Guerre Ukraine : coupures massives d'eau et d'électricité après des frappes russes

Publié le par L'Express avec AFP

La Russie a bombardé Kiev, ce mercredi, et frappé une maternité dans la région de Zaporijia la nuit dernière.

Coupure de courant dans un district de Kiev après des frappes russes contre des infrastructures électriques, le 11 octobre 2022  afp.com/Eugene KOTENKO

Coupure de courant dans un district de Kiev après des frappes russes contre des infrastructures électriques, le 11 octobre 2022 afp.com/Eugene KOTENKO

Des frappes russes sur les infrastructures ukrainiennes, mercredi 23 novembre, ont entraîné des coupures massives d'électricité et d'eau, notamment dans la capitale Kiev, faisant au moins six morts, provoquant la déconnexion de trois centrales nucléaires et affectant jusqu'à la Moldavie voisine. 

Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré environ 70 missiles de croisière sur le pays, dont 51 ont été abattus, ainsi que cinq drones kamikazes. Ils ont visé des infrastructures stratégiques, alors que des températures hivernales s'installent en Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky a déploré un "résultat tragique" tout en promettant que les Ukrainiens allaient "tout surmonter". "Incapable de gagner dans un combat loyal avec l'armée ukrainienne, la Russie mène une guerre de terreur lâche contre les civils", a dénoncé le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba. "La terreur russe échouera. L'Ukraine gagnera", a-t-il ajouté. 

Selon le chef de la police nationale, Igor Klymenko, les bombardements russes ont fait au moins six morts et 36 blessés. A Kiev, "trois personnes ont été tuées. Parmi elles figure une jeune fille de 17 ans", a indiqué le maire de la capitale, Vitaly Klitschko, qui a précisé que "onze habitants ont été blessés" dans ces frappes. A la suite des frappes russes, trois centrales nucléaires ont été "déconnectées" du réseau électrique, sans entraîner à ce stade de conséquences sur le niveau de radiation. L'approvisionnement de celle de Zaporijia (sud), occupée par les Russes, a été stoppé. 

  • Une maternité bombardée près de Zaporijia

"L'ennemi a une fois de plus décidé d'essayer d'accomplir par la terreur et le meurtre ce qu'il n'a pas pu accomplir en neuf mois" de son invasion de l'Ukraine, a déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram en promettant que la Russie "sera tenue responsable pour tout le mal qu'elle a infligé à notre pays". Quelques heures plus tôt dans la nuit du 22 au 23 novembre, la section maternité de l'hôpital local de la ville de Vilniansk, dans la région de Zaporijia (sud du pays) a été frappée par les bombes russes. 

Selon les services d'urgence ukrainiens, une femme avec son bébé et un médecin se trouvaient dans le bâtiment. Si les deux adultes ont été extraits des décombres, le nouveau-né a été tué par la frappe russe. 

"L'Etat terroriste continue de faire la guerre aux civils", a réagi le président ukrainien. Les services des situations d'urgence ont publié une vidéo sur laquelle on peut voir des secouristes qui tentent de dégager un homme à moitié enfoui dans les débris. Selon les premières informations disponibles, plus aucune personne n'était coincée sous les décombres. 

  • Le Parlement européen qualifie la Russie d'"Etat promoteur du terrorisme"

Le Parlement européen a voté, ce mercredi, un texte qualifiant la Russie d'"Etat promoteur du terrorisme" dans la guerre en Ukraine, appelant les 27 pays de l'Union européenne à en faire de même. Dans le texte adopté à Strasbourg par 494 voix pour (58 voix contre et 44 abstentions), les eurodéputés décrivent "la Russie comme un Etat promoteur du terrorisme et comme un État qui utilise des moyens terroristes". 

  • Des combats pour reprendre la zone de Mikolaïv

Les combats ont fait rage mardi entre Ukrainiens et Russes sur la pointe de Kibourne, bout de terre niché à la pointe de la rive gauche du Dniepr. Cette zone située au sud de la ville de Mikolaïv, dans le sud de l'Ukraine, semblait constituer le prochain terrain d'affrontement après que les Russes aient été chassés de Kherson (un peu plus au sud) le 11 novembre.  

"Il nous reste trois localités à reprendre sur la péninsule de Kinbourne" avant de libérer entièrement la région de Mikolaïv, a affirmé mardi le gouverneur régional. Lundi, la porte-parole du Commandement sud de l'armée ukrainienne avait indiqué qu' "une opération militaire est en cours sur la péninsule de Kinbournska".  

La prise par l'armée ukrainienne des trois derniers villages de la région de Mikolaïv marquerait une victoire importante pour Kiev. La Russie avait conquis cette zone dans les premiers jours de son invasion de l'Ukraine, fin février. 

  • La Banque mondiale accorde 4,5 milliards de plus à l'Ukraine

La Banque mondiale a annoncé, mardi, accorder une enveloppe de 4,5 milliards de dollars supplémentaires en soutien à l'Ukraine afin de lui permettre de "faire fonctionner les services essentiels et le gouvernement". La totalité de cette nouvelle tranche d'aide a été financée par le gouvernement américain. 

Ce soutien, qui s'intègre au programme PEACE mis en place par la Banque mondiale à destination de l'Ukraine, doit permettre au gouvernement de "payer les salaires des employés des hôpitaux, du gouvernement et des écoles, ainsi que les pensions de retraite, les salaires des fonctionnaires et les programmes d'aide sociale", a détaillé l'institution dans un communiqué. 

Cette nouvelle enveloppe porte le montant total du soutien de la BM à l'Ukraine à 17,8 milliards de dollars depuis le début du conflit, dont plus de 11,4 milliards ont d'ores et déjà été décaissés. Elle "vient à un moment critique pour le pays, qui fait face à de sévères coupures d'approvisionnement en énergie et un temps de plus en plus froid. La Banque mondiale continuera à mobiliser toutes les ressources disponibles afin d'aider le gouvernement ukrainien à répondre aux besoins vitaux de ses citoyens", a déclaré le président de la Banque, David Malpass. 

Le géant russe Gazprom a menacé mardi de réduire ses livraisons de gaz vers la Moldavie en accusant l'Ukraine de siphonner le gazoduc qui transite sur son territoire. "Le volume de gaz fourni par Gazprom au point de passage de Soudja pour transiter vers la Moldavie via le territoire de l'Ukraine dépasse le volume" qui parvient à la frontière entre l'Ukraine et la Moldavie, a déploré le géant gazier, propriété de l'État russe. Selon Gazprom, l'Ukraine a accumulé illégalement 52,5 millions de mètres cubes de gaz en novembre en "violant" une partie des livraisons pour l'utiliser à ses propres fins. Une affirmation démentie par l'exploitant gazier ukrainien GTSOU.  

Le géant russe a ainsi menacé de "réduire l'approvisionnement en gaz au point de passage de Soudja à partir du 28 novembre à 10H00", si Kiev continuait de siphonner du gaz à destination d'autres pays. Cette menace survient alors que les températures ont chuté ces derniers jours en Europe, augmentant la demande en gaz pour pouvoir notamment se chauffer. 

De son côté, GTSOU a affirmé dans un communiqué que "tous les volumes de gaz" arrivant de Russie à destination de Chisinau avaient "été transférés dans leur totalité" aux deux points de passage entrant en Moldavie. "Ce n'est pas la première fois que la Russie a recours au gaz comme instrument de pression politique", a déploré la directrice des affaires gouvernementales et internationales de GTSOU. 

La Russie était le premier fournisseur de gaz de l'UE avant l'intervention militaire de Moscou en Ukraine en février, mais les Vingt-Sept ont depuis largement réduit leurs importations, à hauteur de moins de 10% de tout le gaz importé, selon Bruxelles. La Moldavie, petit pays de 2,6 millions d'habitants voisins de l'Ukraine, subit de plein fouet les conséquences du conflit en Ukraine, en particulier sur le plan énergétique alors que Gazprom a déjà réduit de moitié ses exportations de gaz vers Chisinau. 

  • Trois morts russes près de la frontière ukrainienne

Des explosions ont tué trois personnes dans la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a annoncé mardi sur Télégram le gouverneur de ce territoire régulièrement frappé par des tirs ukrainiens. Il a affirmé qu'une femme était morte après avoir subi un traumatisme crânien lors d'un bombardement à Chebekino, une ville située à huit kilomètres de l'Ukraine. Il a aussi indiqué que deux autres personnes ont été tuées dans l'explosion "d'une munition d'un type non identifié" dans le village de Starosselié, frontalier de l'Ukraine et où l'état d'urgence est en vigueur depuis le 27 octobre.  

Des localités et infrastructures dans la région subissent très fréquemment des tirs, souvent mortels, attribués par Moscou à l'armée ukrainienne. La capitale régionale, également nommée Belgorod, a été touchée directement à plusieurs reprises. Si bien que le gouverneur a indiqué lundi qu'une ligne de fortifications était en construction à la frontière, sans en préciser la longueur ni sa localisation. Il a néanmoins publié des photos le montrant en train d'inspecter ce chantier. On y voit une grue installant le long d'une route des pyramides anti-char en ciment et une pelleteuse creusant un ravin. 

La semaine dernière, la Russie avait aussi annoncé des travaux de fortification dans la péninsule de Crimée annexée. Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a lui ordonné la construction de fortifications dans les régions russes de Belgorod et de Koursk, ainsi que dans la région de Lougansk occupée par Moscou dans l'est de l'Ukraine

  • La Crimée frappée par une attaque de drones

La stratégique péninsule ukrainienne de Crimée, que Kiev veut reprendre à Moscou qui y base sa flotte de la mer Noire, a été visée mardi par une attaque de drones. Sans grand dommage selon les autorités locales prorusses. Le gouverneur installé par Moscou a signalé que l'attaque n'a pas fait de victime, et qu'aucune infrastructure civile n'a été endommagée. 

Il a indiqué que la défense antiaérienne avait abattu deux drones près de la centrale électrique de Balaklava, qui a déjà subi des attaques de l'armée ukrainienne par le passé. La flotte russe de la Mer Noire avait aussi été attaquée fin octobre par ce que les autorités prorusses ont qualifié d'attaque de drones "massive" de l'armée ukrainienne. Cette opération, qui a endommagé au moins un navire militaire russe, a conduit Moscou à se retirer brièvement de l'accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes. 

Kiev a infligé plusieurs humiliations à la flotte russe dont les missiles de croisière frappent régulièrement son territoire. Au printemps, l'Ukraine avait notamment coulé le navire amiral russe, le croiseur Moskva. La Russie avait annexé la Crimée en 2014 et Kiev, dont l'armée ne cesse de faire reculer celle de Moscou dans le Sud ukrainien, ambitionne de la reconquérir. 

  • Des milliers de dollars saisis dans la perquisition de monastères "prorusse"

Des ressortissants russes ont été découverts dans des monastères appartenant à une Eglise dépendante de Moscou par les services de sécurité ukrainiens (SBU), qui ont annoncé mercredi que leurs perquisitions ont également conduit à la saisine de plusieurs milliers de dollars et de "littérature prorusse, utilisée lors d'études dans les séminaires et dans les écoles paroissiales, y compris pour la propagande du monde russe". Le président russe Vladimir Poutine a utilisé ce concept idéologique de "monde russe", qui relativise notamment les frontières entre nations au nom d'une communauté unie autour de la langue russe, pour justifier son invasion de l'Ukraine

Le SBU a ajouté avoir saisi "plus de deux millions de hryvnias (environ 55.000 dollars), plus de 100 000 dollars ainsi que plusieurs milliers de roubles russes" en liquide dans les différents monastères perquisitionnés mardi. 

Les services de sécurité ukrainiens ont effectué ces perquisitions dans le monastère principal de l'Eglise orthodoxe situé à Kiev et relevant du patriarcat de Moscou, ainsi que dans deux autres monastères de cette confession dans une région du nord-ouest, tous soupçonnés de liens avec la Russie. Au total, "plus de 350 bâtiments religieux et 850 personnes ont été minutieusement contrôlés". "Plus de 50" personnes ont "subi des entretiens approfondis de contre-espionnage", a indiqué mercredi le SBU. Des "étrangers" dont des "citoyens russes" se trouvaient parmi ces derniers, a précisé cette source. 

  • Le nouveau brise-glace nucléaire russe pour les hydrocarbures

La Russie a inauguré mardi 22 novembre un nouveau brise-glace à propulsion nucléaire qui doit faciliter ses exportations d'hydrocarbures vers l'Asie via l'Arctique. Cette annonce intervient alors que Moscou réoriente ouvertement sa stratégie énergétique du fait des sanctions occidentales contre son offensive en Ukraine. "Le développement des routes maritimes du Nord permettra à la Russie de réaliser pleinement son potentiel d'exportation et d'établir une route logistique efficace, y compris vers l'Asie du Sud-Est", a affirmé le président russe Vladimir Poutine dans un discours retransmis par visioconférence lors de la cérémonie de mise en service à Saint-Pétersbourg.  

Ce nouveau navire à propulsion nucléaire, de plus de 170 mètres de long, peut briser la glace jusqu'à trois mètres de profondeur. Il est le troisième exemplaire d'une série lancée par le géant de l'énergie atomique Rosatom. Baptisé "Ural" en hommage à la région russe de l'Oural (centre-ouest), il peut transporter jusqu'à 54 membres d'équipage. 

Son déploiement dès décembre doit permettre d'assurer la suprématie russe dans l'Arctique, stratégie assumée par Vladimir Poutine. Alors que l'Union européenne a décidé d'un embargo progressif sur ses importations de pétrole russe et a largement réduit celles en gaz pour protester contre l'attaque russe en Ukraine, le premier exportateur de gaz au monde et numéro deux pétrole veut ainsi concentrer ses livraisons d'hydrocarbure vers l'Asie du sud-est, en reliant les océans Atlantique, Pacifique et Arctique. 

La Russie, seul constructeur et opérateur de brise-glaces nucléaires au monde, a également mis à l'eau mardi le "Yakutia", de la même série que l'"Ural", mais son entrée en service effective n'est prévue que "fin 2024", selon Vladimir Poutine. Un autre gigantesque navire russe à propulsion nucléaire, de plus de 200 mètres de long, doit également voir le jour en 2027.  

  • Londres envoie des hélicoptères en soutien

Le Royaume-Uni a envoyé pour la première fois un hélicoptère "Sea King" en Ukraine pour soutenir le pays envahi par la Russie et prévoit d'en fournir deux autres, a indiqué mercredi le ministère britannique de la Défense. Il a ajouté que Londres allait envoyer 10 000 munitions d'artillerie supplémentaires à Kiev. Selon le communiqué, l'armée britannique au Royaume-Uni a formé 10 équipes de l'armée ukrainienne et des ingénieurs pour leur permettre d'utiliser les Sea Kings. 

Le Royaume-Uni est l'un des plus forts soutiens de Kiev depuis l'invasion russe en février avec une aide militaire comprenant notamment des systèmes de défense antiaérienne et des drones, mais Londres n'avait encore jamais livré d'aéronefs pilotés. "Notre soutien à l'Ukraine est inébranlable. Ces munitions supplémentaires vont aider l'Ukraine à sécuriser les territoires qu'elle a repris à la Russie ces dernières semaines", a affirmé le ministre britannique de la Défense Ben Wallace.  

Ces annonces interviennent après la visite à Kiev samedi du Premier ministre britannique Rishi Sunak où il a annoncé une aide militaire d'un montant de 50 millions de livres (57,4 millions d'euros) et une aide humanitaire de 16 millions de livres (18,3 millions d'euros). 

Publié dans Articles de Presse

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