Un singe en hiver
Un singe en hiver, sorti en 1962, est un film français réalisé par Henri Verneuil. Comédie dramatique adaptée du roman éponyme d'Antoine Blondin, il est notamment interprété par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. En juin 1944, Albert Quentin, ancien fusilier marin en Indochine, est propriétaire d'un hôtel dans un village normand. Un beau jour où, une fois de plus, il a un peu trop bu, il prend brutalement conscience qu'il n'est plus sur le pont de son navire, quelque part dans la mer de Chine, mais dans son établissement, sous un intense bombardement allié. Il fait le serment de ne plus boire s'il en réchappe. Promesse tenue depuis lors, au grand plaisir de madame Quentin. Un soir d'hiver, le jeune Gabriel Fouquet arrive à l'hôtel et se met à boire pour oublier son mariage malheureux. Albert se prend d'affection pour son hôte et finit par partager avec lui une monumentale beuverie...
- Réalisation : Henri Verneuil
- Scénario : François Boyer, Henri Verneuil, Michel Audiard
- Adaptation : François Boyer d’après le roman éponyme d’Antoine Blondin
- Dialogues : Michel Audiard
- Premier assistant réalisateur : Claude Pinoteau
- Deuxième assistant réalisateur : Costa-Gavras
- Musique : Michel Magne, direction Jean Gitton
- Musique du tango Caminito : Juan de Dios Filiberto
- Photographie : Louis Page
- Son : Jean Rieul ; Marcel Corvaisier (perchman)
- Décors : Robert Clavel
- Photographe de plateau : Marcel Dole
- Générique : Jean Fouchet
- Montage : Monique Bonnot et Françoise Bonnot
- Production : Jacques Bar
- Direction de production : Léon Sanz, Georges Valon
- Sociétés de production : Cipra, Cité Films
- Société de distribution : UFA - Comacico
- Tournage : Studios Franstudio
- Tirage : Laboratoires Éclair, enregistrement Poste parisien, studios Franstudio
- Pays d'origine : France
- Langue originale : français
- Genre : comédie dramatique
- Format : noir et blanc - 35 mm – 2,35:1 (Totalvision) - mono
- Durée : 99 minutes
- Dates de sortie : France : 11 mai 1962 ; 13 novembre 2013 (ressortie), Allemagne de l'Ouest : 7 août 1962, États-Unis : 31 janvier 1963
- (fr) Classification CNC : tous publics, Art et Essai
- Visa de contrôle cinématographique N° 25.634 (délivré le 11 mai 1962)
- Jean Gabin : Albert Quentin, patron de l'hôtel « Stella »
- Jean-Paul Belmondo : Gabriel Fouquet
- Suzanne Flon : Suzanne Quentin, la femme d'Albert
- Gabrielle Dorziat : Mme Victoria, la directrice de la pension Dillon
- Hella Petri : Georgina, la patronne du bar
- Marcelle Arnold : l'infirmière de la pension
- Charles Bouillaud : le chauffeur de taxi
- Anne-Marie Coffinet : Simone, la serveuse de chez Esnault
- André Dalibert : Maurice, le brigadier
- Hélène Dieudonné : Joséphine, une habituée du café
- Geneviève Fontanel (de la Comédie-Française) : Marie-Jo, la serveuse de l'hôtel
- Gabriel Gobin : un habitué du café
- Sylviane Margollé : Marie Fouquet, la fille de Gabriel
- Lucien Raimbourg : le jardinier de la pension
- Hans Verner : un touriste allemand
- Paul Frankeur : Lucien Esnault, le patron du café
- Noël Roquevert : « Landru », le patron du « Chic Parisien »
- Camille Guérini : le maire du village (non crédité)
- Paul Mercey : le marchand de poissons (non crédité)
- René Hell : un habitué du café (non crédité)
- Edouard Francomme : un habitué du café (non crédité)
- Billy Kearns : un automobiliste américain (non crédité)
- Henri Verneuil : un officier allemand (non crédité)
Critique du 30/04/2016 Par Guillemette Odicino
Rencontre alcoolisée entre l'hôtelier Quentin et le jeune Fouquet. Ode amère aux voyages, ceux que l'on a faits durant sa jeunesse enfuie et ceux que l'on ne fera plus jamais. Pour retourner en Chine ou rêver que l'on torée dans une arène madrilène, il faut un certain véhicule : « Oh là, là ! Le véhicule, je le connais : je l'ai déjà pris. Et ce n'était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire. Monsieur Fouquet, moi aussi, il m'est arrivé de boire. Et ça m'envoyait un peu plus loin que l'Espagne. Le Yangzi Jiang, vous en avez entendu parler, du Yangzi Jiang ? Cela tient de la place dans une chambre, moi je vous le dis ! »
Gabin, le vieux briscard du cinéma français, et Belmondo, le jeune loup de la Nouvelle Vague, forment un duo grandiose : ils titubent ensemble, font des étincelles avec les dialogues d'Audiard, et en mettent plein la gueule aux Français moyens. Audiard adaptant Blondin, c'est le Picon avec la bière, la jacte célinienne au service de la mélancolie stendhalienne. Et la gueule de bois à la fin, quand on est sûr que l'hiver est là. — Guillemette Odicino
Film d'Henri Verneuil (France, 1962). Scénario : François Boyer et Michel Audiard, d'après Antoine Blondin. Image : Louis Page. Musique : Michel Magne. 100 mn. NB. Avec Jean Gabin : Quentin. Jean-Paul Belmondo : Fouquet. Suzanne Flon : Suzanne.
Genre : grandes gueules.
Belmondo, comédien fétiche de la Nouvelle Vague, face à Gabin, monstre sacré de la grande tradition française : le succès était garanti. Revue aujourd'hui, cette rencontre alcoolisée et éphémère entre deux paumés reste un immense numéro d'acteurs. La gouaille désabusée de l'un, les coups de gueule de l'autre enveloppent leurs rapports dans une atmosphère plus pathétique que drôle.
L'humanité et l'émotion qui habitaient le livre de Blondin n'ont pas résisté à la « chaude » camaraderie révélée par les dialogues d'Audiard. Dur, borné, perdu dans ses souvenirs exotiques (ah ! le Tonkin ! ah ! la Chine !), guerrier et machiste, l'hôtelier Quentin n'est guère sympathique. Gabin, grandiose, rend sa nostalgie de comptoir et son amertume de vieux colonial pitoyables. Cette nuit d'ivresse qu'il s'offre, alors qu'il ne boit plus depuis une promesse faite à sa femme sous les bombardements, devient l'exutoire de ses ressentiments. Au petit matin, il quittera Gabriel Fouquet pour retrouver sa solitude irascible aux côtés de Suzanne, épouse sensible et attentionnée (Suzanne Flon, remarquable), qu'il tient pour responsable de son mal de vivre.