Fin de cavale pour Erik Ferdinand, roi de l'évasion et figure du grand banditisme nîmois
L'individu, âgé d'une quarantaine d'années, a été interpellé jeudi matin après quinze mois dans la nature.
Dans les affaires d'évasion, le temps joue contre les délinquants et criminels en cavale. Erik Ferdinand, figure du grand banditisme nîmois, en a fait - une fois de plus - l'amère expérience jeudi. L'homme, récidiviste de l'évasion, a été interpellé dans une opération mobilisant le GIGN, a appris Le Figaro de sources concordantes, confirmant une information d'Objectif Gard. «La justice a le temps pour elle, ce temps est une force pour nous», salue le procureur de Nîmes, Éric Maurel, interrogé par nos soins. Cette arrestation met fin à une cavale de près de quinze mois pour le gardois, qui a été arrêté dans un chalet à Marguerittes (Gard), au domicile de personnes qui l'hébergeaient. «L'opération s'est faite sans la moindre difficulté», précise une source bien informée. Une autre source indique que des armes auraient été saisies sur place par les gendarmes. Plusieurs complices auraient participé à sa longue partie de cache-cache.
Erik Ferdinand, la quarantaine, s'était fait la malle le 13 septembre 2019. Il était alors jugé au palais de justice de Nîmes dans une gigantesque affaire de recouvrement clandestin de créances. Extorsion de fonds, incendie volontaire, l'individu était accusé d'avoir commis une série de délits entre 2008 et 2011, ainsi que d'avoir incité son ex-femme à traquer des noms dans les fichiers confidentiels de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). Sa culpabilité ne faisant aucun doute, la substitut du procureur de la République avait énoncé des réquisitions fortes: huit ans de prison ferme, mandat de dépôt, 50.000 euros d'amende et interdiction de séjour dans le Gard. Mais au moment du délibéré, l'homme ne s'est pas présenté au jugement. Il s'est alors mis en cavale.
Dès ce jour-là, les autorités ont mis en place un dispositif de recherche façon «fourmi» pour tenter de retrouver le fuyard. Recherche, collecte de renseignement, analyse... policiers et gendarmes ont tout mis en œuvre pour localiser leur cible au gré de ses déplacements. «Il a un peu bougé», évoque notre source, qui fait état d'une coopération avec les polices internationales dans cette affaire, ainsi que de la BNRF. Un mandat d'arrêt avait d'ailleurs été délivré à son encontre. Localisé depuis quelques jours dans le Gard, il s'agissait de trouver le bon moment, le bon endroit, pour être certain d'interpeller l'individu. Car ce véritable as de la fuite n'en est pas à son coup d'essai.
Multiples évasions
En 2007, Erik Ferdinand était incarcéré dans la prison de Lantin, près de Liège en Belgique. Il attendait alors son extradition vers l'Espagne, d'où il était déjà parvenu à s'évader lors d'une reconstitution. L'homme a pris contact avec deux complices, qui ont réservé des places pour un baptême de l'air à bord d'un hélicoptère. Profitant de cette occasion pour prendre en otage le pilote et l'instructeur, ils ont réussi à faire évader le détenu nîmois, après s'être posés dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire. Les comparses ont rapidement délaissé l'hélicoptère pour la voiture, moyen de transport plus discret, poursuivant leur cavale jusqu'en Italie, sur l'île de Mirano. Ils seront arrêtés six semaines plus tard par la brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF).
Condamné à plusieurs reprises pour des braquages et des prises d'otage, Erik Ferdinand a multiplié les frasques. La société de recouvrement de créance à laquelle il participait utilisait des méthodes particulièrement musclées. Des chefs d'entreprises véreux faisaient appel à ces «gros bras» pour régler leurs impayés par la bagarre. «On s'est aperçu que des voyous se rendaient chez des patrons pour réclamer de l'argent», expliquait une source proche du dossier à Aujourd'hui en France, en 2012. «C'est un dangereux, qui n'a jamais cessé ses frasques», commente une source bien informée au Figaro. Il est désormais hors d'état de nuire.