«Intérim», «technocrate socialiste», «excellente nouvelle»... la nomination d'Élisabeth Borne à Matignon divise la classe politique
Celle qui a été successivement, depuis 2017, ministre des Transports, de la Transition écologique, et du Travail vient d'être choisie par le président de la République pour lancer son deuxième quinquennat.
C'est fait. Après plus de trois semaines de tergiversations et de tractations au plus haut sommet de l'État, Élisabeth Borne, ancienne ministre du Travail, de l'emploi et de l'Insertion professionnelle dans l'ancien gouvernement Castex vient donc d'être choisie par le président de la République pour redonner du souffle à son action alors que son deuxième mandat a commencé samedi dernier. Son nom circulait depuis plusieurs semaines.
Si l'arrivée d'Élisabeth Borne à Matignon n'est pas une surprise, elle ne suscite pas d'enthousiasme dans les rangs de l'opposition. Bien au contraire. Lorgnant Matignon en vue des prochaines législatives, Jean-Luc Mélenchon n'a même pas attendu l'annonce officielle pour pouvoir dégainer le premier. «Grande tension avant la nomination de mon prédécesseur. Sera-t-elle de droite ou bien de droite ? Personne ne veut le job. C'est un CDD de mission d'intérim», a raillé le député des Bouches-du-Rhône sur Twitter, qui a proposé à la nouvelle cheffe du gouvernement un «débat public».
Pour le leader des Insoumis, qui s'attend à «une nouvelle saison de maltraitance sociale», «il existe une possibilité, pour les Français, de renvoyer Madame Borne et de faire un autre choix avec (sa) candidature au poste de premier ministre.» Sur RTL, son ancien concurrent communiste Fabien Roussel, lui, «craint que le président de la République ne s'entête et qu'il ait trouvé en Madame Borne sa Madame Thatcher et ça, c'est une mauvaise nouvelle pour les salariés et le monde du travail.»
Grande tension avant la nomination de mon prédécesseur. Sera-t-elle de droite ou bien de droite ? Personne ne veut le job. C'est un CDD de mission d'intérim. #PremierMinistre
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) May 16, 2022
De l'autre côté de l'échiquier politique, on ne se réjouit pas non plus de cette nomination. «En nommant Élisabeth Borne comme Premier Ministre, Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l'État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme», s'est notamment lamenté Marine Le Pen. Et son ancien adversaire nationaliste Éric Zemmour de rajouter à BFMTV : «2022 sera donc l'année de la soumission à la gauche. Macron nomme une Première ministre de gauche. Mélenchon unit la gauche. Le Pen drague la gauche. LR se soumet à la gauche. Seul Reconquête! résiste et assume d'être le grand mouvement populaire de droite.»
La nomination d’@Elisabeth_Borne à #Matignon est une excellente nouvelle pour la France.
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) May 16, 2022
Pendant 5 ans, sur les thématiques des transports, de l’environnement comme de l’emploi, j’ai pu mesurer sa compétence et son engagement pour la #France.@EmmanuelMacron fait un bon choix. pic.twitter.com/XnL4mYcqBD
Quant à la droite, elle semble plus que jamais divisée face à cette nouvelle. Si Valérie Pécresse a loué un «le parcours d'engagement nécessaire pour devenir la 2e femme première ministre de notre pays» tout en lui «souhaitant le meilleur pour la France», son ancien adversaire Éric Ciotti a fait entendre une autre musique. «Macron vient de choisir comme premier ministre une technocrate socialiste. Retour à la case départ, il a commencé à gauche et terminera à gauche. Humiliation pour ceux qui pensaient qu'il allait faire une politique de droite. Pensées attristées pour ceux qui ont cru en lui», a tancé le député LR des Alpes-Maritimes. Quant à la présidente du Grand Reims Catherine Vautrin, dont le nom a aussi circulé pour Matignon ces derniers jours, elle considère que «le Président de la République a fait le choix, tant attendu, de nommer en la personne d'Élisabeth Borne, une femme à Matignon. Elle veut l'en remercier sincèrement.»
Sans surprise, la majorité a applaudi cette désignation. Avant même le communiqué officiel, le président de la région PACA Renaud Muselier a donc plébiscité «une excellente nouvelle pour la France», tout en louant la «compétence» et l'«engagement» de la nouvelle première ministre. Pour lui, Emmanuel Macron a fait «un bon choix». Invité de France 5, le patron des députés LREM Christophe Castaner a vanté une «femme de caractère et une femme qui s'est forgée dans le travail. Par le travail. Qui porte un niveau d'exigence, (qu'il) connaît bien, du quotidien.» Et d'ajouter que «maintenant, elle va devoir mener le projet d'Emmanuel Macron avec l'animation politique d'un gouvernement.»