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Récap' Pour la première fois depuis deux ans, le président russe a livré un discours à la nation dans lequel il n’a pas caché sa haine de l’Occident
Occident, pédophilie et nucléaire : Ce qu'il faut retenir du discours de Vladimir Poutine — 20 Minutes
Pendant une heure et quarante-cinq minutes, Vladimir Poutine a replongé le monde dans l’époque de la guerre froide. Le président russe s’est exprimé ce mardi dans un discours à la nation où il a enchaîné les attaques contre l’Occident tout en promettant de poursuivre « soigneusement » son offensive en Ukraine.
Pendant ce temps, les civils ont une nouvelle fois été la cible de bombardements. « Juste pendant le discours du dictateur sanguinaire Poutine, l’ennemi a frappé des bâtiments d’habitation, des infrastructures essentielles », faisant au moins cinq morts, à Kherson, selon un responsable militaire régional. Voici les principales déclarations du chef d’Etat russe.
Dans ce premier discours à la nation en deux ans, le président russe a une nouvelle fois accusé l’Occident d’utiliser le conflit en Ukraine pour « en finir » avec la Russie, estimant que les Occidentaux détenaient « la responsabilité » de l’escalade. « Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes », a-t-il martelé, accusant Washington et ses alliés européens de porter « la responsabilité de l’attisement du conflit ukrainien et de ses victimes ».
« Mais ils ne sont pas sans savoir qu’il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille », a ajouté le maître du Kremlin, avant de remercier « tout le peuple russe pour son courage et sa détermination » et de réclamer une minute de silence à la mémoire des soldats russes tués en Ukraine.
Sans même attendre la fin du discours, la Maison-Blanche a dénoncé l'« absurdité » de la rhétorique antioccidentale du président russe. « Personne n’attaque la Russie. Il y a une sorte d’absurdité dans l’idée selon laquelle la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l’Ukraine ou de qui que ce soit d’autre », a dit aux journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan.
Le chef du Kremlin a également repris sa rengaine habituelle : dénoncer l’Occident des pires atrocités. Il a ainsi accusé les pays occidentaux d’avoir fait de la pédophilie « la norme ». « Regardez ce qu’ils font avec leurs propres peuples : la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu’à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme […]. Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels », a-t-il lancé dans son allocution.
Evoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine estime que les Occidentaux « ne sont arrivés à rien et n’arriveront à rien », l’économie russe ayant résisté mieux qu’anticipé par les experts. « Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens », a-t-il noté, jugeant que les Occidentaux n’étaient pas parvenus à « déstabiliser notre société ».
Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs promis de poursuivre sa campagne militaire en Ukraine, près d’un an après le début de l’offensive. « Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d’un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d’Etat de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous », a-t-il déclaré.
Dans le cadre de cette offensive, le patron du Kremlin a appelé à poursuivre les « traîtres » en Russie, en pleine répression de toute voix critique de l’Etat et du conflit en Ukraine, à coups d’arrestations et de lourdes peines de prison. « Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi », a déclaré le président russe, lors d’un discours à la nation, avant d’assurer qu’il ne s’agissait pas pour autant d’une « chasse aux sorcières ».
Enfin, Vladimir Poutine a annoncé la suspension de la participation de la Russie au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire. « Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s’en prennent à nos sites nucléaires, c’est pourquoi je suis dans l’obligation d’annoncer que la Russie suspend sa participation au traité [New] Start », a déclaré le président russe.
Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. Vladimir Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir « prêtes à réaliser des essais d’armes nucléaires », au cas où les Etats-Unis en feraient en premier. Dans la foulée, la diplomatie russe a convoqué l’ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des Etats-Unis le retrait des « soldats et équipements » de l’Otan en Ukraine, une référence à l’aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.