Mémoires de deux amoureux de la France
publié le 01/09/1999 par Guy Rossi-Landi
Faut-il rapprocher les deux livres? Sans doute, dans la mesure où leurs auteurs sont deux journalistes étrangers, talentueux, qui se sont pris d'une même passion pour notre pays. Klaus
Harpprecht, journaliste allemand, auteur d'une vingtaine d'ouvrages historiques, conseiller de Willy Brandt, s'est
retiré depuis une quinzaine d'années près de Saint-Tropez; le grand reporter américain, Stanley Karnow, a été honoré du prix Pulitzer, la plus grande distinction littéraire aux Etats-Unis. Tous
deux sont à l'âge des Mémoires.
Mais ils ne parlent pas de la même France. C'est en sociologue que le premier décrit, avec une certaine tendresse, nos
spécificités et nos contradictions actuelles (selon lui, plus les Français votent à gauche, plus ils sont conservateurs). A la question posée, avant la guerre, par son compatriote Friedrich Sieburg, on sent qu'il n'a pas de réponse catégorique: il serait bien possible en définitive que les
différences s'estompent et que Dieu soit aujourd'hui européen.
C'est au contraire la France de la IVe République, plus précisément le Paris de l'après-guerre, qu'a connue et aimée Stanley Karnow, qui fut, de 1947 à 1958, le correspondant de Time et, pendant
quelques années, le mari de Claude Sarraute. Ce n'est pas en intellectuel, mais avec ses tripes - et un talent digne d'Hemingway, son modèle - qu'il évoque ses promenades dans le Beaujolais ou
dans l'Algérie révoltée, ses rencontres avec Christian Dior ou Curnonski. On s'y croirait et on referme ce très beau livre avec une nostalgie poignante.