Pervez Musharraf, ancien dirigeant pakistanais, est mort

Publié le par Le Monde avec AFP

L’ancien président est mort à Dubaï, où il vivait en exil, à l’âge de 79 ans, a annoncé l’armée pakistanaise, dimanche.

Pervez Musharraf, le 1ᵉʳ octobre 2010 à Londres. LEFTERIS PITARAKIS / AP

Pervez Musharraf, le 1ᵉʳ octobre 2010 à Londres. LEFTERIS PITARAKIS / AP

L’ancien président du Pakistan Pervez Musharraf est mort à Dubaï, où il était hospitalisé, à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie, a annoncé l’armée dimanche 5 février. Les hauts responsables militaires « expriment leurs sincères condoléances à la suite du décès du général Pervez Musharraf », selon un bref communiqué publié dimanche par le service de presse de l’armée. « Qu’Allah bénisse l’âme du défunt et donne de la force à la famille endeuillée. »

Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, en octobre 1999, alors qu’il était chef d’état-major des armées, il est resté à la tête du Pakistan jusqu’en 2008. Epaules droites, moustache grisonnante et inamovibles lunettes, cet admirateur de Napoléon et de Richard Nixon avait renversé le premier ministre Nawaz Sharif sans violence, endossant le titre de président de la République en 2001. Cet ancien commando d’élite, né à Delhi le 11 août 1943, quatre ans avant la partition de l’Inde, s’est autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter, en avril 2002, un référendum controversé.

Après l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, il avait aligné son pays sur les positions de Washington pour en faire un allié-clé des Etats-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme ». Pervez Musharraf s’était alors présenté en rempart régional contre Al-Qaida, dont les dirigeants, alliés des talibans, avaient trouvé refuge dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. Il a réchappé à au moins trois tentatives d’assassinat d’Al-Qaida.

Pendant les neuf années qu’il a passées au pouvoir, le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale.

Mainmise sur le pouvoir

Dans ce pays musulman, ce fumeur de cigares et buveur de whisky était initialement perçu comme un modéré et n’avait guère rencontré d’opposition jusqu’à ce qu’il prenne des mesures d’exception pour chercher à se maintenir au pouvoir. Sa décision de démettre le président de la Cour suprême en mars 2007 avait déclenché des manifestations dans tout le pays et des mois de troubles qui avaient débouché sur l’imposition de l’état d’urgence.

Ses opposants n’ont cessé de dénoncer notamment le renvoi « illégal » de juges de la Cour suprême, l’imposition de l’état d’urgence et l’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d’Islamabad à l’été 2007. Sa déclaration selon laquelle « la Constitution n’est qu’un morceau de papier à jeter à la poubelle » et son héritage n’ont cessé de diviser l’opinion, dans une nation qui a connu plusieurs coups d’Etat militaires depuis sa fondation, en 1947.

Exil luxueux

Après l’assassinat de la cheffe de l’opposition, Benazir Bhutto, en décembre 2007, il avait connu une déroute aux élections l’année suivante et s’était trouvé isolé. Au sommet de son impopularité, soumis à la pression de la justice et de la coalition victorieuse dans les urnes, prête à lancer une procédure de destitution à son encontre, il avait été contraint à la démission en août 2008.

Il avait ensuite entamé un luxueux exil volontaire entre Londres et Dubaï, financé en partie par de généreuses rétributions pour ses conférences dans le monde. En mars 2013, il avait mis fin à ses années d’exil afin de participer aux élections pakistanaises et « sauver » le pays du marasme économique et du péril taliban.

Mais ses ambitions de retour en politique avaient été accueillies avec dédain par les Pakistanais et vite brisées par de multiples poursuites judiciaires. Il n’avait finalement pas été autorisé à se présenter aux législatives, remportées par Nawaz Sharif, l’homme qu’il avait renversé quatorze ans auparavant.

Condamnation à mort annulée

Nostalgique, il avait encore plusieurs fois annoncé son retour, avant de se raviser, par crainte d’être incarcéré à son arrivée dans le pays.

En août 2017, la justice pakistanaise l’a déclaré « fugitif » dans le procès du meurtre de Benazir Bhutto, la première femme de l’ère moderne à avoir occupé le poste de premier ministre dans un pays musulman. Il est soupçonné d’avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections, ce qu’il a toujours nié.

En décembre 2019, un tribunal spécial avait condamné Pervez Musharraf à la peine de mort par contumace pour « haute trahison », pour avoir instauré l’état d’urgence en 2007. Mais sa condamnation avait été annulée peu après.

Source : Pervez Musharraf, ancien dirigeant pakistanais, est mort

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