Seconde Guerre mondiale : un mémorial pour les gens du voyage internés sera construit en Anjou

Publié le par Ouest-France par Le Courrier de l'Ouest

Ce musée dédié à la mémoire des gens du voyage internés pendant la Seconde Guerre mondiale va être créé sur le site de l’ancien camp d’internement de Montreuil-Bellay, dans le sud-est du Maine-et-Loire.

Des élèves visitent régulièrement la stèle commémorative de l’ancien camp de concentration pour nomades de Montreuil-Bellay. | ARCHIVES CO

Des élèves visitent régulièrement la stèle commémorative de l’ancien camp de concentration pour nomades de Montreuil-Bellay. | ARCHIVES CO

Élisabeth Borne a annoncé lundi 30 janvier 2023 la création, sur le site de l’ancien camp d’internement pour nomades de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire, d’un musée à la mémoire des gens du voyage internés pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Première ministre a fait part de ce projet en présentant un nouveau plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’anti-tsiganisme, et les discriminations liées à l’origine.

Cette communauté a besoin que cette histoire-là rentre dans l’Histoire de France​, a salué Dominique Raimbourg, président de la Commission nationale consultative des gens du voyage.

Du 8 novembre 1941 au 16 janvier 1945, la France fit du site de Montreuil-Bellay un camp pour nomades et sans domicile fixe. Près de 2000 nomades, Tsiganes et sans domicile fixe - hommes femmes et enfants - ont transité par ce camp d’internement​, rappelle Virginie Daudin, directrice du Centre régional Résistance et Liberté (CRRL), structure thouarsaise (Deux-Sèvres) qui gère aujourd’hui ce site sorti de l’oubli par l’historien montreuillais Jacques Sigot.

Les ruines de ce camp d’internement avaient été inscrites à l’inventaire des monuments historiques en 2010 pour les protéger et en faire un lieu de mémoire. L’ensemble du site a été classé en 2012 puis en 2013. Au printemps 2016, un projet de valorisation des lieux en mémorial avait été annoncé par la préfète de l’époque Béatrice Abollivier.

En octobre 2016, le président de la République François Hollande était venu sur place. Une stèle commémorative avait été inaugurée à cette occasion. | ARCHIVES CO – LAURENT COMBET

En octobre 2016, le président de la République François Hollande était venu sur place. Une stèle commémorative avait été inaugurée à cette occasion. | ARCHIVES CO – LAURENT COMBET

Le 29 octobre 2016, le chef de l’État François Hollande s’était rendu sur les lieux du camp de Montreuil-Bellay dans le cadre d’une cérémonie d’hommage national des 70 ans de la fermeture des derniers camps français d’internement de nomades. Le Président avait eu ce message fort : "La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame."

À cette occasion, une stèle commémorative avait été inaugurée. En 2020, la municipalité de Montreuil-Bellay actait le fait d’aller plus loin et de valoriser plus durablement encore ce lieu unique sur le territoire national. Cette volonté a été entendue au plus haut sommet de l’État.

Montreuil-Bellay en 2013. De novembre 1941 à janvier 1945, la France fit du site un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades roms et tziganes ». | ARCHIVES CO – LAURENT COMBET.

Montreuil-Bellay en 2013. De novembre 1941 à janvier 1945, la France fit du site un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades roms et tziganes ». | ARCHIVES CO – LAURENT COMBET.

« Empêcher l’histoire de bégayer »

C’est en faisant savoir que l’on empêche l’Histoire de bégayer​, a fait valoir Mme Borne en présentant son plan de lutte contre le racisme. Le père de la cheffe du gouvernement, de confession juive, a été déporté, puis a mis fin à ses jours quand sa fille avait 11 ans.

Chaque élève devra ainsi, durant sa scolarité, participer à la visite d’un lieu historique ou mémoriel en lien avec le racisme, l’antisémitisme ou l’anti-tsiganisme​, car c’est dès l’enfance que des stéréotypes peuvent s’installer. C’est dans notre jeunesse que certaines théories du complot foisonnent. C’est aussi sur nos jeunes que les messages haineux des réseaux sociaux ont le plus d’effet​, a développé la cheffe du gouvernement.

« Pas d’impunité pour la haine »

Mme Borne a promis par ailleurs une fermeté totale dans (la) réponse pénale​, en permettant l’émission de mandats d’arrêt ​contre les personnes qui dévoient la liberté d’expression à des fins racistes ou antisémites​. Il n’y aura pas d’impunité pour la haine​, a-t-elle dit.

Les peines seront aussi aggravées en cas d’expression raciste ou antisémite même non-publique​, pour les personnes dépositaires de l’autorité publique ou chargées d’une mission de service public, a-t-elle ajouté.

Ce plan 2023-2026, détaillé en présence de dix autres ministres, doit permettre de mieux mesurer ​ces phénomènes, de mieux éduquer et former​, de mieux sanctionner ​les auteurs et de mieux accompagner les victimes ».

Un autre plan contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle devrait être présenté en juin.

Publié dans Articles de Presse

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