Maurice Robinet, dit Maurice Ronet, est un acteur et réalisateur français, né le 13 avril 1927 à Nice et mort le 14 mars 1983 à Paris.
Fils unique des comédiens Émile Ronet (Émile Robinet) et Paule de Breuil (Claire Salvi), mariés le 24 mars 1927 à Paris 12e, il découvre très tôt l'atmosphère et les difficultés du métier d'acteur, en accompagnant ses parents dans les tournées à travers toute la France. Bien que cette enfance ait été enrichissante, il ressent très rapidement le besoin de s'éloigner de cette famille heureuse au sein de laquelle il ressent une profonde solitude. Ce choix d'évasion le pousse à débuter très jeune, à 16 ans, au Centre du Spectacle de la Rue-Blanche où il reçoit ses premiers cours d'art dramatique avec Julien Bertheau, Maurice Donneaud ou encore Bernard Blier pour professeurs. Au conservatoire, il travaille sous la direction de Jean-Louis Barrault, René Simon et Maurice Leroy. À la fin de ses études, il foule les planches pour la première fois dans Les Parents terribles de Jean Cocteau, puis dans Un beau dimanche de Jean-Pierre Aumont sans oublier Roméo et Juliette où il incarne le rôle principal aux côtés de Nicole Berger.
Regrettant de n'avoir pas pu participer à la Libération de Paris, il veut prendre sa revanche, mais, à la fin de la guerre, lorsqu'il doit aller effectuer son service militaire, au lieu de se présenter, il part en tournée. Il ne fait ses débuts au cinéma qu'après la guerre, avec une première apparition dans le rôle de Roger Moulin dans Rendez-vous de Juillet de Jacques Becker. Il joue aux côtés de futures vedettes : Nicole Courcel, Daniel Gélin, Françoise Arnoul, Pierre Mondy entre autres. Pour la seconde fois (cela s'était déjà produit des années auparavant au théâtre), il incarne le fils de ses propres parents, Émile Ronet et Paule de Breuil, qui jouent les parents de Roger Moulin. Maurice Ronet devient un jeune premier du cinéma français. Pourtant, ce film et quelques autres, dont Un grand patron, sorti deux ans plus tard, lui donnent l'impression de ne pas vraiment progresser.
Il épouse en 1950 la comédienne Maria Pacôme, qui décide pour lui de quitter la scène et de s'adonner à son autre passion, la peinture. Elle reprendra son métier de comédienne en 1956, l'année de leur divorce. Les critiques le considèrent comme un espoir sûr du cinéma. Pourtant, il ne se cantonne pas vraiment à des rôles définis et joue dans des films très variés, tels que Les Sept Péchés capitaux en 1952, Lucrèce Borgia en 1953, Châteaux en Espagne en 1954. Il côtoie dès lors des réalisateurs tels qu'Yves Allégret, Jean Dréville, Christian-Jaque… En 1957, un de ses rôles les plus connus, celui de Julien Tavernier dans Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle qui est un grand succès, ouvre la série des nombreux rôles tragiques qu'il incarnera tout au long de sa carrière. Homme désespéré, meurtrier ou victime d'un assassinat, il incarnera aussi un personnage suicidaire quelques années plus tard dans Le Feu follet, un nouveau film de Louis Malle avec Jeanne Moreau, qui obtient le Grand prix du jury de la Mostra de Venise en 1963.
On peut situer le nouvel essor de sa carrière l'année de Plein Soleil, 1960, puisqu'il enchaînera les succès et entamera sa propre carrière de réalisateur avec Le Voleur du Tibidabo. À partir de cette époque-là, il s'essaie à toutes sortes de rôles, tente de dépasser ses propres limites pour comprendre un personnage et l'interpréter au mieux. Il joue aux côtés d'acteurs et actrices en vue, comme Romy Schneider et Alain Delon (La Piscine 1968). Il devient l’un des acteurs préférés de Claude Chabrol. En 1973, il publie son premier livre relatant sa découverte des dragons de l'île de Komodo et sort également un documentaire. Maurice Ronet a écrit plusieurs livres, dont un essai : Le Métier de comédien. Il était également musicien. Il était de ceux qui brûlent la vie par les deux bouts, comme le laisse entendre Éric Neuhoff dans son livre Les Insoumis : « Ce fut un grand vivant. Séduisant, insupportable, imprévisible, il aurait pu être un personnage de roman. » Il partage depuis 1980, date de leur mariage, sa vie avec Joséphine Chaplin, fille de Charlie Chaplin et d'Oona O'Neill, avec qui il a eu un fils, Julien, né en 1980. Il a appartenu à l'Association des amis de Robert Brasillach. L'acteur au « visage froissé » s'éteint en pleine gloire, à 55 ans, des suites d'un cancer du poumon. Il repose à Bonnieux dans le Luberon, lieu de sa résidence secondaire.
Filmographie
comme acteur
- 1949 : Rendez-vous de juillet, de Jacques Becker
- 1951 : Un grand patron, de Yves Ciampi
- 1952 : La Jeune Folle, de Yves Allégret
- 1952 : Les Sept Péchés capitaux, de Yves Allégret (segment La Luxure)
- 1953 : La Môme vert-de-gris, de Bernard Borderie
- 1953 : Horizons sans fin, de Jean Dréville
- 1953 : Lucrèce Borgia, de Christian-Jaque
- 1954 : À toi... toujours (Casta diva), de Carmine Gallone
- 1954 : Le Guérisseur, de Yves Ciampi
- 1954 : Châteaux en Espagne (El Torero), de René Wheeler
- 1954 : La Maison du souvenir (Casa Ricordi) de Carmine Gallone : Vincenzo Bellini
- 1955 : Gueule d'ange, de Marcel Blistène
- 1955 : Les Aristocrates, de Denys de La Patellière
- 1956 : La Sorcière, d'André Michel
- 1956 : Section des disparus, de Pierre Chenal
- 1957 : Celui qui doit mourir, de Jules Dassin
- 1958 : Ascenseur pour l'échafaud, de Louis Malle
- 1958 : Agent secret S.Z. (Carve Her Name with Pride), de Lewis Gilbert
- 1958 : Cette nuit-là, de Maurice Cazeneuve
- 1959 : Un jeudi comme les autres, de Daniel Wronecki (voix) (court-métrage)
- 1959 : Ce corps tant désiré, de Luis Saslavsky
- 1959 : Carmen de Grenade (Carmen la de Ronda), de Tulio Demicheli
- 1960 : Plein Soleil, de René Clément
- 1960 : Mon dernier tango (Mi último tango), de Luis César Amadori
- 1960 : Il Peccato degli anni verdi, de Leopoldo Trieste
- 1961 : Le Rendez-vous de minuit, de Roger Leenhardt
- 1961 : Les Grandes Personnes, de Jean Valère
- 1962 : Portrait-robot, de Paul Paviot
- 1962 : Liberté I, de Yves Ciampi
- 1962 : La Dénonciation, de Jacques Doniol-Valcroze
- 1963 : Casablanca nid d'espions, de Henri Decoin
- 1963 : Le Meurtrier, de Claude Autant-Lara
- 1963 : Tempête sur Ceylan (Das Todesauge von Ceylon), de Gerd Oswald et Giovanni Roccardi
- 1963 : Le Feu follet, de Louis Malle
- 1963 : Les Vainqueurs (The Victors), de Carl Foreman
- 1964 : Le Voleur du Tibidabo, de Maurice Ronet + scénariste -
- 1964 : Les Parias de la gloire, d'Henri Decoin
- 1964 : Donde tú estés, de Germán Lorente
- 1964 : La Ronde, de Roger Vadim
- 1965 : Trois chambres à Manhattan, de Marcel Carné
- 1966 : La Longue Marche, d'Alexandre Astruc
- 1966 : La Ligne de démarcation, de Claude Chabrol
- 1966 : Les Centurions (Lost Command), de Mark Robson
- 1966 : Amador, de Francisco Regueiro
- 1967 : Le Jardin des délices (Il Giardino delle delizie), de Silvano Agosti
- 1967 : Le Scandale, de Claude Chabrol
- 1967 : La Route de Corinthe, de Claude Chabrol
- 1968 : La Femme écarlate, de Jean Valère
- 1968 : Le Diable sous l'oreiller (Un Diablo bajo la almohada), de José María Forqué
- 1968 : Histoires extraordinaires, de Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim (voix)
- 1968 : How Sweet It Is!, Adorablement vôtre de Jerry Paris
- 1968 : Les oiseaux vont mourir au Pérou, de Romain Gary
- 1969 : Delphine, d'Éric Le Hung
- 1969 : La Femme infidèle, de Claude Chabrol
- 1969 : La Piscine, de Jacques Deray
- 1969 : Les Femmes, de Jean Aurel
- 1970 : Que fais-tu grande folle ? (Splendori e miserie di Madame Royale), de Vittorio Caprioli
- 1970 : La Modification, de Michel Worms
- 1970 : Le Dernier Saut, d'Édouard Luntz
- 1970 : Qui ?, de Léonard Keigel
- 1971 : Un peu, beaucoup, passionnément..., de Robert Enrico
- 1971 : Raphaël ou le Débauché, de Michel Deville
- 1971 : La Maison sous les arbres, de René Clément
- 1972 : Le Diable dans la tête (Il Diavolo nel cervello), de Sergio Sollima
- 1972 : La Chambre rouge, de Jean-Pierre Berckmans
- 1972 : L'Odeur des fauves, de Richard Balducci
- 1972 : Les Galets d'Étretat, de Sergio Gobbi
- 1973 : Sans sommation, de Bruno Gantillon
- 1973 : Don Juan 73 ou Si Don Juan était une femme..., de Roger Vadim
- 1973 : L'Affaire Crazy Capo, de Patrick Jamain
- 1973 : Séduction (La seduzione), de Fernando Di Leo
- 1974 : Commissariato di notturna, Commissariat de nuit de Guido Leoni
- 1974 : Marseille contrat (The Marseille Contract/The destructor), de Robert Parrish
- 1974 : Le Cri du cœur, de Claude Lallemand
- 1974 : Seul le vent connaît la réponse (Die Antwort kennt nur der Wind), d'Alfred Vohrer
- 1974 : Jackpot de Terence Young - film resté inachevé -
- 1975 : Bis zur bitteren Neige, de Gerd Oswald
- 1975 : La Messe dorée, de Beni Montresor
- 1976 : Oh mia bella matrigna!, de Guido Leoni
- 1976 : À l'ombre d'un été, de Jean-Louis van Belle
- 1976 : La Merde (Perché si uccidono), de Mauro Macario
- 1976 : Nuit d'or, de Serge Moati
- 1977 : Madame Claude, de Just Jaeckin
- 1977 : Mort d'un pourri, de Georges Lautner
- 1979 : Liés par le sang (Bloodline), de Terence Young
- 1981 : Sphinx, de Franklin J. Schaffner
- 1981 : Beau-père, de Bertrand Blier
- 1982 : La Guérilléra, de Pierre Kast et Antonio Tarruella
- 1982 : Un matin rouge, de Jean-Jacques Aublanc
- 1982 : La Balance, de Bob Swaim
- 1983 : Surprise Party, de Roger Vadim.
comme réalisateur
- 1964 : Le Voleur du Tibidabo
- 1973 : Vers l'île des dragons
- 1973 : Mozambique (TV)
- 1976 : Bartleby
- 1978 : Histoires insolites : Folies douces (TV)
- 1981 : Histoires extraordinaires : Le Scarabée d'or (TV)
- 1981 : Histoires extraordinaires : Ligeia (TV).
Télévision
- 1964 : Le Puits et le Pendule, d'Alexandre Astruc (court-métrage)
- 1971 : L'Heure éblouissante, de Jeannette Hubert
- 1976 : Peut-être en automne, de Jeannette Hubert
- 1976 : L'Homme de sable, de Jean-Paul Carrère
- 1977 : Emmenez-moi au Ritz, de Pierre Grimblat
- 1978 : Madame le juge, de Claude Barma (série : segment Monsieur Bais)
- 1978 : Histoires insolites : Folies douces, de Maurice Ronet
- 1978 : Les Magiciens du Futur, de Peter Sykes
- 1979 : Orient-Express, de Daniele D'Anza (feuilleton : segment Jenny)
- 1981 : L'Atterrissage, d'Éric Le Hung
- 1982 : Ce fut un bel été, de Jean Chapot
- 1982 : La Nuit du général Boulanger, d'Hervé Bromberger
- 1982 : La Déchirure, de Franck Apprederis.