Crise ukrainienne : le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit à la demande des Etats-Unis
En massant des dizaines de milliers de soldats à sa frontière avec l’Ukraine, la Russie a alimenté chez les Occidentaux les craintes d’une nouvelle offensive, après l’annexion de la péninsule de Crimée en 2014 et en soutenant les séparatistes du Donbass.
Des militaires ukrainiens entraînent des civils au maniement des armes, à Kiev, le 30 janvier 2022. GLEB GARANICH / REUTERS
L’Ukraine a appelé, dimanche, la Russie à retirer ses troupes massées le long de la frontière entre les deux pays et à poursuivre le dialogue avec les Occidentaux si elle souhaite une désescalade des tensions. Cette demande intervient alors que le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) se réunit, lundi 31 janvier, sur la crise ukrainienne à la demande de Washington qui, avec ses alliés de l’OTAN, intensifie ses efforts pour dissuader Moscou d’envahir l’Ukraine, tout en préparant de nouvelles sanctions contre la Russie.
« Plus de 100 000 soldats russes sont déployés à la frontière ukrainienne et la Russie se livre à d’autres actes de déstabilisation visant l’Ukraine, ce qui constitue une menace claire pour la paix et la sécurité internationales et la charte des Nations unies », a affirmé, il y a quelques jours, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.
La Russie tentera probablement d’empêcher les quinze membres du Conseil de tenir la réunion, « mais le Conseil de sécurité est uni. Nos voix sont unies pour demander aux Russes de s’expliquer », a affirmé, dimanche, sur ABC l’ambassadrice américaine à l’ONU. « Nous allons entrer dans la salle, prêts à les écouter, mais nous n’allons pas nous laisser distraire par leur propagande, a-t-elle ajouté. Et nous allons être prêts à répondre à toute désinformation qu’ils tenteront de diffuser au cours de cette réunion. »
La Russie est accusée depuis la fin 2021 d’avoir massé jusqu’à 100 000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une attaque. Moscou nie tout projet en ce sens, tout en réclamant des garanties écrites pour sa sécurité, dont le rejet d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et la fin du renforcement militaire de l’Alliance atlantique à l’est. Cette demande-clé a été rejetée par les Etats-Unis cette semaine dans une réponse écrite à Moscou. Le Kremlin a demandé réfléchir encore.
Plusieurs pays occidentaux ont annoncé, ces derniers jours, l’envoi de nouveaux contingents en Europe orientale. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, va proposer cette semaine à l’OTAN un déploiement de troupes pour répondre à « l’hostilité russe » envers l’Ukraine. Une annonce appréciée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, qui ont tous deux salué le « leadership » britannique.
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, son homologue allemande Annalena Baerbock ainsi que le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, sont attendus cette semaine à Kiev.
La ministre de la défense canadienne, Anita Anand, dont le pays fournit une assistance militaire à l’Ukraine, y est arrivée dimanche pour une visite de deux jours. Elle a annoncé le déplacement des troupes militaires canadiennes dans l’ouest de l’Ukraine et le rapatriement temporaire de tous les employés non essentiels en poste à son ambassade de Kiev.
Menaces de sanctions économiques
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont brandi la menace de nouvelles sanctions contre la Russie. Londres a dit vouloir cibler les intérêts russes « qui intéressent directement le Kremlin ». A Washington, deux élus démocrate et républicain ont affirmé que le Congrès était proche d’un accord sur un projet de loi prévoyant de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.
Parmi l’arsenal de sanctions évoquées, le Royaume-Uni comme les Etats-Unis envisagent de cibler le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, ou encore l’accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux.
Face à la perspective de ces nouvelles sanctions, Moscou a réclamé d’être traité sur un pied d’égalité par Washington. « Nous voulons de bonnes relations, équitables, mutuellement respectueuses et égales avec les Etats-Unis, comme avec tout autre pays du monde », a déclaré à la télévision le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La Russie « ne veut pas rester dans une position où [sa] sécurité est régulièrement violée », a poursuivi M. Lavrov.
La Russie va demander à l’Alliance atlantique de dire clairement comment elle entend répondre à ses préoccupations sécuritaires, a déclaré, dimanche, M. Lavrov. « Aujourd’hui, via le ministère des affaires étrangères, nous adressons une demande officielle à nos collègues de l’Alliance et de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] en les priant d’expliquer au plus vite la manière dont ils entendent respecter leurs engagements de ne pas renforcer leur sécurité au détriment de la sécurité des autres », a déclaré le chef de la diplomatie russe.