« Caustique, anticonformiste », « aussi provocateur qu’attachant »…, les hommages à Mocky se multiplient

Publié le par Le Monde

Le monde du cinéma et de la politique a salué la carrière et la personnalité du réalisateur, mort jeudi.

Jean-Pierre Mocky, le 12 mai 2010 à Cannes. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Jean-Pierre Mocky, le 12 mai 2010 à Cannes. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Une grande gueule et un grand nom du cinéma s’en est allé. Depuis l’annonce de la mort de Jean-Pierre Mocky, jeudi 8 août, les hommages à cette figure volcanique du grand écran se multiplient.

Sa personnalité et son art atypiques ont été unanimement salués. Sur Twitter, Anne Hidalgo a rendu hommage à « un être à part dans son art comme dans la vie, avec un style reconnaissable au premier coup d’œil ».

Le ministre de la culture, Franck Riester, retient « un style, une gouaille, des amitiés, des coups de gueule et surtout du cinéma, son cinéma : unique, inclassable, provocateur et poétique ». « Sa liberté de ton et son regard sur le monde vont nous manquer », a-t-il ajouté.

« Il avait construit l’équivalent d’un Gainsbarre »

Une liberté de ton saluée avec humour par Richard Bohringer, qui a joué dans plusieurs films de Jean-Pierre Mocky. C’était « le plus gros emmerdeur du monde mais il avait un cœur énorme », a-t-il affirmé sur Franceinfo. Jean-François Stevenin, acteur en 1982 dans Y a-t-il un Français dans la salle, s’est émerveillé de la « liberté libertaire absolument magnifique » du réalisateur. Malgré son caractère parfois intimidant, « tout le monde voulait tourner avec lui, parce que c’était une expérience inoubliable », a-t-il affirmé.

Le fils de Mocky, Stanislas Nordey, a abondé sur Franceinfo : « Ce qu’il faudra retenir du cinéma de mon père, c’est cet amour absolu des acteurs. » Lui-même comédien et metteur en scène, M. Nordey s’est ému de cette « histoire du cinéma qui se clôt », même s’il est convaincu que l’on « va découvrir et redécouvrir sans cesse » l’œuvre de son père.

Celui qu’il appelle « Mocky » avait fait « un peu comme Gainsbourg », poursuit Stanislas Nordey, qui dirige depuis 2014 le Théâtre national de Strasbourg. « Il avait construit l’équivalent d’un Gainsbarre. Il avait cette image du loup solitaire, alors que c’était quelqu’un de très doux, de très généreux qui aimait les autres, qui aimait la vie », confie-t-il, parlant d’un cinéaste qui était « contre le système » et qui « poussait des coups de gueule contre les normes ».

Son dernier film en « fin de montage »

Sa fille, Olivia Mokiejewski, a aussi réagi vendredi, sur RTL. Le dernier film du réalisateur Tous flics est « en fin de montage », a-t-elle confié. Il voulait « délivrer un message dans l’urgence : si en ce moment, c’est les “gilets jaunes” il faut parler des “gilets jaunes”, après il sera trop tard », s’est souvenue sa fille. Quitte à avoir des moyens financiers limités pour produire ses films.

« Il aurait pu faire un film avec le budget de quatre », mais « il avait énormément de mal à boucler ses films, il regrettait de n’avoir pas assez de soutiens financiers, de producteurs autour de lui », a-t-elle rappelé au sujet de celui qu’on surnommait « l’anar du cinéma français ». Elle a aussi expliqué avoir « fait une démarche auprès de l’Académie des Césars pour qu’on lui rende hommage » avec ses frères même si leur père n’avait rien demandé et avait même « beaucoup critiqué les Césars », admet-elle.

« Un insurgé du quotidien »

Pour l’ancien ministre de la culture Jack Lang, « l’univers créatif de Jean-Pierre Mocky ne ressemblait à aucun autre ». C’est pour cela qu’il « avait une place à part mais très précieuse dans le cinéma français », a-t-il estimé sur Twitter. Lui aussi s’est amusé d’un « talentueux irrévérencieux et un insurgé du quotidien [dont la] filmographie était à son image : caustique, anticonformiste, loin des clichés ». Il n’hésitait d’ailleurs jamais à critiquer les institutions comme dans son film Le Miraculé, sorti en 1987, où il se moque de la religion et notamment du marché aux miracles de Lourdes.

Christian Estrosi a salué « ce “gamin” de Nice [qui] laissera un vide immense dans le cœur des Niçois » et qui était « aussi provocateur qu’attachant ». Sur les réseaux sociaux, des vidéos de ses coups de gueule foisonnent. Une façon de rendre hommage en riant à cet artiste du grand écran qui n’avait, décidément, pas sa langue dans sa poche.

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