Goy jean

Publié le par Mémoires de Guerre

Jean Goy, né le 16 octobre 1892 à Chastreix (Puy-de-Dôme) et mort le 27 février 1944 à Paris, est un homme politique français. De 1935 à 1940, il préside l'Union nationale des combattants. Durant la Seconde Guerre mondiale, il participe activement à la collaboration au sein du Rassemblement national populaire, parti qu'il a co-fondé avec Marcel Déat

Goy jean

Jeunesse

Fils d'un couple d'instituteurs, publiciste en 1914, il est mobilisé au 4e régiment de zouaves durant la guerre de 1914-18. Il est gazé en 1917, reçoit la croix de guerre avec 4 citations et termine la guerre comme sous-lieutenant. Il mène après la guerre une triple carrière d'industriel dans la région parisienne, de leader du monde combattant et d'homme politique.

Carrière politique

Il est directeur général de la société de fonderie et de mécanique générale, et administrateur d'autres sociétés à partir de 1923. Il est en décembre 1919 le secrétaire, puis le secrétaire général, du groupement des officiers mutilés, une association présidée par le lieutenant-colonel Jean Fabry, député, et qui s'affilie à l'UNC. Il intègre en 1921 le conseil d'administration de l'Union nationale des combattants (UNC), la principale association d'anciens combattants de droite dans l'entre-deux-guerres, et intervient lors de nombreux congrès et meetings. Il est délégué général en 1922-23 de la Chambre syndicale de la presse des anciens combattants, comme représentant de l'Echo des blessés, l'organe du groupement des officiers mutilés. Membre du comité directeur du groupe parisien de l'UNC, il est élu membre du bureau national en mai 1934 et juin 1935, et accède à la présidence de l'association en décembre 1935. Selon l'historien Antoine Prost, il n'était pas désintéressé et traîne, comme un autre président de l'UNC, Henry Rossignol, une réputation douteuse.

C'est un partisan de l'« action civique » (en l'occurrence, politique) des anciens combattants, préconisée par l'UNC lors de son congrès de Vichy en 1923. Il anime en 1923-24, comme secrétaire général, le comité de la Seine de la Ligue d'action civique des anciens combattants et victimes de guerre, liée à l'UNC et fondée fin 1923. Cela lui permet de figurer à ce titre sur une liste de candidats aux élections législatives de 1924, dans le 4e secteur de la Seine (en l'occurrence en banlieue). Comprenant des modérés et faisant face à deux listes de gauche et à une liste d'extrême droite (Action française), elle est menée par Charles Bertrand, président de l'UNC, et Maurice Bokanowski, députés sortants. Il est élu député, siège parmi les non-inscrits, et se veut le défenseur des anciens combattants à la Chambre. 

De 1925 à 1927, il anime un Front républicain, un groupement politique qui s'adresse aux anciens combattants, initié par certains dirigeants de l'UNC (Goy, Jules Aubertin) et d'autres personnalités du monde combattant comme l'avocat parisien Edmond Bloch, secrétaire général de l'Association générale des mutilés de la Grande Guerre (AGMG). Son programme politique est vague; il est hostile aux partis politiques, à l'impuissance de la Chambre des députés, et a comme slogan: « Ni bolchevisme, ni fascisme ». Le Front a connu un début en fanfare, marqué par un meeting salle Wagram le 29 novembre 1925, le lancement d'un hebdomadaire en décembre, tiré à 50 000 exemplaires les 6 premiers mois et l'adhésion de leaders de l'Union Fédérale des Associations Françaises d'Anciens Combattants, l'autre grande association d'anciens combattants (Henri Pichot, Gaston Rogé). 

Ce front organise un meeting à Paris contre les accords de Washington, à propos des dettes interalliées, en juin 1926, avec Goy, Pichot et Bloch. Mais la masse des anciens combattants ne l'a pas rejoint et des fondateurs comme Bloch l'ont quitté dès l'été 1926. Ce front végète ensuite jusqu'en 1928. Ce groupement a été financé de 1925 à 1926 par des industriels anciens combattants, notamment Ernest Mercier, membre de l'UNC de Paris, qui ont versé 100 000 francs par mois, puis 50 000 francs en avril 1926. La source s'est tarie selon Goy quand Mercier a décidé de lancer le Redressement français. Il est toutefois réélu député, en 1928 et en 1932, cette fois au scrutin uninominal. Il siège dans des groupes parlementaires centristes, opposés au socialisme et au communisme. Il est aussi maire du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), de 1929 à 1944.

Il participe à la manifestation du 6 février 1934 à Paris, à la tête du défilé de l'UNC; il est blessé pendant l'émeute. Lors du congrès annuel de l'UNC, il présente un vœu sur la réforme électorale et la réforme de l'État, renforçant le pouvoir exécutif; il est alors toujours hostile aux partis politiques et il s'en prend à la franc-maçonnerie. Il appuie et anime l'Action combattante, le mouvement civique sinon politique dont se dote l'UNC en 1934-35. Le 2 novembre 1934, il gagne Berlin avec un autre ancien combattant pour y rencontrer Hitler. À son retour, il publie un article dans lequel il rapporte les paroles du chancelier allemand, selon lequel « aucun Allemand ne désire la guerre ». Démarche assez mal accueillie par la majorité de la presse, dubitative. Son collègue Henry Franklin-Bouillon le critique vivement, dans les couloirs puis à la tribune de la Chambre des députés. Goy s'explique et se défend en répondant aux questions de Bertrand de Jouvenel et en adressant un courrier aux journaux parisiens.

Il est désavoué par le président de l'UNC Georges Lebecq, mais il réussit à obtenir le soutien des membres de l'association, et devient le nouveau président, en décembre 1935. Il est alors depuis novembre l'un des fondateurs du Comité France-Allemagne; il en est l'un des deux secrétaires généraux avec Henri Pichot, président de l'Union fédérale, l'autre grande fédération d'anciens combattants, plus à gauche que l'UNC. Battu aux élections législatives de 1936, il appelle à partir de juillet 1936 à la formation d'un « rassemblement français » de toutes les forces anticommunistes. L'UNC qu'il préside va essayer de le faire vivre en 1936-37, en vain, malgré un accord, éphémère, en octobre 1936, entre l'UNC et le Parti social français. Les maigres troupes de l'Union patriotique des Français israélites d'Edmond Bloch y adhèrent en janvier 1937. Goy préside après cette adhésion un meeting commun contre le matérialisme communiste des Sans-Dieu.

Il se présente en mai 1937 comme candidat à Falaise (Calvados), à l'occasion d'une élection législative partielle, et retrouve la Chambre des députés. En juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. En 1941, Jean Goy participe à la fondation du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, un parti collaborationniste, et intègre son comité directeur; il est chargé de l'organisation territoriale. S'y ajoute en octobre 1941 la fonction de trésorier. Le 18 novembre de cette même année, en souvenir de son article de 1934, Le Matin donne la parole à Goy au sujet de la collaboration. Il est poussé à quitter le RNP en 1942 par Georges Albertini, no 2 et véritable animateur du parti.

Il a été destitué de sa fonction de président de l'UNC, notamment par Georges Lebecq, puis rétabli dans ses prérogatives. Selon Xavier Vallat, Goy s'est vivement opposé à la création de la Légion française des combattants. Il est délégué général des groupements d'anciens combattants de la zone occupée. En 1941, il appelle les anciens combattants à accepter la collaboration franco-allemande. L'année suivante, il tient une réunion pour préconiser l'union des anciens combattants des deux guerres derrière le maréchal Pétain et le gouvernement de Pierre Laval. Le régime de Vichy le désigne en juillet 1942 conseiller départemental de Nogent-sur-Marne. Les autorités parisiennes et des représentants des autorités occupantes, dont Otto Abetz, lui rendent hommage lors de ses obsèques en 1944. 

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