes et hommes, puis elle improvise un troisième prix d'encouragement pour Shérazade Bengana, la benjamine en lice. Le concours, enregistré et rediffusé le 1er juillet par France Culture, est animé par la présence des artistes Kee Youn, Yaël Naïm, Chilla et Jul. Le 19 décembre 2018, plus de 70 célébrités se mobilisent à l'appel de l'association Urgence Homophobie. Taubira est l'une d'elles et apparaît dans le clip de la chanson De l'amour. Dans le cadre des élections régionales de 2021 en Île-de-France, elle apporte son soutien à la candidature de l'ancienne journaliste et adjointe à Anne Hidalgo, la maire de Paris, Audrey Pulvar, tête de la liste Île-de-France en commun, investie notamment par le PS, le PRG et PP. Le 17 décembre 2021, elle annonce dans un message vidéo envisager être candidate à l'élection présidentielle française de 2022, à condition de ne pas être « une candidate de plus ». 

Travaux et prises de position

Ses prises de position personnelles entrent peu dans une logique de parti.

Réparations pour l'esclavage

À l'occasion de sa préface du livre Le Procès de l'Amérique, Christiane Taubira estime que « Nulle réparation matérielle n’effacera un crime si grand que l’esclavage ou la colonisation », mais rappelle que le débat sur les réparations doit aussi se poser en France où l’État a eu un rôle central dans l'organisation de la traite négrière : « La réparation n’est pas que matérielle. Elle est politique et éthique. Quel sens cela a-t-il de vivre ensemble et de faire comme si le passé n’avait laissé aucune trace ? C’est un non-sens. Il faut avoir du courage, dépasser des préoccupations immédiates ». Elle rappelle que « Des banques américaines, comme Lehman Brothers ou Morgan Chase, ont dû reconnaître qu’elles avaient possédé des esclaves ou accordé des prêts à des maîtres, dont la garantie était le cheptel d’esclaves. Certaines ont décidé de consacrer 5 millions de dollars - peu de chose par rapport à leur fortune - à des bourses pour des Africains-Américains. Quelle serait la dette de la France à l’égard des descendants d’esclaves ou des ressortissants des empires ? Si c’est insurmontable, on le dira. Mais l’essentiel aura été de s’y pencher. L’État étant profondément impliqué, il doit aussi pouvoir réparer par le biais, par exemple, de politiques publiques bien identifiées. » 

Elle cite en exemple la mise en valeur des langues créoles, le financement d'études sur les traces archéologiques, la toponymie, la pharmacopée de plantes que les esclaves ont développée pour se soigner afin de mettre lumière ce « patrimoine qui montre que cette période ne fut pas seulement une longue et interminable nuit de souffrance et de violence ». Christiane Taubira est critiquée par plusieurs historiens qui dénoncent la loi Taubira comme étant une relecture de l'histoire visant à minimiser les traites dans l'Antiquité ou les traites arabe et intra-africaine. Pour l'historien Guy Pervillé, en excluant implicitement de sa condamnation l’esclavage et les traites africaines et musulmanes, la loi donne à penser soit que « ces traites n’ont jamais existé, soit qu’elles ne sont pas des crimes contre l’humanité, contrairement à la traite européenne », facilitant ainsi « les dérives ou manipulations idéologiques ». 

Divers

Contrairement au PS et au PRG, elle s'oppose ainsi, en 2004, au vote de la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques, considérant que « faire œuvre législative plutôt que mission pédagogique, c’est perdre foi en la République, alors que sont soigneusement évités les terrains où se nouent les tensions les plus lourdes de sens dans l’affrontement éthique ». En 2005, elle prend position pour le « non » lors du référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe, contrairement au PRG, dont elle est, à l'époque, encore vice-présidente. Lors du référendum de 2010 sur le passage de la Guyane à un statut de collectivité d'outre-mer, elle est critique envers le caractère flou du projet, elle se prononce pour une autonomie accrue avant d'appeler à voter blanc. En septembre 2021, elle refuse d’appeler la population de la Guyane à se faire vacciner contre le Covid-19, choisissant de ne pas « prendre parti dans la guerre de tranchées » qui oppose la haute fonction publique, « qui varie dans ses consignes » et les protestataires, « qui ont perdu tout sens de la mesure ». Après les commentaires que déclenchent ses propos, elle dénonce une polémique « obscène ». 

Cible d'attaques sexistes et racistes

Comme d'autres femmes ministres, Christiane Taubira fait face à de nombreuses insultes racistes et sexistes. Elle autorise son parti Walwari à lancer une citation directe à l’encontre d’Anne-Sophie Leclère, une candidate du Front national qui avait relayé en octobre 2013 sur sa page Facebook une caricature raciste la comparant à un singe. En septembre 2016, le tribunal correctionnel de Paris condamne celle-ci à 3 000 euros d’amende avec sursis pour injure publique. En novembre 2013, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme condamne les propos, qu'il considère comme des attaques racistes, dont elle fait l'objet depuis plusieurs semaines, notamment sur la couverture de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, où figure sa photo accompagnée de la légende : « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ». L'hebdomadaire repousse l'accusation de racisme, arguant qu'il n'a fait qu'utiliser deux expressions françaises, « dont la seconde — la partie sur la banane — est familièrement utilisée pour décrire une personne en bonne forme ». À l’issue du procès en appel, qui se tient en juin 2015, une condamnation du directeur de Minute à 10 000 euros d’amende est prononcée, comme en première instance. 

Affaires judiciaires

Condamnation pour licenciement injustifié

En 2004, Sylvia Edom (son ancienne attachée parlementaire de 2002 à 2003) obtient aux prud'hommes la condamnation de Christiane Taubira pour licenciement injustifié et rupture de contrat à durée déterminée. Recrutée pour s'occuper des relations publiques et de la gestion des événements de fin d'année, elle voit son contrat reconduit de six mois avant d'être licenciée pour faute grave. La députée lui reproche alors une « absence de planning de travail » et des « insuffisances professionnelles caractérisées ». Ce que conteste l'employée, soutenant avoir « été en butte aux exigences incessantes et à l'attitude humiliante de Mme Taubira, cela confinant à un harcèlement moral ». Les prud'hommes ont condamné Christiane Taubira à verser 5 300 euros. Sylvia Edom a obtenu la requalification de ses deux CDD en CDI. 

Non-lieu pour prise illégale d'intérêt

En décembre 2012, Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy lors de sa présidence et directeur de la société de sondages Publifact, porte plainte pour prise illégale d'intérêt contre Christiane Taubira. Patrick Buisson reproche à Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, sa position de membre du comité de parrainage de l'association Anticor qui s'est constituée partie civile dans l'affaire des sondages de l'Élysée qui a valu à l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy une mise en examen. La plainte de Patrick Buisson est jugée recevable par la cour d'appel de Paris. En novembre 2015, France 3 dévoile des échanges d'e-mails au sein de l'association Anticor faisant état de l'inquiétude de membres de l'association quant à l'évolution de la procédure visant Christiane Taubira. 

Certains membres se posent des questions sur la présence de Christiane Taubira au sein du comité de parrainage de l'association. En outre, France 3 fait état d'échanges de mails entre l'association Anticor et le cabinet de Christiane Taubira destinés à gérer de manière coordonnée la crise ouverte par la plainte de Patrick Buisson. Anticor réplique en affirmant que Christiane Taubira, en tant que simple membre du comité de parrainage, n'a à aucun moment influencé les décisions de l'association. Le 20 juillet 2016, le Figaro annonce la convocation prochaine de Christiane Taubira devant un juge d'instruction. Christiane Taubira est entendue le mardi 5 octobre par la juge d'instruction, Mme Sabine Kheris, sous le statut de témoin assisté. Le 11 avril 2017, les magistrats instructeurs ont rendu une ordonnance de non-lieu, conformément aux réquisitions du parquet. 

Distinctions

  • 30 janvier 2016 : Université du Wisconsin à Milwaukee : Doctor of Laws and Human Rights
  • 26 avril 2018 : Université libre de Bruxelles : Docteure honoris causa
  • 9 octobre 2020 : Université de Genève : Docteure honoris causa

Fonctions

Mandat local

  • 26 mars 2010 - 13 décembre 2015 : conseillère régionale de la Guyane

Mandats parlementaires

  • 2 avril 1993 - 21 avril 1997 : députée de la 1re circonscription de la Guyane
  • 19 juillet 1994 - 19 juillet 1999 : députée européenne
  • 12 juin 1997 - 18 juin 2002 : députée de la 1re circonscription de la Guyane
  • 19 juin 2002 - 19 juin 2007 : députée de la 1re circonscription de la Guyane
  • 20 juin 2007 - 19 juin 2012 : députée de la 1re circonscription de la Guyane

Fonction ministérielle

  • 16 mai 2012 - 27 janvier 2016 : garde des Sceaux, ministre de la Justice
Taubira Christiane

Publications

Livres

  • L'Esclavage raconté à ma fille, Paris, Bibliophane, coll. « Les mots à cœur », 2002 (réimpr. 2006 et 2015), 165 p. (ISBN 2-86970-064-4 et 2-86970-122-5)
  • Codes noirs : de l'esclavage aux abolitions, Paris, Dalloz, coll. « A savoir », 2006, 150 p. (ISBN 2-247-06857-X) (introduction)
  • Rendez-vous avec la République, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2006, 195 p. (ISBN 978-2-7071-5091-2)
  • Égalité pour les exclus : le politique face à l’histoire et à la mémoire coloniales, Paris, Temps Présent, 2009, 93 p. (ISBN 978-2-916842-01-1)
  • Mes météores : combats politiques au long cours, Paris, Flammarion, 2012, 551 p. (ISBN 978-2-08-127895-0)
  • Paroles de liberté, Paris, Flammarion, coll. « Café Voltaire », 2014, 138 p. (ISBN 978-2-08-133688-9)
  • Murmures à la jeunesse, Paris, éditions Philippe Rey, 2016, 96 p. (ISBN 978-2-84876-529-7)
  • Nous habitons la Terre, Paris, éditions Philippe Rey, 2017, 128 p. (ISBN 978-2-84876-611-9)
  • Baroque Sarabande, Paris, éditions Philippe Rey, 2018, 173 p. (ISBN 978-2-84876-695-9)
  • Nuit d'épine, Paris, éditions Plon, 2019, 288 p. (ISBN 978-2-259-27865-2)
  • Gran Balan, Paris, éditions Plon, 2020, 480 p. (ISBN 978-2-259-30502-0)
  • Ces morceaux de vie... comme carreaux cassés, Robert Laffont, 2021, 256 p. (ISBN 978-2-221-25950-4)

Préfaces

  • Préface du livre de Ta-Nehisi Coates (trad. de l'anglais par Karine Lalechère), Le Procès de l'Amérique. Plaidoyer pour une réparation, Paris, Autrement, 2017, 96 p. (ISBN 978-2-7467-4464-6)
  • Préface du livre de Céline Delavaux, La Voix des femmes. Ces grands discours qui ont marqué l'histoire, Paris, La Martinière, 2019, 192 p.
  • Préface de Combattantes, une histoire de la violence féminine en Occident, Paris, Seuil, 2020, 264 p.
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