Ukraine : Zelensky dénonce des "crimes de guerre", trois centrales nucléaires reconnectées
Le président ukrainien a appelé l'ONU à condamner les "crimes de guerre" de la Russie, après une nouvelle salve de frappes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de la levée des couleurs ukrainiennes à Kherson (sud) le 14 novembre 2022. afp.com/Handout
Une offensive d'ampleur russe, déclenchée mercredi 23 novembre, a de nouveau entraîné de dangereuses coupures d'eau et d'électricité à Kiev, alors que les températures ne cessent de baisser. Les coupures continuent également dans le reste du pays, notamment à Kramatorsk (est), à Lviv (ouest) ou Kharviv (nord-est).
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré environ 70 missiles de croisière sur l'Ukraine mercredi, dont 51 ont été abattus, et envoyé cinq drones kamikazes. Ils ont visé des infrastructures stratégiques, au moment où des températures hivernales s'installent en Ukraine. Au moins six personnes sont mortes dans ces frappes et plusieurs autres blessées. La nuit précédente, une maternité avait été bombardée par les Russes, causant la mort d'un nouveau-né.
Autre conséquence directe de ces frappes russes, la Moldavie, déjà en proie à d'importants problèmes énergétiques causés par la guerre en Ukraine, était victime de "pannes d'électricité massives", a déploré son vice-Premier ministre.
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a réagi à ces frappes mercredi en indiquant que le Kremlin ne doutait pas du "succès" de son offensive en Ukraine, malgré les revers des derniers mois sur le terrain.
Les Etats-Unis ont quant à eux annoncé une nouvelle aide militaire de 400 millions de dollars à l'Ukraine pour des armes, des munitions et des équipements de défense antiaérienne supplémentaires, ainsi que des générateurs électriques. Le Royaume-Uni a envoyé un premier hélicoptère Sea King et prévoit d'en fournir deux autres.
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Zelensky dénonce des "crimes de guerre" devant l'ONU
"Avec des températures en dessous de zéro, plusieurs millions de gens sans fourniture d'énergie, sans chauffage et sans eau, il s'agit évidemment d'un crime contre l'humanité", a dénoncé le président Zelensky lors d'une brève déclaration devant l'ONU, durant une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité qu'il avait lui-même réclamée quelques heures plus tôt.
Neuf mois après l'invasion russe de son pays le 24 février, le président Zelensky a dénoncé la "formule de terreur" imposée par les forces armées de Moscou. Face à un Conseil de sécurité de l'ONU impuissant, il a estimé que la communauté internationale ne pouvait "pas être l'otage d'un Etat terroriste international", en allusion au droit de veto de Moscou qui bloque toute résolution contre l'agression russe en Ukraine.
I have instructed our Ambassador to the UN to request an urgent meeting of UNSC following today’s Russian strikes. Murder of civilians, ruining of civilian infrastructure are acts of terror. Ukraine keeps demanding a resolute response of international community to these crimes.
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) November 23, 2022
L'ambassadeur français à l'ONU Nicolas Rivière a qualifié les frappes russes de "violation manifeste du droit international humanitaire".
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Le Parlement européen cyber-attaqué
L'institution européenne a annoncé mercredi que son site internet avait été la cible d'une cyberattaque revendiquée par un "groupe pro-Kremlin". Celle-ci a eu lieu quelques heures après un vote des eurodéputés qualifiant à majorité écrasante la Russie "comme un État promoteur du terrorisme et comme un État qui utilise des moyens terroristes".
Une "cyberattaque sophistiquée", a ensuite indiqué la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. "Ma réponse: #SlavaUkraini" (Gloire à l'Ukraine), a-t-elle rétorqué.
The @Europarl_EN is under a sophisticated cyberattack. A pro-Kremlin group has claimed responsibility.
— Roberta Metsola (@EP_President) November 23, 2022
Our IT experts are pushing back against it & protecting our systems.
This, after we proclaimed Russia as a State-sponsor of terrorism.
My response: #SlavaUkraini
Seul le fonctionnement du site internet a été dérangé, sans que cela n'empêche a priori le bon déroulement des travaux parlementaires.
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Trois centrales nucléaires reconnectées
Les trois centrales nucléaires ukrainiennes sous contrôle de Kiev ont pu être reconnectées au réseau électrique, après en avoir été coupées la veille à la suite de frappes massives russes, a annoncé jeudi le ministère de l'Energie.
"Après les bombardements massifs d'hier, les travailleurs du secteur énergétique ont pu (...) reconnecter trois centrales nucléaires au réseau électrique dans la matinée", a indiqué le ministère sur Telegram précisant que ces installations devraient commencer à livrer de l'électricité d'ici "ce soir"
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Emmanuel Macron annonce un prochain échange avec Poutine
Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu'il aurait "un contact direct" avec son homologue russe Vladimir Poutine "dans les prochains jours" sur le nucléaire civil et la centrale de Zaporijjia, que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardée. Le directeur général de l'AIEA, Rafaël Grossi, devrait aussi prendre part à l'échange.
"La stratégie russe est de désespérer le peuple sur le terrain", a assuré Emmanuel Macron lors d'une visite au salon des maires. "Nos élus ont aussi un rôle à jouer", a ajouté le président, rappelant que la France accueillerait le 13 décembre "une conférence à Paris "pour la résistance et la résilience ukrainienne". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé mardi les maires français à fournir de l'aide à son pays pour empêcher la Russie d'utiliser le froid cet hiver "comme arme de destruction massive", dans un message diffusé lors du congrès de l'Association des maires de France à Paris.
Côté russe, "pour l'heure, il n'y a aucun accord sur un entretien téléphonique avec le président français. Franchement dit, il n'y a eu aucune proposition concrète à ce sujet", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
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La Russie manquerait de munitions
Selon le ministre américain de la Défense américain Lloyd Austin, la Russie souffre d'une "pénurie significative" de munitions pour son artillerie, ce qui pourrait limiter ses opérations à venir. "Les Russes ont des problèmes logistiques depuis le tout début" de l'invasion de l'Ukraine et "ils ont encore du mal avec la logistique", a-t-il déclaré. Ils "souffrent d'une pénurie significative de missiles d'artillerie", notamment parce que Kiev a détruit plusieurs stocks de munitions russes, a précisé le chef du Pentagone.
Il a précisé que les stocks russes de missiles de précision avaient été "nettement réduits" au cours des neuf mois de guerre, et que Moscou ne serait pas capable de les remplacer rapidement en raison des sanctions commerciales imposées à la Russie, notamment sur les microprocesseurs. Le pays utilise largement son artillerie depuis le début de la guerre, tirant de nombreuses roquettes en direction des forces ukrainiennes avant tout mouvement sur le terrain.
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Échange de prisonniers
Malgré des combats toujours violents, dans l'Est notamment, Moscou et Kiev continuent d'échanger des prisonniers de guerre. "Un autre échange a eu lieu aujourd'hui avec Kiev selon la formule 35 pour 35", a affirmé mercredi un haut dirigeant de l'autorité d'occupation russe.
Les prisonniers ukrainiens libérés sont "22 gardes nationaux, huit gardes-frontières, quatre soldats de la marine, un gars des forces armées" et également un civil "amputé" d'une jambe, a précisé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne.
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L'Europe appelle ses villes à offrir des générateurs électriques
Les villes européennes ont été appelées, mercredi 23 novembre au Parlement européen, à faire don de générateurs électriques à l'Ukraine qui subit des coupures massives d'électricité à cause d'attaques russes sur les infrastructures. "Les Ukrainiens ont maintenant besoin d'un soutien matériel pour passer l'hiver", a insisté, lors d'une conférence de presse à Strasbourg, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, voyant dans cette initiative baptisée "Générateurs d'espoir", une "nouvelle strate d'aide pratique" envers l'Ukraine à l'arrivée de l'hiver.
Selon le maire de Florence et président du réseau de grandes villes européennes Eurocities, Dario Nardella, qui s'exprimait en visioconférence, il y a en réserve dans les municipalités du continent un "potentiel de plusieurs centaines de générateurs, même de taille industrielle, qui pourraient produire beaucoup d'électricité".