Présidentielle, second tour : pourquoi certains sondeurs ont sous-estimé le vote Macron
Le chef de l’Etat a obtenu 58,54% des voix au second tour de l’élection présidentielle, d’après les résultats définitifs. En prenant en compte les marges d’erreur, seuls deux sondages, dont Ipsos-Sopra Steria pour Le Parisien, France Télévisions, avaient correctement « anticipé » le score final.
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Emmanuel Macron l'a emporté face à Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Collage Datagif pour Le Parisien
Finalement, la victoire aura été large. Emmanuel Macron a battu Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle avec 58,54 % des voix contre 41,46 % pour la candidate RN, d’après les résultats complets communiqués dans la nuit de dimanche à lundi par le ministère de l’Intérieur.
Ce score obtenu par le président-candidat est plus élevé que les derniers taux d’intentions de vote, communiqués par les instituts de sondage vendredi. En prenant en compte la marge d’erreur, qui dépend notamment de la taille de l’échantillon sondé, seuls deux instituts, Ipsos-Sopra Steria (pour Le Parisien, France Télévisions et Radio France) et OpinionWay englobaient un tel 58,54 % des voix. La barre s’arrêtait à 58,4 % pour Elabe, à 58,1 % pour Cluster 17, à 57,3 % pour Harris Interactive, à 56,8 % pour l’Ifop ou à 55,6 % pour Odoxa.
« Front républicain de dernière minute »
Pour Erwan Lestrohan, directeur Conseil chez Odoxa, ce scénario « montre que les électeurs hésitants se sont largement tournés vers Emmanuel Macron, consacrant comme en 2015 l’existence d’un Front républicain de dernière minute ». « On a aussi moins de bulletins blancs et nuls qu’attendu, laissant supposer que cette conversion au vote de barrage au RN s’est produite dans la dernière ligne droite », poursuit-il auprès du Parisien.
D’après les différentes enquêtes réalisées le jour du vote, entre 15 % et 30 % des Français répondent avoir décidé de leur bulletin de vote dans les tout derniers jours.
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« On observe un Front républicain qui s’est accéléré sur la fin. Des abstentionnistes et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se sont finalement décidés à voter pour Emmanuel Macron, avant tout pour faire barrage au RN », avance Jean-Daniel Levy, directeur délégué d’Harris Interactive. « Les reports de voix en faveur d’Emmanuel Macron ont été plus importants qu’anticipé dans les enquêtes », appuie la politologue Chloé Morin.
Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop, explique de son côté qu’il ne voit « pas d’élément explicatif majeur » à cette sous-estimation. Outre un plus fort report de voix en faveur d’Emmanuel Macron, « il y a peut-être aussi eu une démobilisation relative d’électeurs de Marine Le Pen », avance-t-il. Ce qui, mécaniquement, aurait pu faire grimper le score du président-candidat.
Tendance favorable à Macron
Au premier tour également, les sondeurs avaient sous-estimé le vote Macron car ils avaient mal anticipé le « vote utile » en sa faveur. Reste qu’ils ne se sont pas totalement « ratés » à proprement parler au second tour En effet, les enquêtes publiées vendredi ne sont qu’une photo à l’instant T, comme il est de coutume de rappeler. Or, la tendance sur les derniers jours de campagne montrait une hausse des intentions de vote pour Emmanuel Macron (sauf pour Odoxa), notamment dans la foulée du débat d’entre-deux-tours.
L’écart entre les scores publiés vendredi et celui véritablement obtenu le dimanche peut donc se voir comme le prolongement de cette tendance. « Il ne faut pas trop en demander aux sondages. Vendredi, on avait tous ce bon scénario (d’une réélection d’Emmanuel Macron) », insiste Jean-Daniel Levy. Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, estimait samedi dans Le Parisien qu’ « une inversion totale des résultats, un croisement des courbes », était « très improbable ».