Ukraine : Moscou dit avoir conquis la ville clé de Lyssytchansk et contrôler la région de Lougansk
Le ministre de la Défense russe a évoqué « la libération de la république populaire de Lougansk », ce qui pourrait constituer une victoire dans la bataille du Donbass.
La Russie a annoncé ce dimanche la prise de Lyssytchansk (ici une photo prise le 2 juin). LP/Philippe de Poulpiquet
Une étape décisive dans la guerre en Ukraine ? La Russie a affirmé ce dimanche avoir conquis Lyssytchansk et contrôler toute la région de Lougansk, une avancée potentiellement clé dans la bataille du Donbass dans l’est de l’Ukraine. Moscou a par ailleurs accusé Kiev d’avoir tiré « trois missiles » sur une ville russe où les autorités locales ont fait état de quatre morts.
Le ministre de la Défense russe « Sergueï Choïgou a informé » le président Vladimir Poutine « de la libération de la république populaire de Lougansk », après la prise de la ville de Lyssytchansk, au cœur d’intenses combats, selon un communiqué officiel cité par les agences de presse russes.
Les forces russes et leurs alliés séparatistes ont pris « le contrôle complet de Lyssytchansk et d’autres villes proches dont les plus notables sont Belogorovka, Novodroujesk, Maloriazantsevo et Belaïa Gora », ajoute ce communiqué. Ces informations n’ont pas pu être vérifiées de source indépendante.
La prise de Lyssytchansk, si elle venait à être confirmée par Kiev, permettrait à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l’intégralité du Donbass, région industrielle de l’est de l’Ukraine largement russophone et en partie contrôlée par les séparatistes prorusses depuis 2014, et d’avancer vers les villes de Sloviansk et Kramatorsk, plus à l’ouest, où les habitants vivent déjà au rythme quotidien des sirènes d’alerte et des bombardements.
Dans la phraséologie du Kremlin, l’offensive en cours dans l’est de l’Ukraine vise à libérer des territoires considérés comme russes. Dimanche matin, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdar, avait laissé entendre que les forces ukrainiennes perdaient rapidement du terrain face aux assaillants à Lyssytchansk, ville qui comptait 100 000 habitants avant le début de la guerre. « Les Russes sont en train de s’implanter dans un district de Lyssytchansk, la ville est en feu », avait-il déclaré.
Plusieurs morts à Belgorod
L’armée russe a également affirmé avoir abattu dimanche à l’aube trois missiles ukrainiens lancés contre la ville de Belgorod, proche de la frontière avec l’Ukraine, où un responsable local avait auparavant annoncé la mort d’au moins trois personnes après des explosions.
« Les défenses antiaériennes russes ont abattu les trois missiles Totchka-U à sous-munitions lancés par les nationalistes ukrainiens contre Belgorod. Après la destruction des missiles ukrainiens, les débris de l’un d’entre eux sont tombés sur une maison », a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février, Moscou a accusé Kiev à plusieurs reprises d’avoir frappé le sol russe, en particulier dans la région de Belgorod. Début avril, M. Gladkov avait accusé l’Ukraine d’avoir mené une attaque contre un dépôt de carburants à Belgorod avec deux hélicoptères.
L’avertissement de la Biélorussie
À Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, dans le Nord-Est, les habitants ont été réveillés une nouvelle fois à 4 heures du matin « par des attaques de roquettes » russes, selon le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, qui a également fait état de « tirs » russes dans la matinée sur plusieurs districts de sa zone.
Sur le front sud, le commandement opérationnel régional ukrainien a indiqué dans la matinée qu’au cours des dernières 24 heures, l’armée russe avait mené « neuf frappes aériennes avec des hélicoptères de combat K-52 et 2 bombardements sur l’île des Serpents », repris mercredi par les forces de Kiev dans le nord-ouest de la mer Noire.
De même source, l’immeuble d’une base de repos situé sur la côte a été endommagé par un missile russe qui n’a pas fait de victime. De son côté, l’armée ukrainienne dit avoir mené cinq frappes avec des avions et des hélicoptères sur deux entrepôts de munitions et cinq points de concentration de forces russes.
Sur le plan diplomatique, la Biélorussie, voisine de l’Ukraine et allié de Moscou, a semblé adresser samedi soir un avertissement à Kiev et à ses soutiens occidentaux, alimentant les spéculations quant à une implication croissante de Minsk dans le conflit.