En Ethiopie, le bilan de l’attaque par des hommes armés s’élève à plus de 200 morts
Cette attaque est la dernière en date d’une série meurtrière ces derniers mois dans l’ouest du pays. Selon des dirigeants locaux, ces attaques sont menées par des membres de l’ethnie Gumuz et motivées par des facteurs ethniques.
Abiy Ahmed, le premier ministre éthiopien, avait attribué en octobre les violences dans cette région à des combattants venus de l’Etat voisin soudanais du Nil-Bleu. PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / via REUTERS
Le bilan de l’attaque menée mercredi 23 décembre dans l’ouest de l’Ethiopie par des hommes armés est monté à 207 morts, selon un communiqué consulté samedi 26 décembre par l’Agence France-Presse (AFP) de la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC), qui faisait auparavant état de 100 victimes.
L’EHRC, organisme indépendant rattaché au gouvernement, a annoncé que des résidents de Metekel, une zone de la région du Benishangul-Gumuz, avaient été attaqués par balles mercredi avant l’aube, dans leur sommeil.
Cette attaque est la dernière en date d’une série meurtrière ces derniers mois dans cette zone où vivent notamment les ethnies Oromo, Amhara – les deux plus nombreuses du pays – et Shinasha. Selon des dirigeants locaux, ces attaques sont menées par des membres de l’ethnie Gumuz et motivées par des facteurs ethniques.
« Des milliers » de déplacés
« [La commission] continue de suivre avec les autorités compétentes la situation au Benishangul-Gumuz et confirme que le bilan de l’attaque qui a eu lieu (…) aux premières heures du 23 décembre 2020 est monté à 207 [morts] », précise le texte publié vendredi soir. « L’effort continue pour identifier les victimes avec l’aide des survivants et des cartes d’identité », ajoute la commission, précisant que les victimes, en majorité des hommes (133 tués), comptent aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées.
L’EHRC réitère son appel à l’envoi « en urgence d’aide humanitaire » et s’inquiète du nombre de déplacés, soulignant que plus de 10 000 résidents de la localité de Bekuji Kebele fuient en direction de la ville de Bulen, l’une des principales de la zone, qui accueille déjà « des milliers » de déplacés. « Les routes menant à la ville sont pleines de personnes déplacées et de leur bétail, qui marchent vers la ville », écrit la Commission. Jeudi, les autorités régionales ont annoncé que l’armée éthiopienne avait tué 42 hommes armés accusés d’avoir participé au massacre, sans préciser qui ils étaient.
Le premier ministre, Abiy Ahmed, qui a qualifié cette attaque de « tragédie », avait attribué en octobre les violences dans la zone à des combattants venus de l’Etat voisin soudanais du Nil-Bleu, où ils sont « armés et entraînés », et appelé Khartoum à régler le problème.
Il a affirmé jeudi que cette dernière attaque avait pour objectif d’« éparpiller l’importante force » mobilisée dans le cadre de l’opération militaire en cours au Tigré (nord) ; un conflit a priori sans rapport avec les violences dans le Benishangul-Gumuz.