Tensions Iran-USA: Soleimani menaçait «quatre ambassades», affirme Trump en restant vague
GEOPOLITIQUE Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, lui, a concédé que les Etats-Unis ne savaient pas exactement où et quand les «attaques imminentes» auraient lieu
Le président américain Donald Trump, le vice-président Mike Pence et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, le 3 janvier 2019. — Stefani Reynolds - CNP/Newscom/SIPA
Des intérêts américains étaient-ils vraiment menacés par des « attaques imminentes » préparées par Qassem Soleimani ? Depuis la frappe qui a éliminé le puissant général iranien, la semaine dernière, les explications de Washington changent avec le temps. Vendredi, Donald Trump a évoqué des attaques en préparation contre quatre ambassades, dont celle de Bagdad. Des affirmations dont doutent certaines démocrates qui ont assisté à un briefing classifié jeudi.
TRUMP: I believe Soleimani would have attacked Four Embassies. pic.twitter.com/6xhTGZYRZv
— Benny (@bennyjohnson) 10 janvier 2020
« On peut révéler que ça allait probablement être l’ambassade à Bagdad », a commencé le président américain face à l’animatrice de Fox News Laura Ingraham. Y avait-il d’autres cibles ? « Je crois que ça aurait pu être quatre ambassades », répond Donald Trump, sans apporter plus de précision.
« On ne savait pas exactement quand et où »
Quelques heures plus tôt, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait également évoqué des attaques en préparation contre des ambassades ou des bases militaires, précisant toutefois : « On ne savait pas exactement quand, et on ne savait pas précisément où. » Interrogé sur sa définition d’une « menace imminente », Pompeo a répondu : « Ça allait se produire, et des vies américaines étaient menacées. » Cette semaine, le chef du Pentagone, Mark Esper, avait d’abord parlé d’une question « de semaines » avant de ramener l’urgence à « une question de jours ».
"There were a series of imminent attacks that were being plotted by Qasem Soleimani," Secretary of State Mike Pompeo says. "We don't know precisely when, and we don't know precisely where."
— David Gura (@davidgura) 10 janvier 2020
That last part seems significant.
pic.twitter.com/DSEzMST0vj
Les explications changeantes de la Maison Blanche – qui n’avait d’abord pas parlé d’ambassade, puis d’une et maintenant de quatre – ont été dénoncées par le candidat démocrate Bernie Sanders, qui a participé à un briefing du renseignement américain jeudi. « Aucun mot n’a été mentionné sur (les ambassades) », assure Sanders. « Le problème, c’est qu’on a un président qui est un menteur pathologique. Est-ce que ça pourrait être vrai ? C’est possible. Est-ce probablement vrai ? Sans doute pas. »
La frappe américaine a fait monter les tensions dans la région en flèche, et a été suivie d'une riposte de Téhéran contre deux bases irakiennes utilisées par l’armée américaine dans la nuit de mardi à mercredi. Et certains, comme le candidat démocrate Pete Buttigieg, estiment que l’avion ukrainien, qui aurait, selon le Canada, été abattu par erreur par un missile iranien quelques heures plus tard, est une victime collatérale de cet affrontement : « Des civils innocents sont morts car ils se sont trouvés au milieu d’un prêté pour un rendu militaire qui n’était pas nécessaire », a écrit le jeune démocrate.
Innocent civilians are now dead because they were caught in the middle of an unnecessary and unwanted military tit for tat.
— Pete Buttigieg (@PeteButtigieg) 9 janvier 2020
My thoughts are with the families and loved ones of all 176 souls lost aboard this flight. https://t.co/zWaVgWxfdL
Trump sous la pression de sénateurs républicains ?
Plusieurs démocrates ont accusé le président américain d’avoir ordonné la frappe contre Soleimani pour faire office de distraction en plein impeachment. Selon le Wall Street Journal, la procédure de destitution a bien joué un rôle, mais sur un autre aspect : « Mr Trump a dit à des proches qu’il était sous la pression de sénateurs républicains qu’il considère comme des soutiens importants pour son futur procès au Sénat. »
Selon CNN, neutraliser Soleimani était un but de longue date pour le secrétaire d’Etat (et ancien sénateur) Mike Pompeo, un faucon partisan d’une ligne dure avec l’Iran. Jeudi, Pompeo avait détaillé le processus : « On a présenté tous les éléments et différentes options au président, et il a pris la décision. »