Guerre en Ukraine : les forces ukrainiennes se retirent de Sievierodonetsk
Les Ukrainiens ont dû quitter cette ville bombardée depuis des semaines et qui représente une étape cruciale dans le plan russe de conquête du Donbass.
Des reservistes ukrainiens qui se sont rendus font la queue devant la colonie de Sirotino, a la peripherie de Sievierodonetsk, le 20 juin 2022. Des réservistes ukrainiens qui se sont rendus font la queue devant la colonie de Sirotino, à la périphérie de Sievierodonetsk, le 20 juin 2022. © VIKTOR ANTONYUK / Sputnik / Sputnik via AFP
Vendredi 24 juin, les Ukrainiens ont donné l'ordre à leurs forces de se retirer de la ville stratégique de Sievierodonetsk, signe des avancées de Moscou vers son objectif de conquête totale du Donbass (Est). La veille à Bruxelles, les 27 pays de l'Union européenne avaient entériné la candidature de l'Ukraine, une étape hautement symbolique après quatre mois d'invasion russe.
Dans le Sud sous contrôle russe, un fonctionnaire de l'administration d'occupation a été tué dans un attentat. C'est la première fois que les autorités prorusses annoncent la mort d'un des leurs dans ce type d'attaques, qui se multiplient. Bombardée par les forces russes depuis des semaines, Sievierodonetsk est une étape cruciale dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, un bassin industriel de l'est de l'Ukraine déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Sievierodonetsk et Lyssytchansk encerclées
Sievierodonetsk et sa ville-jumelle Lyssytchansk, située juste de l'autre côté de la rivière Donets, sont aujourd'hui quasiment encerclées par les forces russes, qui grignotent chaque jour un peu plus de territoires alentour. Les séparatistes prorusses ont indiqué sur Telegram que tous les villages de la zone de Guirské étaient déjà sous contrôle russe ou prorusse.
Lyssytchansk semblait se préparer jeudi à l'arrivée des Russes. Le principal commissariat de police était fermé, après avoir été bombardé lundi. À l'entrée de la ville, en partie privée d'eau, de gaz et d'électricité, des soldats ukrainiens creusaient des tranchées, apparemment en préparation d'un assaut russe. Autre signe des difficultés militaires ukrainiennes, plus « aucune ville » de la zone placée sous son administration ne serait « sûre » pour ses habitants, les combats y étant trop violents, selon le gouverneur de Donetsk.
L'espoir de livraisons d'armes lourdes
Ces dernières semaines, les forces ukrainiennes sont repassées à l'offensive dans la zone pour tenter de reprendre des territoires perdus depuis l'invasion du 24 février. Et les attaques visant des responsables de l'occupation, dont plusieurs ont été blessés, se sont multipliées en parallèle dans la région de Kherson et celle voisine de Zaporijjia. La Russie a par ailleurs intensifié depuis plusieurs jours son offensive sur la grande ville de Kharkiv, dans le Nord-Est. L'armée russe a affirmé vendredi avoir tué avec « des armes de haute précision » plus de 200 mercenaires étrangers et une centaine de nationalistes ukrainiens dans les régions de Mykolaïv (Sud) et de Kharkiv.
Mises à mal par la puissance de feu russe, les forces ukrainiennes fondent désormais leurs espoirs sur l'arrivée d'armements lourds réclamés sans relâche aux alliés occidentaux, comme les lance-roquettes multiples américains Himars, dont Kiev a annoncé l'arrivée jeudi en prédisant que « l'été sera chaud pour les occupants russes ». À la frontière, le nombre d'Ukrainiens qui arrivent en Pologne dépasse cette semaine celui des retours, renversant la tendance observée depuis plus d'un mois. Cette évolution survient alors que les forces russes poursuivent les bombardements des grandes villes et que la destruction de certaines grandes entreprises, telle la raffinerie de pétrole de Krementchouk, laissent des milliers de personnes sans travail.