Possible retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée : les députés Nupes divisés
Le député LFI Adrien Quatennens, qui a reconnu avoir giflé son ex-compagne, peut-il revenir à l’Assemblée nationale ? Alors que son retour se profile, les parlementaires de gauche oscillent entre franc soutien, critiques voilées, interrogations et silence.
Le député LFI Adrien Quatennens lors d’une session de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 16 juillet 2019. | BERTRAND GUAY / AFP
Après avoir reconnu mi-septembre avoir giflé son ex-compagne, le député LFI Adrien Quatennens peut-il retourner sur les bancs de l’Assemblée ? Alors que le retour au Parlement de cette figure importante de la France Insoumise se profile puisque son arrêt maladie a pris fin, plusieurs députés de gauche de la Nupes n’expriment pas le même avis. Entre soutien franc, critiques ou silence gêné, petit tour d’horizon des différentes positions.
Des figures de LFI soutiennent le retour de leur ancien porte-parole
Du côté des proches d’Adrien Quatennens, ce retour ne pose aucun problème. « Adrien a avoué une gifle. Ça le rend inéligible à vie ? Il va remonter sur son cheval et nous allons l’aider », a affirmé Jean-Luc Mélenchon au Figaro . « Il va revenir, et on va l’aider », a-t-il ensuite confirmé auprès de Libération . « Je pense qu’il doit revenir », avait déjà déclaré en octobre l’ex candidat à la présidentielle sur France 3 .
« Son arrêt maladie s’est terminé […] Aucun député de notre groupe politique n’a demandé sa démission, il est normal que l’on travaille collectivement », a affirmé le député LFI Manuel Bompard, sur BFMTV ce mardi 15 novembre. L’ex-directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon n’est donc « pas du tout » opposé au retour d’Adrien Quatennens.
« Il a fait une faute. Mais quand on reconnaît une erreur, il doit y avoir une sanction proportionnée à la gravité de la faute […]. Il est normal qu’on prépare les conditions de son retour », a-t-il poursuivi. « Au sein du groupe, nous souhaitons qu’il revienne. Nous réfléchissons aux modalités », avait-il déjà affirmé au Figaro.
« Je souhaite qu’Adrien revienne le plus vite possible », a quant à lui affirmé le député Ugo Bernalicis, auprès de Quotidien. « Je ne suis pas pour des peines capitales ad vitam aeternam, donc oui je pense qu’il doit pouvoir revenir », a-t-il également déclaré à Franceinfo .
« Beaucoup de gens pensent qu’il faut qu’il revienne », a résumé un député insoumis à Libération.
Silence gêné chez plusieurs députés de la Nupes
Tout en restant anonyme, des députés de la Nupes se sont toutefois montrés embarrassés. « J’avoue que son retour n’est pas la chose qui me réjouit le plus », a euphémisé un cadre des députés socialistes au Parisien, tout en se disant « encore plus gêné quand je me retrouve à côté de Damien Abad », député de la majorité, accusé de viol.
Des images diffusées par Quotidien lundi 14 novembre montraient plusieurs députés de gauche fuir les questions sur ce sujet, comme Éric Coquerel ou, Danielle Simonet. « Je n’ai pas envie de parler de ça », a également déclaré le député LFI Aymeric Caron.
Quel accueil les députés réservent-ils à leur collègue Adrien Quatennens, de retour dans l’hémicycle ?#Quotidien pic.twitter.com/BJkK35pSoo
— Quotidien (@Qofficiel) November 14, 2022
Critiques voilées
Quelques rares critiques ont émergé au sein des députés de la Nupes, bien que personne ne s’oppose frontalement au retour d’Adrien Quatennens dans l’hémicycle. Rappelant « qu’une gifle est un délit », la députée écoféministe Sandrine Rousseau a affirmé sur Franceinter qu’il était « impossible de revenir comme si de rien était ». Mais « c’est à Adrien Quatennens de prouver aux femmes, et notamment aux femmes battues, que son retour en politique pourrait servir ce combat-là », a-t-elle ajouté.
Retour d'Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale : pour @Sandrousseau, "c'est à lui de prouver aux femmes battues en quoi son retour en politique sert ce combat-là." #QuestionsPol pic.twitter.com/LKlKaPC2Hc
— France Inter (@franceinter) November 13, 2022
Le député communiste et ex-candidat à la présidentielle Fabien Roussel a lui, estimé sur Franceinfo , que le groupe communiste « ne proposerait pas à un député communiste qui a avoué avoir giflé de pouvoir revenir et de faire comme si c’était oublié ». « Si j’avais mis une baffe à ma femme, je n’arriverai pas à revenir en politique », a-t-il ajouté.
« Les conditions ne sont pas réunies. S’il n’y a pas d’évolution côté justice, je ne vois pas comment il peut revenir », a affirmé une députée insoumise au Parisien . « Beaucoup de jeunes parlementaires LFI sont vent debout contre son retour », a confié un député de la Nupes au Figaro. « Une enquête est en cours parce qu’il a avoué avoir giflé sa femme. Comment pourrait-il revenir ? », s’est par exemple interrogée une députée de la Nupes au Figaro. Mais aucun parlement de gauche n’a pris la parole publiquement contre un retour du député.
« Globalement tout le monde est mal à l’aise et l’écrasante majorité des élus pense qu’il ne peut pas revenir l’air de rien. La question est loin d’être consensuelle. Il ne peut pas rentrer sans conditions. Une formation aux violences sexuelles et sexistes me paraît le minimum mais je ne sais pas si c’est suffisant », a confié un parlementaire de gauche au Parisien, tout en restant anonyme.