Mort de Claude Véga, père de l’imitation moderne

Publié le par Le Monde avec AFP

Il a été le premier homme à incarner sur scène des célébrités féminines, croquant avec talent Barbara, Maria Callas ou Jacqueline Maillan. Il avait 91 ans.

Claude Vega, le 14 avril 1972. MICHEL CLEMENT / AFP

Claude Vega, le 14 avril 1972. MICHEL CLEMENT / AFP

Il était le père de l’imitation moderne. Claude Véga, mort lundi 11 avril à 91 ans, a été le premier homme à incarner sur scène des célébrités féminines, croquant avec talent Barbara, Maria Callas, Edwige Feuillère ou Jacqueline Maillan. « Il était très fatigué depuis plusieurs semaines, il est parti tranquillement », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Arlette Goupy, sa compagne et attachée de presse. Il est mort à l’hôpital Bichat.

« Il me suffit de penser (aux célébrités que je veux imiter) pour me transformer en elles. Un détail, un “défaut”, une manière de parler et je les attrapais », confiait celui qui, dans les années 1970 et 1980, est l’invité incontournable des émissions télévisées de Maritie et Gilbert Carpentier, Danièle Gilbert et Patrick Sébastien.

Sur scène, la ressemblance avec ses « victimes » est bluffante. Il se glisse dans la peau de ses célébrités et devient lui-même diva. Jamais méchant – « je n’ai jamais pu imiter que les gens que j’aimais », disait-il –, Claude Véga les évoquait, en disant « ma Maillan » ou « ma Feuillère ». Il a aussi imité des hommes : Aznavour, De Funès, Montand ou encore Dutronc.

Claude Thibaudat le 2 juin 1930 d’un père parisien et d’une mère provençale, il ne quitte jamais le 9e arrondissement de Paris où il grandit. Sous l’Occupation, il fait les quatre cents coups avec son ami d’enfance… un certain François Truffaut. « Sa mère ne s’occupait pas beaucoup de lui, la mienne l’avait pris en affection. C’était un demi-frère et j’allais voir s’il avait dîné, s’il avait dormi ou s’il ne s’était pas réfugié dans un cinéma du quartier, comme il en avait l’habitude », disait-il en 2012 à l’hebdomadaire Le Point. Truffaut lui offre d’ailleurs un rôle, celui d’un inquiétant étrangleur, dans son film Domicile conjugal (1970).

Passionné de théâtre et de dessin

Claude Véga abandonne vite ses études de commerce pour des cours d’art dramatique et travaille le soir au cabaret Liberty’s. « Je voulais devenir comédien. J’ai débuté par des imitations pour subsister et me payer les cours au conservatoire. Je récitais Les Fables de La Fontaine, comme Le Chêne et le Roseau, en alternant une dizaine de voix ».

Tabac assuré. Un soir, Maria Callas est dans la salle et l’entend l’imiter. Elle s’entiche aussitôt de lui et veut l’avoir avec elle dans les émissions. Pareil pour l’actrice Edwige Feuillère. Claude Véga se produit aussi au Théâtre Bobino et fait les premières parties de plusieurs grands artistes comme Edith Piaf, Joséphine Baker ou Charles Trénet.

Lui, l’homme modeste et discret, rencontre un immense succès. On ne jure alors que par lui. « Il est petit par la taille (1,65 m), mais c’est un géant par la drôlerie », écrit L’Aurore en 1973. L’année suivante, l’émission « Top à Claude Véga » est suivie par 70 % des téléspectateurs.

A 60 ans, en 1990, il lâche l’imitation pour se consacrer exclusivement à ses autres passions, le théâtre et le dessin. On le retrouve notamment à la Comédie de Paris dans Drôle de goûter, d’après des textes de Boris Vian. Il connaît aussi le succès avec Piaf, je t’aime au Cirque d’hiver (1996), puis dans la pièce Sylvia, mise en scène par Lars Schmidt.

Doté aussi d’un joli coup de crayon, il publie régulièrement des almanachs illustrés de dessins naïfs et frais à la Jacques Faizant.

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