Kazakhstan. Des dizaines de manifestants tués, les troupes russes arrivent en renfort
Des troupes russes et de pays alliés de Moscou se déploient pour aider le régime à rétablir l’ordre au Kazakhstan où des émeutes ont éclaté face à la flambée des prix du carburant. Une crise qui a déjà fait des dizaines de morts chez les manifestants et au moins un millier de blessés.
Les forces de sécurité kazakhes ont été dépassées par la virulence des manifestants. D’où le recours aux forces russes et de l’OTSC. | EPA/MAXPPP
Au temps pour Moscou… Le Kremlin avait appelé, mercredi 5 janvier 2022, à résoudre la crise au Kazakhstan par le dialogue et non par des émeutes de rues et la violation des lois
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Moscou s’implique directement
Le dialogue aura fait long feu puisque, d’une part, le régime du président a choisi l’épreuve de force en lançant ses forces armées à la reconquête des villes et quartiers en proie aux manifestations et aux émeutes. Et que, d’autre part, il a demandé l’assistance de la Russie voisine et de ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Les pays de cette organisation ont annoncé l’envoi d’une force collective de maintien de la paix
chez leur voisin d’Asie centrale.
Oyuna gelme kardeş #Kazakistan ellerini ovuşturanlara fırsat verme. #Kazakhstan #KazakhstanProtests pic.twitter.com/OXHNnY8aPW
— Süleyman AKSU (@suleymanaksu) January 6, 2022
La crise a été provoquée par la hausse des prix du carburant samedi dernier. Le vaste mouvement de contestation à travers le pays a basculé dans la violence. Cette crise a déjà fait des dizaines de morts et au moins un millier de blessés dont douze tués chez les forces de l’ordre et 353 blessés.
L’intervention de l’OTSC, un développement critique.
Une force collective de maintien de la paix de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a été envoyée au Kazakhstan pour une période limitée afin de stabiliser et de normaliser la situation
, a indiqué, ce jeudi matin, cette alliance militaire dans un communiqué diffusé sur Telegram par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
Comprenant des troupes russes, et probablement des contingents bélarusses, arméniens, tadjikes et kirghizes, leur mission sera de protéger les installations étatiques et militaires
et d’aider les forces de l’ordre kazakhes à stabiliser la situation et rétablir l’état de droit
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Une intervention militaire non sans risque
Effectivement, le suivi du trafic aérien montre des vols d’Antonov et d’Iliouchine russes en direction du Kazakhstan. Ces appareils appartiennent bien à l’armée de l’air russe. Ils auraient transporté des parachutistes qui ont été déployés à Almaty.
On ignore encore quel sera l’apport des autres pays de l’OTSC (Kazakhstan, Kirghizistan, Arménie, Russie, Tadjikistan, Biélorussie). Mais ces pays ne disposent pas des mêmes moyens d’intervention militaires que la Russie. Toutefois, l’Arménie, qui assure actuellement la présidence de l’OTSC, a confirmé ce matin sa participation à cette opération de stabilisation. Pour les Russes, il s’agit de démontrer qu’ils n’agissent pas seuls
, explique Marie Dumoulin, directrice de programme à l’European Council on Foreign Relations (ECFR). Cette intervention des Russes, et de leurs alliés, n’est pas sans risques car elle pourrait perturber les équilibres ethniques au Kazakhstan
. En outre, avec les interventions militaires russes, on sait quand elles commencent, mais pas quand elles se terminent
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Aucune réaction des Occidentaux
Le président kazakh Kassim-Jomart Tokaïev a donc à l’évidence choisi l’épreuve de force. Il a décidé d’envoyer un double message : de fermeté d’une part aux manifestants, de loyauté d’autre part vis-à-vis de Moscou
, poursuit Marie Dumoulin.
Pour l’heure, en ce jeudi matin, les Occidentaux n’ont pas réagi à l’annonce russe et à l’arrivée des premières troupes. Mais, avec cette intervention militaire, les tensions actuelles entre Moscou et les capitales occidentales ne vont pas s’en trouver atténuées.