Bontems Roger

Publié le par Mémoires de Guerre

Roger Bontems, né le 20 septembre 1936 à Aydoilles, dans les Vosges, et mort à Paris le 28 novembre 1972 (à 36 ans), est un ancien militaire français, devenu délinquant récidiviste. Jugé complice de Claude Buffet dans une affaire de prise d'otages sanglante, il est condamné à mort avec ce dernier et guillotiné.

Bontems Roger

Après avoir fait la guerre d'Algérie, Roger Bontems devient moniteur parachutiste au sein de l’armée. Avec quelques économies, il s'achète une moto mais a un accident : diverses fractures et déplacement des vertèbres cervicales. Il est réformé. Père de famille, il devient plombier dans le Doubs. À la suite d'une énième visite médicale, il rate le car du retour et commet son premier larcin : alcoolisé, il vole une voiture à Épinal. Il est interpellé et un jugement du tribunal correctionnel de juin 1960 le condamne à 18 mois de prison. Trois autres condamnations pour divers méfaits suivent dans les années 1960. Rempli de rancœur et d'amertume, déboussolé et ne trouvant pas de travail, Bontems récidive quelque temps plus tard : il prend un taxi, le fait stopper, éjecte le chauffeur, M. Grégoire, qui est grièvement blessé dans l’agression, repart, braque un bistrot pour tenter d’obtenir le contenu de la caisse avec un revolver factice.

Il est arrêté et, en 1965, la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle le condamne à vingt ans de réclusion pour vol qualifié et agression. Le 21 septembre 1971, Bontems purge sa peine à la centrale de Clairvaux (Aube) lorsqu'il commet, avec son compagnon de cellule Claude Buffet, une prise d'otages à l'infirmerie de la prison. Après l'assaut des forces de l'ordre le lendemain, on découvre dans un coin de la salle les corps égorgés des deux otages : l'infirmière Nicole Comte, mère de deux enfants, et le gardien Guy Girardot. Le procès se tient à la cour d'assises de l'Aube du 26 au 29 juin 1972. Bontems est défendu par les avocats Robert Badinter et Philippe Lemaire. La cour juge que, bien que n'ayant pas tué, Bontems est complice des assassinats de Buffet. Elle ne lui reconnaît pas de circonstances atténuantes et les condamne tous deux à la peine de mort. Contrairement à Buffet, qui lors de ce procès a réclamé la peine de mort et ne s'est pas opposé au verdict, Bontems signe un pourvoi en cassation, qui est rejeté le 12 octobre.

Le 27 novembre au soir, les avocats des condamnés sont informés par un coup de téléphone de l'Élysée que le président Georges Pompidou a refusé la grâce : l'exécution a donc lieu le lendemain matin. Le 28 novembre, vers 4 h 30, à la prison de la Santé, Buffet et Bontems sont réveillés et conduits au greffe pour l'ultime toilette. Bontems est guillotiné par le bourreau André Obrecht à 5 h 13, et Buffet sept minutes plus tard. Cette exécution est la dernière à avoir eu lieu à Paris. Après Buffet et Bontems, quatre condamnés seront encore guillotinés en France. Révolté par cette exécution d'un homme qui n'avait pas tué, Robert Badinter décrit le procès et ses suites dans son livre L'Exécution (1973). Il poursuit dès lors avec opiniâtreté son combat contre la peine de mort qui, alors qu'il est devenu ministre de la Justice, est abolie le 9 octobre 1981 par un vote de l'Assemblée nationale.

Publié dans Banditisme

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