Dominique de Villepin, né le 14 novembre 1953 à Rabat (Maroc), est un homme politique, diplomate, écrivain et avocat français. Considéré comme un visionnaire par les uns pour son refus d'engager en 2003 la France dans la guerre d'Irak, critiqué par ses détracteurs pour le mouvement contre le contrat première embauche (CPE) et l'affaire Clearstream, Dominique de Villepin est un diplomate de formation et un proche collaborateur de Jacques Chirac. Il est successivement ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004, puis de l'Intérieur de 2004 à 2005 dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, avant d'être nommé Premier ministre par le président le 31 mai 2005. Durant son mandat en tant que Premier ministre, la France connaît une forte croissance, le chômage baisse continuellement, l'endettement public est contenu, la charge de la dette publique est réduite. Il quitte la tête du gouvernement le 17 mai 2007 lors du début de la présidence de Nicolas Sarkozy.
Depuis, en retrait de la vie politique française, sa position sur la « guerre contre le terrorisme » a été remarquée à la suite des attentats du 13 novembre 2015 en France. Il défend l'idée que la politique étrangère américaine agressive ne saurait être un modèle pour la France. Selon Dominique de Villepin, les opérations militaires menées par l'OTAN au Moyen-Orient et au sud de la Méditerranée alimentent un processus de haine et de destruction qui conduisent à davantage de chaos et de guerres. Il est selon lui nécessaire d'adopter une stratégie politique capable de penser des opérations très au-delà des bombes et de l’action militaire stricto sensu. Après Georges Pompidou et Raymond Barre, Il est la troisième personnalité sous la Ve République à devenir chef de gouvernement sans jamais avoir brigué un mandat électif au suffrage universel avant son entrée en fonction, et le seul à ne s'être jamais présenté à une élection au suffrage universel par la suite.
Dominique Galouzeau de Villepin est fils d'un industriel devenu sénateur des français de l'étranger, Xavier Galouzeau de Villepin et d'Yvonne Hétier, première conseillère de tribunal administratif. La famille Galouzeau de Villepin appartient à la haute bourgeoisie. Depuis le XIXe siècle les Galouzeau de Villepin recensent dix-huit décorés de la Légion d'honneur, dont cinq à titre militaire. Les aïeux de Dominique de Villepin étaient officiers militaires, sénateur, diplomate, chef d'entreprises, diplômés des grandes écoles françaises (notamment Saint-Cyr, Polytechnique, HEC et ENA). Dominique de Villepin passe la majeure partie de son enfance à l’étranger : en Afrique, aux États-Unis (où il étudia au lycée français de New York), en Amérique latine et spécialement au Venezuela. En mai 68, au lycée de Caracas, il est le seul étudiant à se mobiliser dans son établissement. Rentré en France, il poursuit ses études à Toulouse, d'abord au lycée privé jésuite Le Caousou, où il obtient son bac à l'âge de 16 ans, puis à l'université Paris X-Nanterre.
Il obtient une licence de droit à l'université Paris II Assas, puis il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1975 (section Service Public). Gaulliste, sensible aux idées progressistes de la « Nouvelle Société » proposée par le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas et ses conseillers Simon Nora et Jacques Delors, il adhère en 1977 au Rassemblement pour la République (RPR). En janvier 1978, il intègre l'École nationale d'administration, d'où il sortira dans la promotion Voltaire (1980), aux côtés d'Henri de Castries, Renaud Donnedieu de Vabres, Jean-Pierre Jouyet, François Hollande et Ségolène Royal. Il se classe 25e de la promotion. À sa sortie de l'ENA, il effectue son service militaire dans la Marine comme officier sur le porte-avions Clemenceau, avant d'occuper son premier poste au ministère des Affaires étrangères (MAE).
En 1980, il intègre la Direction des affaires africaines et malgache administrée par Guy Georgy. Il est secrétaire chargé de la corne de l'Afrique. En parallèle, à partir de 1981 il est membre du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie du MAE. En 1984, nommé à Washington D.C. premier secrétaire à l'ambassade de France, il se voit confier le service de presse et d'information de l'ambassade. En 1989, il est détaché à New Delhi où il sert comme conseiller à l'ambassade de France. Rentré à Paris en 1992, il est promu directeur-adjoint aux Affaires africaines et malgaches à Paris.
Il épouse le 3 août 1985 la sculptrice Marie-Laure Le Guay. Ils ont trois enfants : Marie, née en 1986, mannequin et actrice ; Arthur, né en 1988, président de société ; Victoire, née en 199016. Grand admirateur d'Arthur Rimbaud, il a nommé son deuxième enfant Arthur. Ils divorcent en 2011. En 1993, le RPR sort vainqueur des législatives. Édouard Balladur est nommé Premier ministre. Alain Juppé devenu ministre des Affaires étrangères, choisit Dominique de Villepin comme directeur de cabinet.
Dominique de Villepin est un collaborateur de Jacques Chirac depuis 19818. Élu président de la République, Chirac le nomme en mai 1995 secrétaire général de la présidence de la République. Avec l'avocat Francis Szpiner, il aurait animé au palais de l'Élysée une cellule juridique (surnommée « le cabinet noir » en référence au Cabinet noir du temps de la monarchie), chargée de suivre les affaires politico-financières en cours liées au RPR. En 1997, afin de mettre fin aux luttes intestines de la droite, il aurait été l'un des principaux instigateurs de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président.
Les élections législatives aboutissent à une défaite du RPR et à une phase de cohabitation : le RPR tient l'Élysée, les socialistes gouvernent à Matignon. Les militants du RPR lui en tiennent rigueur, ainsi que Bernadette Chirac qui aura toujours exprimée de la rancœur envers lui, le surnommant « Néron », l'empereur incendiaire. L'usure du gouvernement socialiste de Lionel Jospin de 1997 à 2002 facilite cependant la réélection de Jacques Chirac lors de la présidentielle de 2002.
En 2002, Jacques Chirac, réélu, le nomme ministre des Affaires étrangères. Il s'oppose avec le président français à la guerre d'Irak voulue par les États-Unis. Le 14 février 2003, il prononce au Conseil de sécurité des Nations unies un discours : « L'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Iraq, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l'intrusion de la force. (…) » « Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie »
Ce discours aux accents gaulliens qui défie l'hégémonisme américain, lui vaut d'être applaudi, chose rare en cette enceinte. Dominique de Villepin considère la guerre contre le terrorisme du président américain George W. Bush maladroite et contre-productive. Selon Dominique de Villepin l'appel à la guerre contre le terrorisme est risqué, parce qu'il donne aux différents groupes terroristes une légitimité et une audience auxquelles ils aspirent. Il valorise le combat qu'ils conduisent, avec les armes de l'aveuglement et du fanatisme. Il leur accorde le statut d'opprimé dont ils ont besoin pour répandre le plus largement possible leurs thèses extrémistes. Le problème du terrorisme doit donc être résolu avec intelligence et non avec brutalité. Au même moment, Chirac met en place Alliance Base à Paris, qui rassemble la DGSE, la CIA et d'autres agences de renseignement dans des opérations de contre-terrorisme.
Dominique de Villepin, proche des sœurs Betancourt depuis sa période étudiante, organise début juillet 2003 une opération secrète de libération d'Íngrid Betancourt. L'opération n'atteint pas son objectif, la France présente ses excuses. Fin 2002, la Côte d'Ivoire, un des principaux partenaires de la France en Afrique subsaharienne entre en guerre civile. Afin de trouver une « solution pacifique », Dominique de Villepin force les deux factions en Côte d'Ivoire, celle du président légalement élu Laurent Gbagbo, et celle des putschistes, à discuter en janvier 2003 en France à Linas-Marcoussis. Ce processus de réconciliation aboutit aux accords Kléber.
En 2016, la juge d’instruction française Sabine Kheris demande le renvoi devant la Cour de justice de la République de Dominique de Villepin, Michel Barnier et Michèle Alliot-Marie. Ces anciens ministres sont suspectés d'avoir permis l'exfiltration des mercenaires responsables de l'attaque contre le camp de Bouaké en 2004, faisant neuf morts parmi les soldats français. L'opération aurait visé à justifier une opération de riposte contre le gouvernement de Laurent Gbagbo dans le cadre de la crise en Côte d’Ivoire de 2004. Le 22 mars 2019, la commission des requêtes de la Cour de justice de la République rend son avis indiquant l’abandon des poursuites, rien ne montrant, après enquête, l’implication des anciens ministres.
Lorsque Nicolas Sarkozy quitte le ministère de l'Intérieur en 2004 pour le ministère de l'Économie et des Finances, Jacques Chirac nomme Dominique de Villepin au ministère de l'Intérieur. Il occupe ces fonctions du 31 mars 2004 au 31 mai 2005. Pour Dominique de Villepin, afin de maintenir l'ordre et la paix sociale, des défis républicains sont à relever. Outre la délinquance, le contrôle de l'immigration, l'organisation de l'islam de France, six « nouveaux chantiers prioritaires » doivent être considérés :
Dominique de Villepin occupe l'hôtel de Beauvau un peu plus d'un an, jusqu'au référendum portant sur la Constitution européenne.
Le 18 avril 2005, quelques semaines avant le référendum portant sur le projet de la Constitution européenne, Dominique de Villepin, lors d'un entretien accordé à la radio Europe 1, affirme que « quel que soit le résultat de ce référendum, que les Français votent oui ou qu'ils votent non, il faudra une politique encore plus volontaire, encore plus audacieuse, encore plus solidaire », n'hésitant pas à ajouter que ceci lui « paraît d'une véritable évidence ». À la suite du rejet par les électeurs du référendum sur la constitution européenne, Dominique de Villepin est nommé Premier ministre en remplacement de Jean-Pierre Raffarin le 31 mai 2005.
Dans son discours de politique générale, qu'il prononce le 8 juin devant les députés de l'Assemblée nationale, il affirme son intention de « remettre la France en marche »30. Il se donne « cent jours » pour redonner confiance aux Français et présente pour cela un plan de relance d'urgence pour la période 2005-2007, estimé à 4,5 milliards d'euros. Les mesures sont adoptées par ordonnance :
Selon Dominique de Villepin, l'urgence absolue est le chômage, notamment celui des jeunes. Les entreprises doivent être incitées à recruter grâce à une plus grande flexibilité du marché du travail. Il est ainsi adopté le contrat nouvelles embauches (CNE), qui permet à l'employeur de licencier sans motif son salarié dans les deux ans après l'embauche. Le CNE n'a pas suscité de mouvement d'opposition massif, Dominique de Villepin décide de lancer un contrat presque équivalent pour les jeunes, le contrat première embauche (CPE). Présenté par les syndicalistes comme étant une menace contre le Code du travail et le CDI, ce projet rencontre l'opposition franche de la gauche, et suscite d'importantes manifestations et grèves d'étudiants. L'opposition lance alors une bataille d'amendements. À la suite de l'adoption de l'article de loi concernant la mise en place du CPE, le Premier ministre décide d'utiliser l'article 49 alinéa 3 de la Constitution sur le vote des derniers articles du projet de loi permettant une adoption rapide du texte.
Après des semaines de manifestations et de blocages d'universités par les syndicats, Jacques Chirac est forcé d'intervenir et de réclamer la non-application du texte de loi. Le 10 avril, après de multiples tentatives pour calmer la protestation, dont la non-promulgation par le président Chirac de la loi, pourtant validée par le Conseil constitutionnel, Dominique de Villepin annonce le remplacement rapide du CPE par une autre mesure, ce qui revient à son abrogation. Durant son mandat en tant que Premier ministre, le chômage connaît une baisse continue, passant de 9,2 % en 2004 à 8 % en 2007. Malgré ses nombreux défauts, le CNE aurait permis la création, entre 2005 et 2007, de 900 000 emplois. Suite notamment à des failles juridiques (le CNE est jugé non conforme à la convention 158 de l'Organisation Internationale du Travail), il est abrogé en 2008.
Mettant en œuvre la « nouvelle politique industrielle » préconisée par Jean-Louis Beffa et voulue par le président Jacques Chirac, Dominique de Villepin est chargé de trouver les financements pour les programmes publics de développement et recherche :
Ce programme public de R&D doit alors contribuer à l'innovation, à inverser le processus de délocalisation et à permettre la conquête de nouveaux marchés extérieurs. La croissance de la France est alors en hausse, 2,4 % en 2006 et 2007 contre 1,6 % en 2005.
Dominique de Villepin poursuit la politique de privatisation menée par les gouvernements précédents. Il cède ainsi :
L'État affecte symboliquement les recettes des privatisations au désendettement de l'État et de ses établissements publics. L'intérêt est alors double :
Présenté par les commentateurs comme son rival, tant par le caractère que par le positionnement politique, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy devient toutefois son ministre de l'Intérieur. Lorsque Dominique de Villepin préside le Conseil des ministres le 7 septembre 2005 en remplacement de Jacques Chirac, admis au Val-de-Grâce à cause d'un accident vasculaire cérébral, la rivalité entre les deux membres du gouvernement s'accentue. Il remplace toujours Jacques Chirac lors de la 60e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. C'est à ce moment que les commentateurs forgent le néologisme « villepinisme » pour désigner le discours, la pratique politique et l'influence au sein de l'UMP du nouveau Premier ministre.
En octobre, la politique sécuritaire engagée par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy débouche sur les incidents en banlieue. 5 000 voitures sont brûlées en moins de deux semaines. Dominique de Villepin décrète l'état d'urgence, prolongé de trois mois quelques jours plus tard par un vote au Parlement, afin de permettre aux préfets de décréter le couvre-feu. Dans ce climat de rivalité intra-gouvernementale, Dominique de Villepin surenchérit en recourant avec excès aux rapports de force. Sa stratégie de passage en force du contrat première embauche est condamnée par la presse (en particulier Libération) et l'ensemble de la gauche. L'UDF et une partie de l'UMP se montrent critiques sur la méthode. Il lui est reproché une absence de concertation avec les différents acteurs durant la préparation de la mesure.
En mai 2006, alors que Dominique de Villepin est mis en cause dans l'affaire Clearstream 2, Jacques Chirac n'envisage pas de remanier le gouvernement, et réitère « sa confiance pleine et entière au Premier ministre ». De nombreux députés de l'UMP commencent alors à critiquer ouvertement le Premier ministre. Le chef de l'opposition, François Hollande, déclare alors vouloir le départ de Dominique de Villepin. Il démissionne le 15 mai 2007, à la veille de la passation de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Alors qu'il est régulièrement présenté comme gaulliste ou gaulliste social, Laurent de Boissieu estime qu'il « apparaît certes comme davantage gaulliste que Nicolas Sarkozy, notamment en ce qui concerne la politique étrangère et les institutions. Mais davantage gaulliste que Nicolas Sarkozy ne signifie pas forcément gaulliste en général et gaulliste social en particulier, si les mots ont encore un sens. Or l'action de Dominique de Villepin en tant que Premier ministre (2005-2007) ne semble pas convaincante à cette aune ».
En avril et mai 2006, Dominique de Villepin est mis en cause dans l'affaire Clearstream 2. Informé par son ami Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS, d'un complot supposé visant le groupe industriel, il a confié une mission de renseignement au général Philippe Rondot en janvier 2004, puis au directeur de la DST, Pierre de Bousquet de Florian. Dans ces circonstances, un document qui se révélera truqué remis au général Rondot, par Jean-Louis Gergorin, inclut Nicolas Sarkozy parmi beaucoup d'autres noms dans une liste compromettante de personnalités. Deux juges et des policiers perquisitionnent, le 5 juillet 2007, au domicile parisien de Dominique de Villepin, dans l'enquête sur un supposé complot mené en 2004 contre Nicolas Sarkozy. La perquisition est poursuivie le lendemain à son bureau avenue Kléber, mis à sa disposition par le Ministère des Affaires étrangères.
Le 10 juillet 2007, il annonce lui-même sa prochaine mise en examen dans ce dossier. Le 27 juillet, à la suite de sa convocation devant les magistrats chargés de l'instruction, il est effectivement mis en examen pour « complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d'abus de confiance et complicité d'usage de faux ». Il lui est dès lors intimé l'interdiction de prendre contact avec les autres protagonistes cités dans le dossier, au premier rang desquels l'ancien président Jacques Chirac. Concernant l'affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre considère qu'en tant que président de la République, Nicolas Sarkozy peut difficilement être partie civile dans une affaire judiciaire. Mi-novembre 2008, Dominique de Villepin est renvoyé en correctionnelle dans le cadre de l'affaire Clearstream notamment pour « complicité de dénonciation calomnieuse ».
Le 24 novembre 2008, il met en avant l'implication qu'il juge excessive du chef de l'État dans le traitement de l'affaire. Dans un mémoire au Conseil d'État, il l'accuse de « détournement de pouvoir » et du non-respect du principe de « l'égalité des armes ». Concrètement, il reproche au président Nicolas Sarkozy d'avoir, par décret, prolongé l'implication d'un juge dans le dossier, renforçant ainsi les tenants de l'inculpation de Dominique de Villepin. Selon le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, Dominique de Villepin aurait été l'« un des bénéficiaires collatéraux, mais parfaitement conscient » de l'affaire Clearstream. Jean-Claude Marin, qui soutient l'accusation publique lors du procès débutant le 21 septembre, souligne, le 28 août 2009 : « Je pense qu'il y a, par delà un effet d'aubaine dans un combat politique que l'on connaît, une utilisation frauduleuse d'une information que l'on savait fausse par un corbeau que l'on connaissait ».
Le procès s'ouvre le 21 septembre 2009. À son arrivée au tribunal, Dominique de Villepin déclare, pour sa part, que sa présence sur le banc des accusés ne serait due qu'à « la volonté d'un homme, (…) par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française », et qu'il en sortira « libre et blanchi au nom du peuple français ». Le 29 septembre 2009, Dominique de Villepin, interrogé par le procureur Jean-Claude Marin, déclare n'avoir « jamais eu connaissance de ces listings, et ne les [avoir] jamais eus entre les mains ». Gilbert Flam, ancien membre de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), l'une des parties civiles lors de ce procès, contredit le même jour ce démenti en affirmant que Dominique de Villepin aurait choisi de ne pas dénoncer la falsification des listings alors qu'il en avait connaissance. Le procureur de la République requiert à son encontre 18 mois de prison avec sursis et 45 000 € d'amende.
Le 28 janvier 2010, il est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris de tous les chefs d'accusation. Le procureur Jean-Claude Marin, représentant du parquet, décide d'interjeter appel de la décision. Interrogé le 29 janvier sur RMC, Dominique de Villepin déclare : « Jean-Claude Marin ne souhaitait pas que le premier procès ait lieu, parce que je l'ai entendu de sa bouche, il savait qu'il n'y avait rien dans ce dossier à me reprocher. Ce qu'elle montre cette décision, c'est qu'un homme, Nicolas Sarkozy, le président de la République, préfère persévérer dans son acharnement, dans sa haine plutôt que d'assumer la responsabilité de sa fonction, c'est-à-dire de défendre des institutions. » De son côté, Nicolas Sarkozy prend « acte » de cette décision et fait savoir qu'il ne serait pas représenté lors du procès en appel. Ce procès se tient devant la cour d'appel de Paris du 2 au 26 mai 2011. À l'issue des débats, le parquet requiert 15 mois de prison contre Dominique de Villepin. Il est relaxé le 14 septembre 2011.
Le 9 janvier 2008, il prête serment et devient avocat au barreau de Paris sur dossier (licencié en droit, diplômé de l'IEP de Paris, énarque, haut fonctionnaire public) grâce à une recommandation de deux membres du barreau et à sa carrière juridique dans l'administration. Dominique de Villepin ouvre son propre cabinet et s'occupe d'affaires à caractère international. En 2013, il devient président du comité de conseil international de l'agence de notation financière Universal Credit Rating Group. Ami de la famille Al-Thani, Dominique de Villepin maintient des liens privilégiés avec le Qatar. Certains avancent que le cabinet d'avocats qu'il dirige aurait l'émirat pour client et qu'il serait responsable d'un de ses fonds souverains, Qatar Luxury Group, fonds d'investissement personnel de cheikha Mozah, l'épouse de l'émir.
Dominique de Villepin n'ayant jamais eu, dans le cadre de ses activités professionnelles, le Qatar comme client et n'y ayant jamais donné de conférence rémunérée, il réfute ces allégations. Cependant, Dominique de Villepin s’est vu remettre en avril 2010 l’un des prix « Doha Capitale Culturelle Arabe » accompagné d’un chèque de 10 000 euros par l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Al Kuwari. Le 1er juillet 2015, il se retire du barreau de Paris, élargissant le même jour le périmètre de son entreprise Villepin International, qui passe du simple exercice de la profession d'avocat à celle d'une société de « nature commerciale » aux activités multiples, notamment le lobbying international (« conseil en management et en stratégie, analyse des risques politiques et des enjeux économiques, réalisation d’études, d’audits et de préconisations, tenue de conférences et de forums, intermédiation en vue de rapprochements, présentation et publication d’exposés ou d’analyses »). Son réseau en Chine, en Iran, au Venezuela ou encore au Qatar, lui permet d’intervenir dans le flux d’affaires entre pays émergents.
Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il se montre critique envers l'action du chef de l'État, au point d'envisager un « risque révolutionnaire » en France. Il indique, en 2009, son « souhait fort » de se présenter à la prochaine élection présidentielle, où il se verrait bien affronter Nicolas Sarkozy. Le 25 mars 2010, il annonce le lancement d'un mouvement politique. Ce mouvement est créé le 19 juin 2010 sous le nom de République solidaire. Dominique de Villepin renouvelle néanmoins sa cotisation à l'UMP en juillet suivant tout en qualifiant Nicolas Sarkozy de « problème » pour la France. Le 22 février 2011, il annonce qu'il ne renouvelle pas son adhésion à l'UMP.
Dominique de Villepin quitte République solidaire et sa présidence quelques mois plus tard, en septembre 2011. Jean-Pierre Grand lui succède. Dans la foulée, le 11 décembre 2011, il annonce, lors du journal de 20 heures de TF1, sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. La mesure la plus commentée de son programme (et la plus décriée à l'intérieur même de son propre parti) est la création d'un « revenu citoyen » qui serait versé à chaque Français selon un principe proche de celui de l'allocation universelle. Pendant la campagne, il est crédité de 1 à 3 % d'intentions de vote. Le 16 mars 2012, il annonce qu'il n'a pas obtenu les 500 signatures nécessaires pour se présenter, et n'apporte son soutien à aucun candidat.
Selon Dominique de Villepin, les puissances occidentales sont dans le cercle vicieux de la « guerre contre le terrorisme ». Les guerres successives menées par l'OTAN en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie alimentent un processus de haine et de destruction. Le chaos créé par les bombardements occidentaux facilite l’expansion d’un mouvement sectaire et blasphématoire de l'islam qui instrumentalise des identités blessées. L'État islamique agit comme un aimant pour une population déboussolée. Selon Dominique de Villepin, dans la mesure où la haine entraîne la haine, que la guerre nourrit la guerre, le risque que la guerre se perpétue est réel : « Certes, nous pouvons marquer des points, ici ou là, temporairement, mais en courant toujours le risque d'étendre le mal, virus opportuniste qui se dissémine en se dissimulant ». La politique étrangère française menée depuis de Gaulle jusqu’à Chirac a permis à la France d’être respectée et appréciée dans le monde en général, et dans les nations arabes en particulier.
Afin de préserver ce capital de sympathie, Dominique de Villepin recommande que l'État français s'illustre par l'art de la diplomatie plutôt que par l'action militaire. La politique étrangère américaine brutale est dangereuse pour la France. Ses excès ont mené à une grande instabilité géopolitique au Moyen et Proche-Orient. Selon Dominique de Villepin, la France est entraînée à contre-emploi dans une logique sans issue. Au lieu de réagir par la surenchère militaire, il est selon lui préférable d'adopter une vision politique, de mettre en place une stratégie politique, une capacité à penser l’action au-delà des bombes et de l’action militaire stricto sensu : « La guerre prétend tout résoudre soudainement quand la paix demande à être pétrie dans un processus interactif et progressif à maturation lente ».
En décembre 2014, au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, il se dit prêt à apporter sa contribution aux orientations de l'UMP tout en écartant l'idée de se présenter à l'élection primaire que le parti doit organiser en 2016 pour désigner son candidat à l'élection présidentielle de 2017. Dominique de Villepin qui n'avait apporté son soutien à aucun des candidats lors de la primaire de la droite (même si Le Parisien affirme qu'il y soutient Nicolas Sarkozy), annonce voter Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle.