Biographie d'un répudié
publié le 01/04/2003 par Daniel Bermond
Avec son teint blafard, ses manières de chétif gourmé, Robespierre n'inspire pas la sympathie. On lui préfère Danton et même Saint-Just. Leur éloquence a plus de chair que la sienne, toujours
marquée du sceau de l'antique.
Répudié par la postérité qui associa son nom aux crimes de la Révolution pour avoir inscrit la terreur et la vertu à l'ordre du jour de la patrie en danger, il reste une énigme.
Pour être ancienne (1935), cette biographie a quelque chose de fascinant comme le fut, dans sa raideur de pontife de la République, maniaque et exalté, le petit avocat d'Arras. Friedrich Sieburg
arrange l'histoire avec une liberté de plume étonnante, dans le style halluciné de l'imprécateur qui interpelle son personnage et prend ses lecteurs à témoin.
Il faut dire que la traduction de Pierre Klossowski fait merveille. Est-ce de l'histoire au sens strict? On y croit, c'est ce qui compte. Quant à savoir si l'adhésion de Sieburg au nazisme doit
résonner comme une mise en garde, mieux vaut rappeler avec Michel Vovelle dans sa préface que l'auteur du fameux Dieu est-il français? (1929) fut, quoi qu'il arrivât, "un ami de la France, dans
les bons et les mauvais jours".