Décès de la poète et peintre libanaise Etel Adnan à Paris
La peintre et poète libanaise Etel Adnan est décédée dans son domicile parisien à 96 ans, apprend-on ce dimanche 14 novembre.
La peintre et poète libanaise Etel Adnan, issue d’un brassage de cultures qui a marqué son oeuvre, est décédée à Paris à l’âge de 96 ans, a annoncé dimanche 14 novembre sa compagne Simone Fattal à l’AFP. « Elle est décédée dans son domicile parisien à 96 ans », a précisé la peintre, sculptrice et céramiste libano-américaine.
Des liens forts avec la France
Etel Adnan est née en 1925 à Beyrouth d’un père syrien musulman et d’une mère grecque chrétienne et a fait sa scolarité dans des écoles françaises, avant de partir à La Sorbonne étudier la philosophie.
En 1955, elle part aux États-Unis et enseigne par la suite la philosophie de l’art en Californie jusqu’en 1972. Marquée par la guerre d’Algérie, elle se détourne de la langue française pour écrire des poèmes en anglais et se lancer dans la peinture.
Elle retourne au Liban au début des années 1970 où elle travaille comme journaliste et y demeure jusqu’en 1976, avant de repartir en Californie, avec de nombreux séjours à Paris.
En 1977, elle publie un roman, Sitt Marie-Rose, sur la guerre civile libanaise. Il est traduit dans une dizaine de langues et reçoit le prix France-Pays Arabes.
Si Etel Adnan a surtout écrit en anglais, une autre oeuvre majeure, son recueil de poèmes L’apocalypse arabe, a été rédigée en français. Elle a aussi écrit pour l’opéra.
Une exposition en cours à Metz
L’ancien ministre de la Culture Jack Lang, à la tête de l’Institut du monde arabe à Paris, a salué sur les réseaux sociaux la mémoire d’une « âme poétique et colorée ».
Le Centre Pompidou a salué le « fascinant travail, entre écriture, dessin et poésie » d’Etel Adnan, qui a eu l’idée de l’exposition en cours depuis début novembre à Metz (est de la France). Y sont exposés des leporellos de la poétesse, ces livres-accordéon qui se déplient et peuvent faire près de 10 mètres de long. Elle y a recopié des poèmes d’auteurs irakiens contemporains, notamment Abd el-Wahhab al-Bayyati et Badr Shakir al-Sayyab, avec qui elle était amie.
Sur ces leporellos, Etel Adnan expliquait « dessiner l’arabe » plus que l’écrire, une langue qu’elle entendait enfant, puis qu’elle a réapprise sur le tard et qu’elle avait indiqué n’avoir jamais totalement maîtrisée.
« J’ai une passion pour le monde arabe ; nous sommes la région des trois religions monothéistes. Or la religion n’est pas qu’une théologie c’est aussi une culture, nous avons un héritage incroyable », expliquait-elle dans un entretien à l’AFP en juillet.
Connue pendant des décennies pour son oeuvre littéraire, elle a été reconnue sur le tard pour sa peinture. « On me dit que ma peinture a de la poésie », confiait-elle.