Strauss-Kahn Dominique
Dominique Strauss-Kahn, dit « DSK », né le 25 avril 1949 à Neuilly-sur-Seine, est un économiste, homme politique et haut fonctionnaire international français. Il est député socialiste de la Haute-Savoie puis du Val-d'Oise à partir de 1986, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale de 1988 à 1991, ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur de 1991 à 1993, dans les gouvernements Édith Cresson et Pierre Bérégovoy, et maire de Sarcelles de 1995 à 1997. Après avoir contribué à la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives de 1997, il est nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement Lionel Jospin. Mis en cause dans des affaires judiciaires en 1999, il démissionne du gouvernement, puis retrouve son mandat de député en 2001, avant de bénéficier d'un non-lieu et d'une relaxe. Candidat à la primaire socialiste de 2006, il est battu au premier tour par Ségolène Royal.
Sur proposition du président français Nicolas Sarkozy, il devient en 2007 directeur général du Fonds monétaire international (FMI). À la tête de l’institution, il est notamment confronté à la crise bancaire et financière mondiale de 2008 et aux débuts de la crise de la dette dans la zone euro. En 2011, il est mis en cause dans le cadre d'une accusation d'agression sexuelle à New York, ce qui le contraint à quitter la tête du FMI ; il bénéficie finalement d'un non-lieu au pénal, avant qu'un accord financier impliquant le versement de plus d’un million de dollars à la plaignante ne mette fin l'année suivante à la procédure engagée au civil. Il est par la suite mis en cause dans d'autres affaires de mœurs, qui se soldent par un classement sans suite ou une relaxe. La médiatisation de ces affaires judiciaires discrédite l'hypothèse de sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, où il était donné favori pour représenter le Parti socialiste, et met fin à sa carrière politique. Il reprend ensuite des activités dans le secteur privé, en conseillant principalement des gouvernements sur leurs dettes souveraines.
Issu d'une famille juive ashkénaze, il passe son enfance au Maroc mais doit quitter le pays à la suite du tremblement de terre d'Agadir. Il étudie alors à HEC et à l'Institut d'études politiques de Paris. Il est licencié en droit public, docteur en sciences économiques et professeur agrégé de sciences économiques. Il devient professeur d'économie à l'Université de Nancy 2 (1977-1980) puis à l'université de Nanterre (à partir de 1981) et à l'École nationale d'administration. Après un passage comme professeur à HEC, il a aussi enseigné la microéconomie et la macroéconomie à Institut d'études politiques de Paris. En 1971, il travaille au Centre de recherche sur l’épargne, où il se lie d’amitié avec Denis Kessler (futur vice-président du MEDEF et à l'époque membre de l'extrême gauche). Ce dernier devient son assistant à Nanterre et ils écrivent ensemble, en 1982, L’épargne et la retraite.
Après un court passage au CERES de Jean-Pierre Chevènement au milieu des années 70, il lie son destin à celui de Lionel Jospin. Ministrable en 1981, il choisit de servir le nouveau premier secrétaire du PS. Il est professeur d'économie à Nancy II puis à Paris X (1978-1982), et dans le même temps consultant de l'ONU. En 1982, il entre au Commissariat au plan, dont il devient commissaire-adjoint et chef du service financement. En 1986, il est élu pour la première fois député de Haute-Savoie et réélu en 1988, mais dans le Val-d'Oise cette fois-ci. Il devient alors président de la Commission des finances. C'est à cette époque qu'il rencontre Paul Hermelin (futur directeur de cabinet à l’Industrie en 1991). Il est secrétaire national du PS, chargé des études et du programme (1986-1988), puis de l'économie et des finances (1988-1989) et professeur d'économie à Paris X-Nanterre (1986-1991). En 1991, François Mitterrand le nomme ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur dans le gouvernement d'Édith Cresson. Il conserve ce poste dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, jusqu'aux élections législatives de 1993, puis devient avocat à la Cour.
En 1993, Michel Rocard décide de relancer le « groupe des experts du PS », créé par Claude Allègre, et lui en confie la présidence. Cette même année, il crée le cabinet DSK Consultants pour exercer le métier d'avocat d'affaires. Toujours en 1993, il est battu aux élections législatives dans la circonscription de Sarcelles et Garges-les-Gonesse par Pierre Lellouche (51,21 % contre 48,78 %). En 1994, Raymond Lévy, alors PDG de Renault, crée le « Cercle de l’Industrie », un cercle spécialisé dans la défense de l'industrie française à Bruxelles, où il côtoie notamment Vincent Bolloré et Louis Schweitzer, et dont il devient le vice-président. Cette activité de lobbyiste lui attire les critiques de la gauche antilibérale. Élu maire de Sarcelles en juin 1995, deux fois divorcé, il épouse en troisièmes noces Anne Sinclair, alors journaliste à TF1 et présentant l'émission politique dominicale Sept sur Sept, et divorcée du journaliste Ivan Levaï. Elle renonce à son magazine hebdomadaire lorsque Dominique Strauss-Kahn est nommé ministre de l'Économie et des Finances, suite à la victoire de la gauche aux élections législatives de 1997. Il cède son mandat de maire à François Pupponi.
1997-1999 : ministre de l'Economie et des Finances
En 1997, Lionel Jospin, nouveau Premier ministre, le nomme ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et Dominique Strauss-Kahn devient une pièce maîtresse du gouvernement. Les bons résultats de l'économie française, le retour de la croissance (forte en France à la fin du XXe siècle) et la baisse du chômage (avec environ 300 000 créations d’emplois dans le secteur marchand, l'année 1998 a été la meilleure pour l’emploi depuis 1969), font que Dominique Strauss-Kahn devient un poids lourd du gouvernement et du parti socialiste. Cette position centrale au sein du gouvernement lui vaut d'être le chef de file des socialistes aux élections régionales de 1998 en Île-de-France, que la gauche remporte. Cependant, au cours de la campagne, affirmant ne pas vouloir troquer son mandat ministériel contre l'exécutif régional, c'est Jean-Paul Huchon qui est mis en avant et qui devient président du conseil régional. Il ne conserve son mandat que le temps de retrouver son siège de député après sa démission du gouvernement le 2 novembre 1999 suite à une controverse sur des possibles rémunérations de complaisance par la MNEF de 1994 à 1996.
Dominique Strauss-Kahn réussit à imposer une baisse de la TVA sur les travaux de rénovation dans le bâtiment, ramenée à 5,5 %, afin de relancer l'activité du secteur ; la conjoncture favorable en Europe permet un redressement partiel des comptes budgétaires (déficit au-delà de 3% sous le gouvernement Alain Juppé) et permet à la France de rejoindre la zone euro. Il s'oppose néanmoins à sa collègue ministre Martine Aubry sur la méthode de mise en place des 35 heures et opère des privatisations massives, notamment celle de France Telecom, alors que le programme de Lionel Jospin excluait expressément cette dernière. Il abroge la loi Thomas sur les fonds de pension et met en place le Conseil d'orientation des retraites (COR), mais ne lance pas de véritable projet de réforme pendant la période de forte croissance de 1998 à 2000. Dominique Strauss-Kahn tente d'organiser son influence au sein de son parti, mais s'il réussit à fédérer jospiniens et rocardiens au sein d'un courant politique dénommé Socialisme et démocratie, il peine, dans un premier temps, à transformer l'attraction qu'il exerce en réseau militant efficace et structuré, lui préférant les réseaux informels.
1999 : démission du gouvernement Jospin
Mis en cause dans les médias pour des affaires judiciaires liées à l'exercice de la profession d'avocat (affaire de la Générale des Eaux, affaire de la MNEF et affaire Elf), il choisit de démissionner de son poste ministériel en novembre 1999 pour pouvoir se défendre et ne pas porter atteinte au gouvernement Jospin. Christian Sautter le remplace dans ses fonctions. L'ensemble des affaires dans lesquelles Dominique Strauss-Kahn a été mis en cause se sont conclues à son égard avec des non-lieux en novembre 2001. Il se représente quelques mois plus tard et est largement réélu dans sa circonscription du Val-d'Oise lors d'une élection législative partielle.
2002-2007 : dans l'opposition socialiste
Alors que Jacques Chirac remporte l'élection présidentielle et que l'UMP dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale, Dominique Strauss-Kahn est réélu député le 16 juin 2002, pour la législature (2002-2007), dans la 8e circonscription du Val-d'Oise. Mais il choisit de ne pas prendre part à la nouvelle direction du PS au congrès de 2003. Il est secrétaire national du PS (2002-2003), membre du bureau national du PS (2003-2005) ; secrétaire national du PS, chargé des élus (novembre 2005-juin 2007). À la fin de l'année 2004, il réintègre la direction du Parti socialiste en étant chargé, avec Martine Aubry et Jack Lang, du projet socialiste pour 2007. Il préside également avec Jean-Christophe Cambadélis le courant Socialisme et démocratie dans le Parti socialiste. Dominique Strauss-Kahn anime un des premiers blogs d'homme politique national ; il fait figure de référence (et l'un des plus visités) en la matière dans le monde politique, avec celui d’Alain Juppé. En mai 2005, il sort un DVD en faveur du « oui » au projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe. Dominique Strauss-Kahn s'investit de manière soutenue pour imposer le « oui de gauche ». À l'issue d'une campagne particulièrement animée, le « non » l'emporte en France à plus de 54%.
Primaires à l'élection présidentielle de 2007
En 2006, le parti socialiste organise des élections primaires pour choisir un candidat à l'élection présidentielle française de 2007. Dominique Strauss-Kahn se présente contre Laurent Fabius et Ségolène Royal. Il représente la sensibilité sociale-démocrate. Il compte, parmi ses proches en politique, sur le soutien d'une équipe regroupant Pierre Moscovici, Jean-Christophe Cambadélis, Michel Destot, Catherine Trautmann, Alain Richard, Claude Evin, Jean-Paul Huchon, etc. Il bénéficie également du soutien de Michel Rocard et de Robert Badinter. Il est également soutenu par Socialisme et démocratie jeunes, la branche « jeunesse » de son courant également présente mais minoritaire (15 à 20 %) au sein du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) ; la présence de ces jeunes socialistes à ses côtés lui a été bénéfique, puisque dans les départements où ils sont présents, le score de DSK a presque toujours été supérieur à la moyenne nationale. Le 16 novembre 2006, il termine deuxième du vote des militants, avec 20,83 % des voix, contre 60,60 % pour Ségolène Royal.
Après l'élection présidentielle de 2007
Dès les résultats parus, Dominique Strauss-Kahn appelle à une rénovation du PS, vers une voie sociale-démocrate, à l'image du tournant pris par beaucoup de partis socialistes européens. Aux élections législatives de 2007, il remet son mandat de député en jeu, notamment face à Jean-Michel Cadiot (UDF-MoDem) et Sylvie Noachovitch (UMP) dans la huitième circonscription du Val d'Oise (Arnouville-lès-Gonesse, Bonneuil-en-France, Garges-lès-Gonesse, Sarcelles (Canton Nord-Est), Villiers-le-Bel). En 2001 et 2002, l'ancien ministre PS y avait été mis en ballottage par Sophie Jacquest, qui se présentait sous l'étiquette UDF et avait obtenu un score de 45% au second tour. Il est arrivé deuxième au 1er tour de l'élection législative de 2007, devancé de 90 voix par Sylvie Noachovitch (UMP), mais est élu au second tour avec 55,5 % des voix, obtenant ainsi son meilleur score dans cette circonscription. Au sortir des législatives de juin 2007, certains sondages[réf. nécessaire] le placent en concurrent crédible face à Ségolène Royal pour la tête du Parti socialiste, dont le congrès est prévu en 2008.
Depuis 2007 : Fonds monétaire international
Proposé par Jean-Claude Juncker et Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn est durant l'été 2007, le candidat de la France puis de l'Union européenne, pour briguer la direction générale du Fonds monétaire international. Ce soutien européen provoque le renoncement de Marek Belka, candidat soutenu par la Pologne. Après une tournée mondiale des principales capitales, les États-Unis, la Chine et une importante majorité des pays d'Afrique lui donnent leur soutien, tandis que la Russie tente de contrer cette candidature en proposant Josef Tošovský, ancien Premier ministre tchèque, à ce poste. De même, les pays émergents, à travers une déclaration du G24, demandent à ce que soit revue la règle tacite de la nomination d'un Européen à la tête du FMI et le Financial Times dénonce vertement dans son éditorial du 28 août 2007 une tradition qui n'a plus lieu d'être. En France, la candidature de Dominique Strauss-Kahn est également analysée dans la perspective de la stratégie d'ouverture politique du président Nicolas Sarkozy, et la question de son avenir sur la scène politique nationale a été posée. Le 28 septembre 2007, Dominique Strauss-Kahn est nommé à la tête de l'organisation mondiale. Il prend ses fonctions le 1er novembre 2007. Entre temps il a démissionné de son poste de député du Val-d'Oise, le 19 octobre 2007. Dominique Strauss Kahn à annoncé le 17 mai 2008, lors d'un diner avec ses proches, qu'il envisage d'être candidat à l'élection présidentielle de 2012 et qu'il s'y préparait.
Doctrine économique et sociale
Pour Dominique Strauss-Kahn, la mondialisation n'est pas une malédiction. Elle est une chance. Seulement, il faut se donner les moyens de rester en tête en matière d'innovation et de créativité, pour permettre de garantir à tous les Français un niveau de vie élevé. Dominique Strauss-Kahn estime donc qu’il est nécessaire de refonder un nouveau « compromis social ». Pour cela, la gauche française doit « changer de logiciel », il prône ainsi une politique social-démocrate. Ce renouveau passe par le recours à une méthode du réformisme radical, qui peut emprunter trois axes :
- La redistribution de richesses ;
- La régulation mesurée de l'économie ;
- La lutte en faveur de l'égalité des chances.
Dominique Strauss-Kahn assume le fait que la mise en place de telles actions suppose un certain niveau de fiscalité, ainsi qu’une économie en croissance. Pour lui, l’État doit donc mener une politique de relance à court terme, et l'investissement dans la haute valeur ajoutée à long terme. Pour expliquer les difficultés actuelles de l'économie française, il souligne qu'il s'agit en partie d'une crise de l'offre, notamment le fait que l'économie française est spécialisée sur des secteurs de moins en moins protégés de la concurrence des pays en développement. Le remède passe donc en particulier par un investissement massif dans les nouvelles technologies et l'éducation. DSK ne fait pas de la propriété publique de certaines entreprises un principe, bien au contraire.
Ayant privatisé nombre d'entreprises lors de son passage au gouvernement Jospin, il a envisagé dans La Flamme et la cendre (2002) l'ouverture de capital d'EDF pour permettre des partenariats industriels. Il s'est depuis opposé à la privatisation d'EDF et de GDF en estimant qu'elles ne s'inséraient pas dans des schémas industriels, mais considère qu'en l'état des finances publiques, la renationalisation d'EDF ne doit pas constituer une priorité d'un futur gouvernement socialiste. Pour lutter contre la pauvreté dans le monde, il prône l'ouverture du FMI et de la Banque mondiale aux pays en développement mais aussi une baisse des barrières douanières, le soutien de la démocratie et l'augmentation de l’aide internationale.
Europe
A l'image de sa pensée sur la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn voit en l'Europe une chance, et non un handicap. Elle doit permettre de défendre les Européens et donc les Français. Il s'est prononcé en faveur du « oui » au traité établissant une constitution pour l'UE. Toutefois, il a tenu compte du choix des Français et entend leur proposer de nouvelles solutions. Dominique Strauss-Kahn estime que le pacte de stabilité doit être réformé afin de limiter les politiques budgétaires contracycliques. Le mandat de la Banque centrale européenne doit être élargi pour mieux prendre en compte les objectifs de croissance et d'emploi. Il s'agit de mettre en place un mélange de politiques (policy mix) budgétaire et monétaire plus efficace. Il souhaite l'augmentation du budget européen, pour conduire une véritable politique industrielle européenne et financer l'innovation. les règles communautaires en matière de concurrence devraient être repensées. Il pense par ailleurs que l’Europe doit aller jusqu’à inclure l’ensemble du bassin méditerranéen, notamment la Turquie, le Maghreb et Israël. C'est en facilitant le développement du bassin méditerranéen qu'il sera notamment possible d'apporter des solutions aux problèmes liés à l'immigration.
Éducation
Il s'est positionné en faveur d'une refonte profonde du système universitaire. Celle-ci doit s'accompagner d'une augmentation très significative des moyens consacrés à l'enseignement supérieur. Constatant que le pourcentage d'une classe d'âge diplômé du supérieur est de 30 % en France contre 80 % en Corée du Sud ou en Suède et de 50 % aux États-Unis, Dominique Strauss-Kahn insiste avec force sur l'ampleur des changements à entreprendre. Ainsi, le 17 septembre 2006, il déclare : « Les universités françaises sont en train de plonger dans les palmarès internationaux. Il faut créer une concurrence entre les établissements et mettre fin à l'hypocrisie du diplôme unique. Ce qui n'empêche pas de garder le système dans le public et de conserver une vision égalitaire. » Il ajoute : « Pour moi, il n'y aurait pas de scandale à ce que la chaire de physique nucléaire de Paris-VI soit financée par EDF, si EDF trouve que c'est bon pour son image. Mais ce n'est pas dans les mœurs. »
Proche-Orient
Lors du conflit israélo-libanais de 2006, DSK a fait l’analyse que si Israël était effectivement agressé à partir du Liban, le rôle particulier du Hezbollah au sein de la société libanaise et son intérêt à maintenir la tension internationale ne devaient pas être négligé, non plus que son contrôle par l’Iran et par la Syrie. Il a donc préconisé l’instauration d’un cessez-le-feu, sur la base pour le Liban de la libération des otages détenus par le Hezbollah et du désarmement des milices et pour Israël d’une retenue quant à ses actes militaires. Il estimait que ce message devait être transmis aux « différentes parties prenantes », visant ainsi les États soutenant le Hezbollah. Il a cependant refusé de séparer cette analyse de celle du conflit israélo-palestinien.
Dans ce cadre, il enjoignait à Israël de cesser son action militaire au sein de la bande de Gaza et au Hamas de reprendre le processus politique de reconnaissance d’Israël et de négociation pacifique. A terme, DSK estime que l’établissement d’une paix durable au Proche-Orient doit sans doute être envisagé dans la perspective de son inclusion au sein de l’Europe, processus politique capable d’apporter la stabilité politique et le développement économique nécessaires à cette région. Souvent interviewé dans le magazine "Le Meilleur des Mondes", il avait jugé arrogante l'intervention de Dominique de Villepin contre la guerre en Irak se déclarant ouvertement atlantiste.
Affaire du Sofitel de New York
Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est accusé par Nafissatou Diallo, femme de chambre, d'agression sexuelle, de tentative de viol, abus sexuel et séquestration dans une suite de l'hôtel Sofitel de Manhattan, il est arrêté à l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York, peu avant le décollage du vol AF 023 d'Air France à destination de Paris. Le 16 mai, Melissa Carow Jackson, juge du tribunal pénal de la ville de New York, lui signifie les sept chefs d'accusation retenus contre lui, refuse sa mise en liberté sous caution et demande son maintien en détention provisoire à la prison de Rikers Island. Un grand jury l'inculpe formellement le 19 mai. Il encourt alors une peine allant jusqu'à 74 ans de prison. Le même jour, Michael J. Obus, juge de la Cour suprême de l'État de New York, accepte sa mise en liberté sous caution avec plusieurs conditions. Le 20 mai, Dominique Strauss-Kahn est transféré de la prison de Rikers Island à un appartement de l'immeuble sis au 71, Broadway, pour y être placé en résidence surveillée. Le 25 mai, il quitte cet appartement pour un hôtel particulier situé au 153, Franklin Street, dans le quartier de Tribeca, à Manhattan. Au cours de l'audience du 6 juin consacrée à la lecture officielle de l'acte d'accusation, Dominique Strauss-Kahn plaide « non coupable ».
Le procureur rapporte par la suite que Nafissatou Diallo a menti aux enquêteurs sur « une série de sujets concernant son passé, les circonstances des faits et ses relations actuelles ». Ces éléments font peser un doute sur la crédibilité de la plaignante et de ses accusations dans une affaire où peu d’éléments matériels existent. En conséquence, le 1er juillet 2011, Dominique Strauss-Kahn est libéré sur parole. Le 23 août suivant, le juge Michael J. Obus décide d'abandonner les poursuites au pénal, suivant ainsi l'avis du procureur, qui la veille, avait recommandé dans une motion de non-lieu l'abandon des charges, estimant qu'il n’était pas possible de « donner du crédit à [l]a version des faits [de Nafissatou Diallo] au-delà du doute raisonnable ». Une procédure civile concernant cette affaire est lancée le 8 août 2011 : Nafissatou Diallo argue d'« attaque violente et sadique, comportement humiliant et dégradant, atteinte à sa dignité de femme ». Le 14 mai 2012, un an exactement après son arrestation à New York, Dominique Strauss-Kahn porte plainte contre Nafissatou Diallo pour accusations infondées et diffamation.
Le 29 novembre 2012, le New York Times annonce qu'un accord amiable a été trouvé entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo. Si le journal indique ne pas connaître le montant de l'indemnité financière à payer par Strauss-Kahn, il relève que cette transaction interviendrait une semaine avant l'audience prévue devant le juge de la Cour suprême du Bronx, au cours de laquelle l'avocat de Mme Diallo avait indiqué vouloir confronter Dominique Strauss-Kahn aux témoignages d'autres femmes qu'il aurait semblablement agressées. Le 10 décembre suivant, la procédure contre Dominique Strauss-Kahn est abandonnée en contrepartie du versement d'un montant de 1,5 million de dollars au bénéfice de Nafissatou Diallo. L’affaire se termine, sans que Dominique Strauss-Kahn n’ait eu à expliquer devant la Justice de ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel, le 14 mai 2011. Il admet, lors d’un entretien accordé au Journal de 20 heures de TF1 le 18 septembre 2011, avoir eu une « relation inappropriée » avec Nafissatou Diallo, qualifie cette relation de « faute morale », mais nie toute contrainte ou agression. Cet entretien, qualifié d'« opération de communication » par l’avocat français de Nafissatou Diallo, suscite la polémique et le scepticisme en raison de l’interprétation faite par Dominique Strauss-Kahn du rapport du procureur. D’une façon générale, l'affaire suscite des théories du complot.
Affaire Tristane Banon
Le 5 juillet 2011, Tristane Banon porte plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol qui aurait eu lieu en février 2003. Cette plainte intervient peu après l’affaire du Sofitel de New York. Le parquet de Paris classe sans suite la plainte pour tentative de viol le 13 octobre 2011, « faute d'éléments de preuve suffisants », mais estime que Dominique Strauss-Kahn a reconnu des faits « pouvant être qualifiés d'agression sexuelle ». Ses avocats nient la reconnaissance d'une agression sexuelle par leur client et rendent publiques ses déclarations aux policiers, dans lesquelles il affirme avoir seulement tenté d'embrasser Tristane Banon, qu’il aurait laissée partir après qu’elle l’a repoussé. Le délai de prescription du délit d'« agression sexuelle » étant dépassé, le parquet classe sans suite la plainte. Le site Arrêt sur images estime qu'après les silences embarrassés et rires gênés de 2007, puis les tentatives de culpabilisation de Tristane Banon en 2011, le regard porté sur l’affaire en 2020 est différent : en conclusion, le journaliste Paul Aveline se demande ainsi si, neuf ans plus tard, après le mouvement MeToo, un traitement similaire des accusations serait envisageable.
Affaire du Carlton
En février 2012, Dominique Strauss-Kahn est interrogé par la police française dans le cadre d'une investigation sur un réseau de prostitution, son nom ayant été cité par plusieurs protagonistes dans l'affaire du Carlton de Lille. Il est mis en examen, le 26 mars 2012 à Lille, pour « proxénétisme aggravé en bande organisée » et laissé en liberté sous caution. Alors que le parquet de Lille avait requis un non-lieu total dans le cadre de cette affaire, Dominique Strauss-Kahn est renvoyé en correctionnelle pour «proxénétisme aggravé en réunion ». Les audiences ont lieu du 2 février 2015 au 20 février 2015 au tribunal correctionnel de Lille. Le 12 juin 2015, Dominique Strauss-Kahn est relaxé.
Autres
En juin 2013, la journaliste italienne Myrta Merlino accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté d’abuser d'elle, à la fin des années 1990, au forum de Davos, alors qu'il était ministre de l'Économie.
Après avoir rencontré Hélène Dumas en 1963 (au cours d'un pique-nique sur la plage de Menton avec des élèves du lycée Albert-Premier à Monaco), il l'épouse le 9 septembre 1967 à Savigny-sur-Clairis et ils ont ensemble trois enfants : Vanessa (1973), Marine (1976) et Laurin (1981). Il divorce, puis se remarie en 1986 avec Brigitte Guillemette (morte le 26 octobre 2013 d'un cancer, à l'âge de 67 ans), alors PDG du Groupe Corolle PR, filiale du groupe Mattel. Avec elle, il a une autre fille : Camille, née en 1985. À nouveau divorcé en 1989, il épouse en troisièmes noces, le 26 octobre 1991, Anne Sinclair, alors journaliste à TF1 et présentatrice de l'émission politique télévisée 7 sur 7, elle-même divorcée du journaliste Ivan Levaï. Les témoins des mariés sont pour Anne Sinclair la philosophe Élisabeth Badinter et la productrice Rachel Kahn (épouse de Jean-François Kahn), pour Dominique Strauss-Kahn son père Gilbert et son ami Lionel Jospin.
Le couple Strauss-Kahn, qui possède un riad à Marrakech, au Maroc, est également le propriétaire de l'hôtel Dyel des Hameaux, situé au 13 place des Vosges, dans le IVe arrondissement de Paris. En juillet 2012, plus d'un an après le début de l’affaire du Sofitel de New York et cinq mois après la révélation de l'affaire du Carlton, la presse annonce la séparation du couple ; l’information est confirmée par Anne Sinclair le mois suivant. Leur divorce est officiellement prononcé en mars 2013. Dominique Strauss-Kahn monte les marches du festival de Cannes de mai 2013 au bras de sa nouvelle compagne, Myriam L'Aouffir. L'existence de leur relation a été révélée en 2012. En octobre 2017, après cinq ans de vie commune, le couple se marie. La presse révèle en décembre 2015 que Dominique Strauss-Kahn serait le père d'un enfant prénommé Darius, né en 2010 et issu d'une liaison avec une femme travaillant dans un grand laboratoire médical.
À l’international
- 1er novembre 2007 – 18 mai 2011 : directeur général du Fonds monétaire international (FMI)
Au gouvernement
- 17 mai 1991 – 2 avril 1992 : ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur du gouvernement Édith Cresson
- 4 avril 1992 – 29 mars 1993 : ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur du gouvernement Pierre Bérégovoy
- 4 juin 1997 – 2 novembre 1999 : ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie du gouvernement Lionel Jospin
À l’Assemblée nationale
- 2 avril 1986 – 14 mai 1988 : député de la Haute-Savoie
- 23 juin 1988 – 16 juin 1991 : député de la 8e circonscription du Val-d'Oise
- 28 juin 1988 – 16 mai 1991 : président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale
- 12 juin 1997 – 4 juillet 1997 : député de la 8e circonscription du Val-d'Oise
- 2 avril 2001 – 19 octobre 2007 : député de la 8e circonscription du Val-d'Oise
Au niveau local
- 20 mars 1989 – 19 octobre 2007 : conseiller municipal de Sarcelles (Val-d'Oise)
- 18 juin 1995 – 3 juin 1997 : maire de Sarcelles
- 4 juin 1997 – 19 octobre 2007 : adjoint au maire de Sarcelles
- 15 mars 1998 – 2 avril 2001 : conseiller régional d'Île-de-France
- 18 mars 2002 – 19 octobre 2007 : président de la communauté d'agglomération Val de France
Au sein du Parti socialiste
- 1986-1989 : secrétaire national du Parti socialiste (PS), chargé des études et du programme (1986-1988) puis de l'économie et des finances (1988-1989)
- 2002-2003 : secrétaire national du PS
- 2003-2005 : membre du bureau national du PS
- 2005-2007 : secrétaire national du PS, chargé des élus
Décorations
- 2008 : Maroc : Grand cordon de l'ordre du Ouissam alaouite. Il est décoré par le roi Mohammed VI lors de la Fête du Trône
- 2008 : Tunisie : Grand officier de l'ordre de la République tunisienne. Il est décoré par le président tunisien Ben Ali
Doctorats honoris causa
Il a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
- Université de Fribourg (Suisse, 15 novembre 2005)
- Université de Liège (Belgique, 17 mars 2010)
- Inflation et partage des surplus : le cas des ménages, Éditions Cujas, 1975 (avec la coll. d'André Babeau et André Masson)
- Économie de la famille et accumulation patrimoniale, éditions Cujas, 1977
- La Richesse des Français : épargne, plus-value/héritage (avec la coll. d'André Babeau), Paris, PUF, 1977. Collection « L'économiste » dirigée par Pierre Tabatoni. Enquête sur la fortune des Français
- Pierre Bérégovoy : une volonté de réforme au service de l'économie, 1984-1993, Cheff, 2000 (avec la coll. de Christian Sautter)
- La Flamme et la Cendre, Grasset, 2002, co-rédigé par Marc Villemain206
- Oui, lettre ouverte aux enfants d'Europe, Grasset et Fasquelle, 2004
- « Éléments pour un réformisme radical », Les Notes de la fondation Jean-Jaurès « Pour l'Égalité réelle », no 41, juillet 2004, p. 3-108 (ISSN 1294-6133)
- DVD pour le Oui à la constitution, 2005
- 365 jours, journal contre le renoncement, Grasset, 2006
- « À mes amis allemands » : volonté d'annotations et de réflexions sur les conditions de l’accord avec la Grèce, lettre ouverte, inspirée par Zivoug, 2015
- Conférence de Paris sur le Climat : un accord financier. Le pragmatisme face à l'urgence, 2015