Prison, cancer... Lula élu pour un troisième mandat après un improbable retour

Publié le par Le Républicain Lorrain par la rédaction avec AFP

A 77 ans, Lula, icône insubmersible de la gauche latino-américaine, emprisonné pendant un an et demi en 2018-2019, a été élu président du Brésil de justesse dimanche, face à Bolsonaro.

Photo Sipa/AP/Andre PENNER 1 /1

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« C'est le jour le plus important de ma vie », avait déclaré Lula en votant dimanche matin, alors qu'il était depuis des mois le favori de l'élection face au président d'extrême droite sortant Jair Bolsonaro, son ennemi juré.

L'ancien président brésilien (2003-2010) a finalement été élu de justesse pour la troisième fois, avec environ 51% des voix face à son adversaire de toujours.

Le come-back de Luiz Inacio Lula da Silva, qui a été au pouvoir lors de deux mandats (2003-2010) et voit sa 6e campagne présidentielle le mener de nouveau à la fonction suprême, est une première dans l'histoire récente du Brésil.

Incarcéré durant 580 jours

Condamné pour corruption dans le plus grand scandale de l'histoire du Brésil, il avait été incarcéré 580 jours, d'avril 2018 à novembre 2019. Le chef de file du Parti des Travailleurs (PT) s'est toujours dit victime d'un complot politique.

En mars 2021, il pouvait de nouveau rêver à une revanche éclatante  : la Cour suprême annulait ou prescrivait ses condamnations, lui permettant de recouvrer ses droits politiques, sans l'innocenter pour autant.

Aujourd'hui, 12 ans après avoir quitté le pouvoir sur un taux stratosphérique d'opinions favorables (87%), l'inoxydable Lula veut rendre « le Brésil heureux de nouveau ».

Ce tribun charismatique à la voix rauque a parcouru l'immense pays, équipé d'un gilet pare-balle, et a livré un duel acharné à son ennemi de toujours, Bolsonaro.

Lula entouré par les policiers brésiliens lors de son arrivée en prison le 7 avril 2018. Photo Sipa/EFE/Antonio LACERDA

Lula entouré par les policiers brésiliens lors de son arrivée en prison le 7 avril 2018. Photo Sipa/EFE/Antonio LACERDA

L'ouvrier métallurgiste devenu président

Lula reste perçu comme « près du peuple » et est toujours très aimé, surtout dans les régions pauvres du Nord-Est, son fief historique. Mais il est aussi détesté par une partie des Brésiliens pour lesquels il incarne à tout jamais la corruption. Jair Bolsonaro, qui avait beaucoup joué sur la haine du Parti des Travailleurs pour être élu en 2018, n'a cessé de le traiter de « voleur » et d'« ex-prisonnie » lors de leurs débats.

Rien ne prédisposait Lula à un tel destin, ce cadet d'une fratrie de huit enfants, né en 1945 dans une famille d'agriculteurs pauvres du nord-est du pays.

Vendeur ambulant puis ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perd l'auriculaire gauche dans un accident du travail.

A 21 ans, il entre au syndicat des métallurgistes et conduit les grandes grèves de la fin des années 1970, en pleine dictature militaire (1964-1985).

Cofondateur du PT au début des années 1980, il se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1989 et échoue de peu. Après deux nouveaux échecs, en 1994 et en 1998, la quatrième tentative sera la bonne, en octobre 2002. Il est réélu en 2006.

Sous ses deux mandats, près de 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère.

Un cancer du larynx en 2011

En mars 2016, sa tentative de retour aux affaires en tant que ministre de sa dauphine, Dilma Rousseff, avait été un échec cuisant, tout comme la destitution de celle-ci en août.

En octobre 2011, il a souffert d'un cancer du larynx.

En février 2017, l'ex-président a subi une épreuve intime avec la mort de son épouse Marisa Leticia Rocco. Mais Lula a retrouvé un nouvel amour, Rosangela da Silva, surnommée « Janja », une sociologue militante du PT, de 21 ans sa cadette, qu'il a épousée en mai. « Je suis amoureux d'elle comme si j'avais 20 ans » a-t-il dit de celle qui a pris une part active à sa campagne. 

Publié dans Articles de Presse

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