Guerre en Ukraine : Kiev craint une offensive de grande envergure de la Russie début 2023
Selon de hauts responsables ukrainiens, Vladimir Poutine se prépare une nouvelle offensive majeure au début de l’année prochaine, au cours de la nouvelle année, malgré une série de revers humiliants sur le champ de bataille pour la Russie ces derniers mois.
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valéry Zaloujny, a dit jeudi s’attendre à une nouvelle attaque russe sur Kiev dans les tout premiers mois de 2023, alors que les combats se concentrent depuis plusieurs mois dans l’Est et le Sud de l’Ukraine. Une thèse en partie partagée par le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, par le chef des forces terrestres Oleksandr Syrskyi et Volodymyr Zelensky, selon «The Guardian». Une politique délibérée de communication pour «souligner la menace persistante que la Russie représente pour l’Ukraine » aux Occidentaux ? s’interroge le quotidien britannique.
« Une tâche stratégique très importante pour nous est de créer des réserves et de se préparer à la guerre, qui peut avoir lieu en février, au mieux en mars, et dans le pire des cas fin janvier », a affirmé Valéry Zaloujny dans un entretien à l’hebdomadaire britannique «The Economist». « Je ne doute pas qu’ils tenteront une nouvelle fois de prendre Kiev », a-t-il appuyé.
«Tenir la ligne de front» actuelle
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne a affirmé, dans cet entretien, « avoir fait tous les calculs: combien de chars, d’artillerie nous avons besoin et ainsi de suite » pour repousser cette éventuelle offensive.
Fin février, l’armée russe avait lancé l’invasion de l’Ukraine, avec comme objectif la prise rapide de Kiev par ses troupes lancées notamment de la Biélorussie voisine, au nord. Les forces russes avaient été maintenues à quelques dizaines de kilomètres de la capitale ukrainienne, avant de se retirer complètement de la région fin mars-début avril, une victoire pour l’armée ukrainienne.
Pour Valéry Zaloujny, un autre « problème » actuel pour son armée est de « tenir la ligne » de front actuelle, qui s’étend du Sud à l’Est, « et ne plus perdre de terrain », après avoir chassé les Russes en septembre de la région de Kharkiv (nord-est) et de Kherson début novembre (sud).
«Rassembler leurs ressources» humaines et militaires
Selon le chef de l’armée ukrainienne, les Russes bombardent par ailleurs les infrastructures énergétiques du pays depuis octobre après une série de revers humiliants car « ils ont besoin de temps » pour « rassembler leurs ressources » humaines et militaires dans l’optique d’une nouvelle offensive d’ampleur dans les prochains mois.
Le réseau énergétique national est « sur un fil », a-t-il aussi relevé à « The Economist», jugeant « possible » qu’il soit mis entièrement hors d’usage par de nouvelles frappes russes de missiles et de drones. Ces frappes provoquent quotidiennement des coupures d’électricité importantes dans tout le pays, laissant plusieurs millions d’Ukrainiens dans le froid et dans l’obscurité, en pleine période hivernale. «J’ai l’impression qu’on est au bord du gouffre (…). Sans eau, lumière et chaleur, pouvons-nous préparer nos réserves pour de nouveaux combats ?» s’inquiète Valéry Zaloujny.
Alors que la Russie a mobilisé quelque 300 000 soldats réservistes à l’automne, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov estime dans « The Guardian » que si la moitié d’entre eux, sommairement formés, ont renforcé rapidement les rangs sur le champ de bataille, les 150 000 autres bénéficient d’une formation bien plus approfondie pour des offensives futures dans « différents camps ».
Comme il faut environ trois mois d’entraînement, « cela signifie qu’ils essaient de lancer la prochaine vague de l’offensive probablement en février, comme l’année dernière», poursuit le ministre qui ne mentionne pas toutefois que Kiev serait la cible. «Nous estimons que la Russie dispose d’une réserve de 1,2 à 1,5 million de personnes», avait ajouté le commandant en chef de l’armée ukrainienne, en distillant la crainte d’innombrables batailles.
Source : Guerre en Ukraine : Kiev craint une offensive de grande envergure de la Russie début 2023