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Robert Hébras est décédé ce samedi 11 février à l'âge de 97 ans. Né en 1925 à Oradour-sur-Glane, il était le dernier des survivants du massacre commis par la SS dans ce village de Haute-Vienne le 10 juin 1944 et il a passé le reste de sa vie à en témoigner.
Robert Hébras était le dernier des survivants du massacre d'Oradour-sur-Glane survenu le 10 juin 1944. © Maxppp - Marc Ollivier
Témoin infatigable du massacre d'Oradour-sur-Glane, Robert Hébras est mort ce samedi matin a annoncé sa famille à un correspondant de l'AFP. À 97 ans ans, il aura passé la plus grande partie de sa vie à raconter ce funeste jour du 10 juin 1944 où 643 habitants ont péri dans ce village de Haute-Vienne, victimes de la division blindée SS "Das Reich", dans le plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes.
Ce jour-là, les hommes sont exécutés, les femmes enfermées avec les enfants dans l'église, et les soldats mettent le feu aux bâtiments. Robert Hébras a 18 ans à l'époque, il se cache sous les corps pour éviter les balles et à parvient s'enfuir quand l'incendie s'intensifie, comme quatre autres jeunes hommes : Jean-Marcel Darthout, Mathieu Borie, Clément Broussaudie et Pierre-Henri Poutaraud. Une femme, Marguerite Rouffanche, a elle réussi à fuir l'église en flammes alors que Robert Hébras y perd sa mère et ses deux sœurs, brûlées vives.
Le survivant s'engage ensuite dans la Résistance puis témoigne au procès de Bordeaux où sont jugés les SS présents à Oradour-sur-Glane. Tout au long de sa vie, Robert Hébras œuvrera pour la réconciliation entre l'Allemagne, la France et l'Autriche, jusqu'à accueillir le président allemand Joachim Gauck aux côtés de François Hollande en septembre 2013.
Robert Hébras entre le président François Hollande et le président allemand Joachim Gauck (à droite) dans les ruines d'Oradour-sur-Glane le 4 septembre 2013. © AFP - W. Kumm
Il a d'ailleurs reçu le Prix du citoyen européen décerné par le Parlement en 2017, en plus de la Légion d'honneur et de la Croix d'officier de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne en 2015. En juin 2021, Emmanuel Macron, qui était venu rendre hommage aux victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane devant le tombeau des martyrs de la commune, lui remettait la médaille de commandeur de l'Ordre national du mérite.
Toujours ouvert aux échanges, Robert Hébras a continué longtemps à assurer des visites des ruines du village martyr, accompagnant la création du Centre de la mémoire d'Oradour. Depuis la mort de Jean-Marcel Darthout en 2016, il était le dernier survivant du massacre encore en vie, portant inlassablement son témoignage auprès des plus jeunes dans les établissements scolaires ou en répondant aux questions du Youtubeur Tibo InShape en 2021.
Suite à la publication de son livre "Oradour-sur-Glane : le drame heure par heure", publié en 1994, il est condamné à un euro symbolique de dommages et intérêts et à 10.000 euros de frais de justice. Dans l'ouvrage, il écrivait que "parmi les hommes de main, quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS". Le "soi-disant" ayant provoqué la colère des "Malgré nous", ces Alsaciens et Mosellans qui avaient alors enrôlés de force dans l'armée allemande.
Il avait nuancé ce propos dans les éditions suivantes, mais un retirage avait relancé la procédure judicaire qui s'est finalement terminée le 16 octobre 2013 avec l'annulation de l'arrêt de la cour d'appel de Colmar par la Cour de cassation. La plus haute juridiction française a estimé que les propos de Robert Hébras, "s'ils ont pu heurter, choquer ou inquiéter les associations demanderesses, ne faisaient qu'exprimer un doute sur une question historique objet de polémique, de sorte qu'ils ne dépassaient pas les limites de la liberté d'expression".
Source : Robert Hébras était le dernier survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane