[PHOTOS] Oradour-sur-Glane : pour mémoire, le massacre du 10 juin 1944 qui a fait 642 morts
Après la découverte de tags négationnistes sur l'entrée du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane, voici en quelques mots et images d'archives ou récentes, ce qui s'est passé le 10 juin 1944 entre 13h et 17h dans ce village du Limousin.
En 1936, Oradour-sur-Glane, situé à une vingtaine de kilomètres de Limoges, compte environ 1500 habitants, dont 300 dans le centre du bourg. Après 1936 la population augmente car elle accueille des réfugiés espagnols ou des citadins qui fuit la guerre. Dans la région, les résistants ont pris le maquis. A la fin du mois de mai 1944, les autorités françaises tout comme l'armée allemande notent une recrudescence des actes de résistance. Plusieurs accrochages ont lieu début juin qui donnent lieu à la capture de deux officiers allemands par les maquisards.
L'arrivée de la 3e compagnie du régiment blindé Der Führer de la division Waffen SS "Das Reich"
Le samedi 10 juin 1944, trois sections de la 3e compagnie du régiment blindé Der Führer de la division Waffen SS "Das Reich", spécialisées dans les exécutions de masse, se rendent sur place. Ces soldats sont là pour accomplir une action "exemplaire", sous le contrôle de l'état-major allemand qui s'est installé à Limoges, et a déployé des milliers d'hommes dans la région. Ce jour-là les Waffen SS doivent rallier Saint-Junien à Nieul, en passant par Oradour.
13h : La 3e compagnie, soit environ 200 hommes, se met donc en route.
14h : En arrivant sur Oradour, les soldats, qui abordent le village en divers point d'entrée, encerclent le centre du village, et dirigent les habitants vers le champ de foire.
Cent quatre-vingt hommes et jeunes de plus de quatorze ans sont répartis dans six lieux qui seront en fait des lieux d'exécution. Le rescapé Marcel Darthout a raconté que "les hommes devaient vider chacun de ces locaux de tous les objets qu'ils contenaient, un SS balayait soigneusement un large espace devant la porte, puis y installait une mitrailleuse et la mettait en batterie face au local" et "malgré cette situation inquiétante", dira Darthout, "chacun reprenait confiance, car il n'existait aucun dépôt d'armes dans le village. La fouille terminée, le malentendu serait dissipé et tout le monde serait relâché". Contrairement à cela, les soldats allemands se sont mis à mitrailler, tuant tous les hommes rassemblés. Les soldats ont ensuite recouverts les cadavres de foin pour y mettre le feu. Ce scénario s'est répété dans chacun des lieux où les villageois avaient été parqués.
15h : Pendant ce temps trois cent cinquante femmes et enfants sont enfermés dans l'église. Ils ont été fusillés dans l'église, après quoi, les soldats ont mis le feu sur les cadavres. Une seule femme survivra. Les soldats ont ensuite tenté de faire exploser l'église, mais la charge n'était pas suffisante.
17h : Le village est dévasté, ses habitants exterminés. Les montres récupérées parmi les cadavres indiquent une heure entre 16 et 17h, moment où elles ont cessé de fonctionner.
"Le bourg ressemble à un brasier"
En fin d'après-midi les soldats ont quitté les lieux, laissant sur place leurs équipes de garde. De loin, "le bourg ressemble à un brasier" selon un témoin de l'époque, dont il est fait mention dans le livre de Jean-Jacques Fouché, Oradour, (Liana Levi). Seuls une trentaine de rescapés survivront au massacre.
Le lendemain, le 11 juin, une section vient dans le village pour procéder à l’élimination des corps par le feu ou bien en les enterrant en fosse commune. Il y a eu 642 morts.
Il a fallu un patient travail pour identifier les corps des victimes du massacre d'Oradour, et ce ne fut pas possible pour beaucoup d'entre elles Getty / Keystone
Après la guerre, vingt soldats allemands ont été condamnés pour avoir participé à ce massacre. Les miliciens qui ont été impliqués, ont finalement été amnistiés.
Au cimetière le 1er janvier 1945 une famille se recueillent. "À nos parents, brulés par les Boches" lit-on sur la plaque de marbre Getty / Keystone France
Un village fantôme
Le village a été laissé en l'état, rapidement classé Monument historique. Il est conservé et désormais lieu de mémoire, alors qu'un nouveau bourg a été construit à quelque centaines de mètres.
Parmi les villages français ayant subi les exactions de l'armée allemande, Oradour-sur-Glane reste celui où l'horreur fut la plus terrifiante.
C'est désormais un village fantôme, dont l'histoire est documentée par le centre de la mémoire qui accompagne les 300 000 visiteurs annuels dans une exposition permanente, et la visite du village qui tombe en ruine inexorablement.