Comment la Corée du Nord pourrait frapper une ville américaine en 1.997 secondes

Publié le par Les Echos par Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)

Dans une nouvelle étude, des experts chinois de la défense estiment que le bouclier antimissile américain n'est pas infaillible et pourrait peiner à répondre à une attaque par plusieurs missiles balistiques intercontinentaux tirés par Pyongyang.

Vendredi, la Corée du Nord a confirmé qu'elle avait, de nouveau, testé, jeudi, avant le grand sommet entre les dirigeants japonais et sud-coréen, l'un de ses plus puissants missiles balistiques intercontinentaux en direction de la mer du Japon. (KCNA VIA KNS/AFP)

Vendredi, la Corée du Nord a confirmé qu'elle avait, de nouveau, testé, jeudi, avant le grand sommet entre les dirigeants japonais et sud-coréen, l'un de ses plus puissants missiles balistiques intercontinentaux en direction de la mer du Japon. (KCNA VIA KNS/AFP)

Pas de provocation inutile. Dans une étude très complète, publiée en mandarin, un groupe d'experts chinois des enjeux de défense vient de simuler une potentielle attaque du territoire nord-américain par un puissant missile balistique intercontinental (ICBM) lancé depuis l'Asie.

Mais ces chercheurs, emmenés par Tang Yuyan du Beijing Institute of Electronic System Engineering, ont pris soin de ne pas se baser leur simulation, consultée par « Les Echos », sur un missile chinois, mais sur l'un des engins régulièrement testés par le régime nord-coréen.

Selon leur modèle, présenté dans la revue « Modern Defence Technology », un missile de type Hwasong 15, décollant de Sunchŏn, juste au nord de Pyongyang, et volant à la vitesse de 7,05 mètres par seconde, pourrait potentiellement frapper une ville du centre des Etats-Unis en 1.997 secondes, soit 33 minutes, si le complexe système de défense antimissile américain venait à connaître une défaillance. Pour leur démonstration, les scientifiques ont choisi comme cible théorique la petite ville de Columbia, située au centre du Missouri.

Quelques minutes pour réagir

Dans leur étude, les chercheurs chinois expliquent que l'architecture antimissile américaine est composée de cinq « étapes » clés mêlant la détection d'un tir, son suivi et différentes tentatives de destruction. « Ce n'est que lorsque chaque étape est bouclée que la cible peut être effectivement interceptée », pointe l'étude.

Le lancement d'un missile nord-coréen serait ainsi repéré en moins d'une vingtaine de secondes par les satellites américains ainsi que différents radars déployés dans la région, notamment sur les bases américaines du Japon. Immédiatement, le centre de contrôle situé dans le Colorado, sur la Schriever Air Force Base, serait mobilisé pour analyser les spécificités du vol du missile coréen, notamment sa vitesse et la progression de son altitude, en se basant notamment sur les informations récoltées par le système THAAD installé en Corée du Sud.

Jamais d'agression réelle

En quelques minutes, une première réponse américaine serait activée avec le tir, depuis une base située en Alaska, des missiles antibalistiques américains, équipés d'engins « tueurs » baptisés EKV pour « exoatmospheric kill vehicle ». « Des intercepteurs de type GBI seraient lancés depuis Fort Greely 660 secondes (11 minutes) après le tir nord-coréen et pourraient rejoindre leur cible au bout de six minutes », estime l'étude chinoise, qui envisage toutefois un échec de cette première interception.

Ce sont alors les missiles basés à Vandenberg en Californie qui décolleraient en direction de l'ICBM coréen. Au mieux, ils interrompraient l'attaque seulement huit minutes avant que le missile ne touche le sol américain.

En conclusion de leur étude, les experts ne se prononcent pas clairement sur le degré d'efficacité de l'actuel bouclier américain , qui n'a jamais eu à réagir à une agression réelle. Ils saluent la redondance de certains maillons des systèmes de sécurité, afin de parer à d'éventuelles défaillances, mais ils laissent entendre que la structure actuelle n'est toutefois pas infaillible. « Tout problème dans l'un de ces maillons peut entraîner un fonctionnement anormal de la chaîne de destruction, entraînant l'échec des opérations défensives », écrivent-ils.

Des failles de surveillance

Ils affirment que le système de détection et de suivi des tirs est encore imparfait. Les Américains ne pouvant pas suivre l'intégralité du vol d'un ICBM nord-coréen. Par ailleurs, notent-ils, le bouclier américain peinerait à gérer plusieurs interceptions simultanées.

« Face à un grand nombre de leurres ou en cas de scénarios de forte pénétration, il n'existe actuellement aucune preuve de la capacité du système à organiser une confrontation efficace », expliquent les analystes, avant de rappeler que les Etats-Unis se sont lancés récemment dans un effort de mise à niveau de leur bouclier antimissile, en prévoyant notamment le déploiement de plus de systèmes de surveillance THAAD en Asie. Une option qui ulcère Pékin et Pyongyang.

Vendredi, la Corée du Nord a confirmé qu'elle avait, de nouveau, testé, jeudi, avant le grand sommet entre les dirigeants japonais et sud-coréen , l'un de ses plus puissants missiles balistiques intercontinentaux en direction de la mer du Japon. Diffusant des images du tir du missile Hwasong 17, les médias du régime ont expliqué que Kim Jong-un, qui avait assisté jeudi au lancement, avait insisté « sur la nécessité d'instiller la peur chez les ennemis» du pays en organisant «le renforcement irréversible de la dissuasion nucléaire ».

Source : Comment la Corée du Nord pourrait frapper une ville américaine en 1.997 secondes

Publié dans Articles de Presse

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