Itinéraire d’un nazi, exécutant de la « Shoah par balles », mort dans son lit
Hans Krüger, en uniforme de la Wehrmacht pendant une de ses périodes au sein d’un régiment de défense antiaérienne. Source : Bundesarchiv, Berlin.
Le livre de Roland Tatreaux décrit toutes les étapes de la vie de Hans Krüger, né le 1 er juillet 1909 à Posen, ville polonaise alors annexée à l’Empire allemand.
Sa jeunesse, marquée par un engagement progressif au service de l’appareil national-socialiste, y est abordée avec précision.
Avant de sévir en Saône-et-Loire, Hans Krüger s’est cruellement illustré en Pologne, où il a organisé et pris une part active à de nombreux massacres de Juifs polonais entre le 3 août 1941 et l’été 1942. Plus de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie, fusillées sous les ordres de l’officier SS qui sera un des artisans de la « Shoah par balles », l’extermination des Juifs avant la mise en place des camps de la mort.
En 1943, Hans Krüger est muté en Saône-et-Loire et devient le chef de la Gestapo de Chalon-sur-Saône.
Durant l’été 1944, des résistants de Bourgogne et du Jura, emprisonnés à Chalon-sur-Saône, sont extraits de leur cellule et transportés dans les communes environnantes pour y être fusillés par des Allemands et des miliciens français, sous les ordres du SS Krüger. On dénombre cinquante-cinq victimes de cette féroce répression entre le 18 juillet et le 30 août 1944, avec un point culminant : 37 fusillés le 26 août.
« Le scénario est toujours le même, écrit Roland Tatreaux : les bourreaux font descendre les victimes des « tractions avant » par groupe de deux ou quatre ; une rafale de mitraillette les cloue au sol ; les corps sont abandonnés sur place ».
Alors que les Alliés gagnent du terrain, Krüger et ses sbires prennent la fuite le 3 septembre 1944. Fait prisonnier à la fin de la guerre, il est libéré une première fois en 1948.
En France, il sera condamné à deux reprises à la peine de mort par contumace pour les crimes commis en Saône-et-Loire.
Mais l’homme vivra de longues années en Allemagne, se lançant même dans la politique, avant d’être rattrapé par son passé et incarcéré en 1962. En 1968, il est condamné à la réclusion à perpétuité pour les crimes commis en Pologne. Il est finalement libéré en 1986, deux ans avant de mourir.