Christine Blasey Ford, émue, raconte la nuit où Brett Kavanaugh l'a agressée
Des larmes dans la voix, l'accusatrice du candidat de Donald Trump a répondu aux questions des sénateurs.
ETATS-UNIS - La voix tremblante de Christine Blasey Ford, qui accuse le candidat à la Cour suprême américaine Brett Kavanaugh d'agression sexuelle, en dit long sur sa difficulté à évoquer en public les faits. Ce jeudi 27 septembre, la victime de Brett Kavanaugh s'est dite "terrifiée" d'apparaître devant la commission judiciaire du Sénat, estimant toutefois que son témoignage était un "devoir civique".
"Je ne suis pas ici aujourd'hui parce que je le veux. Je suis terrifiée. Je suis ici parce que j'estime qu'il est de mon devoir civique de vous dire ce qui m'est arrivé lorsque Brett Kavanaugh et moi étions au lycée", a-t-elle dit, alors qu'elle accuse le juge Kavanaugh d'avoir tenté de la violer lors d'une soirée entre lycéens en 1982.
WATCH: Dr. Ford explains why she wanted a second front door in her home. pic.twitter.com/9DzTWx4wrA
— NBC News (@NBCNews) 27 septembre 2018
"J'ai été poussée sur le lit, puis Brett s'est mis sur moi... Il a commencé à faire courir ses mains sur mon corps... Il était lourd... Brett m'a tripotée et a essayé d'enlever mes vêtements. Il a eu du mal parce qu'il était vraiment ivre... Je pensais qu'il allait me violer. J'ai essayé d'appeler à l'aide. Quand je l'ai fait, Brett a mis sa main sur ma bouche. C'est ce qui a eu l'impact le plus durable sur ma vie. J'avais du mal à respirer et j'ai cru que Brett allait accidentellement me tuer... Kavanaugh et Judge riaient. Ils avaient l'air de passer un bon moment", a raconté Christine Blasey Ford.
Ces rires entre Brett Kavanaugh et Mark Judge ont d'ailleurs marqué Christine Blasey Ford, qui affirme qu'il s'agit de son souvenir le plus vivace ce soir-là. "Ce qui est indélébile dans mon esprit, ce sont les rires, les rires bruyants entre eux deux. Ils s'amusaient... à mes dépens. J'étais sous l'un d'entre eux pendant qu'ils riaient. Deux amis qui passaient un moment vraiment agréable", a-t-elle raconté.
Sen. Leahy: What is your strongest memory of the incident?
— NBC News (@NBCNews) 27 septembre 2018
Dr. Ford: "Indelible in the hippocampus is the laughter, the uproarious laughter between the two." pic.twitter.com/OpmSolmXDV
Un détail glaçant a particulièrement choqué. "La partie sur le rire est brutale. Crue. Effroyable à tous les niveaux", a tweeté un journaliste du Guardian.
Bloody hell... this laughter line is brutal. Raw. Appalling on so many levels.
— Paul Harris (@paulxharris) 27 septembre 2018
Trump pourrait revenir sur sa décision
Quelques heures avant l'audition, des détails de son récit avaient été dévoilés dans la presse.
"Je n'ai jamais parlé de ces détails à qui que ce soit", a-t-elle précisé en préambule, des sanglots dans la voix. "L'assaut de Brett sur moi a drastiquement bouleversé ma vie pendant très longtemps. Pendant très longtemps, j'avais trop peur et trop honte de le raconter en détails à qui que ce soit", a-t-elle dit pour expliquer pourquoi elle avait longtemps gardé le silence sur cette agression qui est revenue la "hanter épisodiquement" dans sa vie d'adulte.
Depuis qu'elle a pris la parole, Christine Blasey Ford a cependant été menacée à plusieurs reprises, ainsi que sa famille. "Les gens ont posté des informations personnelles sur mes parents et moi. Nous avons été obligés de quitter notre maison", a-t-elle déclaré.
"People have posted my personal information and that of my parents on-line on the internet..resulted in additional e-mail, calls and forced to move out of our home." - Dr. Ford on the harassment towards her and her family since her name was released. #KavanaughHearings pic.twitter.com/ur1pv9Dc5l
— Legal Defense Fund (@NAACP_LDF) 27 septembre 2018
Elle a également balayé tout doute sur l'identité de son agresseur. Interrogée sur ce point, elle a répondu "absolument pas". Elle s'est dite certaine, "de la même façon que je suis sûre de vous parler maintenant", répondant à la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.
Donald Trump, qui avait laissé entendre qu'il pourrait revenir sur la nomination de Brett Kavanaugh en fonction du témoignage de Christine Blasey Ford, a lui suivi l'audition à bord de l'Air Force One.