30 avril 1945, Hitler se suicide : 77 ans après, ils n'oublient pas à quoi peuvent conduire les idéologies de la haine

Publié le par La Dépêche par Béatrice Dillies

Le 30 avril 1945, Adolf Hitler se donnait le mort dans son bunker, au centre de Berlin, alors que les forces armées soviétiques approchaient. Par une étrange falsification de l'histoire, voilà que, 77 ans après, leurs descendants prétendent maintenant "dénazifier" l'Ukraine sous la bannière russe alors même que cet ancien état satellite s'est doté d'un président juif, Volodymyr Zelensky, élu avec 73% des voix il y a deux ans. Une réécriture de l'histoire que ne comprennent pas les rescapés de la Shoah.

3000 personnes ont participé à la Marche des vivants le jeudi 28 avril à Auschwitz. AFP - Capture d'écran vidéo

3000 personnes ont participé à la Marche des vivants le jeudi 28 avril à Auschwitz. AFP - Capture d'écran vidéo

Retour de la Marche des vivants à Auschwitz, après deux années de pandémie. Cette journée de commémoration de la Shoah avait malgré tout un goût amer pour bon nombre des participants, jeudi, alors que la guerre en Ukraine en était à son soixante-quatrième jour. Une guerre que Vladimir Poutine a justifiée par sa prétention à "dénazifier" un Etat qui s'est doté d'un président juif deux ans plus tôt et qui a relégué le parti d'extrême droite à 2% des voix en avril 2019. 

Alors, devant la célèbre formule nazie "Arbeit macht frei" ("le travail rend libre") qui surplombe encore l'entrée de l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau, Agnès Kaposi s'interroge. Cette survivante de la Shoah fait partie des 3000 personnes venues se recueillir ce jour-là en Pologne, pays en première ligne pour accueillir les réfugiés ukrainiens. Devant la caméra de l'AFP, elle dit sa tristesse et son incompréhension devant ce nouveau drame de l'histoire. "Quand je lis ce qui arrive à ces gens, je me rappelle soudainement des choses qui me sont arrivées à moi et aux personnes que j'aimais, et c'est terrible. Je trouve ça désespérément triste que le monde n'ait pas retenu les leçons de l'holocauste. Et depuis, les hommes commettent des atrocités les uns contre les autres. C'est désespérément triste que ça arrive aux Ukrainiens."

Mais comment les Russes auraient-ils pu retenir les leçons de l'histoire quand les deux principaux idéologues du régime de Vladimir Poutine, Alexander Dugin et Alexander Prokhanov, rendent les Juifs responsables... de l'holocauste dont les vraies victimes seraient - selon eux - les chrétiens orthodoxes russes! Une idéologie qui amène Jason Stanley, un célèbre épistémologue américain, à voir dans Vladimir Poutine le véritable leader de l'extrême droite mondiale. 

À l'ère de la postvérité où la manipulation des émotions prend le pas sur les faits objectifs, il y a toutefois des raisons d'espérer pour Agnès. Pour la première fois, une délégation arabe israélienne a participé à la Marche des vivants à Auschwitz avec un groupe composé de musulmans, de chrétiens et de druzes israéliens qui se sont entretenus avec des survivants du camp, le jeudi 28 avril. "Nous voulons comprendre la douleur", a expliqué un des jeunes alors que la marche comprenait également pour la première fois une délégation officielle des Émirats arabes unis et une cérémonie en arabe. Et si les délégués venus de Syrie et du Liban, d'Arabie saoudite, de Jordanie, d'Égypte, du Maroc, de Turquie et de Jérusalem-Est réconciliaient les pessimistes avec l'avenir!  

Publié dans Articles de Presse

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