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Dorlayne Durel-Mongelard organise une cérémonie en l’honneur de ses grands-parents résistants déportés dans les camps de la mort au Crown Plaza à Toulouse ce lundi. Elle évoque sa fascination pour sa grand-mère.
Dorlayne Durel-Mongelard organise un hommage à ces grands-parents résistants déportés à la suite d’une dénonciation à l’hôtel Crown Plaza, 7 place du Capitole à Toulouse. DDM - FREDERIC CHARMEUX
Stanislas et Augustine ont été déportés dans les camps de la mort à cause d’un stylo jaune et noir. L’objet devait être brandi comme un signe de ralliement pour les membres du réseau de résistance "Pat O’Leary" qui ne se connaissaient pas. "Un certain Roger a sorti le stylo de sa poche, ils l’ont laissé entrer dans l’hôtel. En fait c’était un collabo. Cela a signé l’arrêt de mort de mon grand-père et des années d’enfer pour ma grand-mère", raconte Dorlayne Durel-Mongelard, la présidente de l’AFMD 31 (Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation).
La septuagénaire organise ce lundi à 10 heures une cérémonie au Crown Plaza à Toulouse en mémoire de ses grands-parents arrêtés par l’occupant le 20 février 1943. "Ourson" et "Oursonne", leurs noms de code, tenaient l’hôtel de Paris, l’ancien nom du Crown Plaza. Derrière l’activité officielle de l’établissement se cachait un haut lieu de la Résistance où ont transité des personnages célèbres comme le général Jean de Lattre de Tassigny. Le couple avait hébergé clandestinement 700 personnes qui venaient des quatre coins de l’Europe (Royaume-Uni, Pays-Bas ou encore Belgique).
Si Dorlayne Durel-Mongelard n’a pas connu son grand-père mort dans un convoi de prisonniers malades à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle a eu la chance de côtoyer sa grand-mère pendant de longues années.
"En 1945 quand ma grand-mère est revenue de Ravensbrück, ce n’est plus la même femme. Elle qui autrefois aimait la bonne chère et qui devait peser 80 kg n’en faisait plus que 34. Pendant deux ans, elle a dû dormir sur un lit de camp où il était impossible de fermer l’œil. Elle n’a jamais retrouvé la silhouette qu’elle arborait avant la guerre. Elle est restée mince mais surtout sa personnalité avait totalement changé. Elle avait perdu toute forme d’innocence et de jovialité. Au contact de l’horreur absolue, elle était devenue extrêmement dure", se rappelle la présidente de l’AFMD 31.
Lors de repas qui n’en finissaient pas, Augustine parlait des camps à sa petite-fille sans jamais donner trop de détails. "Elle me disait que les pires, ce n’était pas les gardiens mais les gardiennes. Elles étaient d’une cruauté inimaginable. Elle racontait que les jeunes filles déportées tombaient comme des mouches, que c’étaient les premières à périr dans les camps. Je voyais ma grand-mère comme un être hors du commun. Gamine, j’en étais arrivée à penser que si mon grand-père avait péri, c’était parce qu’il était faible. Une sottise qui m’est sortie de l’esprit quand j’ai été en âge de comprendre vraiment la mécanique des camps de la mort."