Décès de Françoise Rudetzki, célèbre porte-parole des victimes d’attentats
Elle-même grièvement blessée lors de l’attentat du Grand Véfour, elle avait créé la première association de défense des victimes d’actes de terrorisme.
Elle était l'inlassable porte-parole des victimes du terrorisme. Françoise Rudetzki, elle-même grièvement blessée lors de l'attentat du grand Véfour en 1983, est décédée dans la nuit de mardi à mercredi à Paris, à l'âge de 73 ans, a appris l'Agence France-Presse auprès de sa famille. Elle avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'actes de terrorisme, en décembre 1985, puis avait obtenu, dès 1986, la création du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme. « Jusqu'au bout, elle aura milité pour la reconnaissance et la prise en charge des victimes d'attentats », a indiqué à l'Agence France-Presse sa fille Deborah Rudetzki, contactée par téléphone.
Dès 1986, elle avait obtenu la création du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme, financé par un petit prélèvement sur chaque contrat d'assurance de biens, une garantie étendue en 1990 à l'ensemble des victimes d'infractions pénales (viols, agressions, braquages). « Jusqu'à son décès », elle est restée « membre du conseil d'administration » du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et autres infractions (FGTI), ont indiqué dans leur communiqué les familles Rudetzki et Dab.
Le 23 décembre 1983, Françoise Rudetzki avait été victime d'un attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour, sous les arcades du Palais-Royal, à Paris, où elle fêtait ses dix ans de mariage avec son mari. L'explosion avait projeté une porte métallique qui avait écrasé les jambes de la jeune femme d'affaires. « À cette époque, on ne parlait jamais des victimes », avait plus tard confié à l'Agence France Presse Françoise Rudetzki. « Le mot “victime” était un peu comme un mot qu'il ne fallait pas prononcer, et seuls les médecins s'occupaient des victimes. »
Cannes anglaises
Par la suite, les chroniqueurs judiciaires l'auront croisée d'innombrables fois aux audiences et dans les couloirs du palais de justice de Paris, où elle se déplaçait à l'aide des cannes anglaises, elle qui, après l'attentat, avait subi des dizaines d'opérations. « Françoise Rudetzki a toujours voulu se battre pour la dignité, pour la reconnaissance des droits » des victimes, et « elle ne lâche jamais prise », avait déclaré le président François Hollande en lui rendant hommage en 2016 à l'Élysée, avant de la décorer de l'Ordre national du mérite.
Elle avait réussi à faire reconnaître aux victimes du terrorisme le statut de victimes civiles de guerre et la possibilité pour les associations de se porter parties civiles lors des procès. Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale, ont indiqué ses proches.