Guerre en Ukraine : l’armée russe tente toujours d’encercler Bakhmout, selon Kiev
Alors que le patron du groupe paramilitaire Wagner se vantait d’avoir pris Bakhmout il y a quelques jours, l’armée ukrainienne a déclaré dimanche repousser de nombreuses attaques russes.
Les troupes russes poursuivent leurs efforts pour encercler la ville symbole de Bakhmout, épicentre de la guerre dans l’est de l’Ukraine, a indiqué ce dimanche 5 mars l’armée ukrainienne, assurant toutefois avoir repoussé de nouvelles attaques. La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l’importance stratégique est contestée, dure depuis l’été.
Par ailleurs, le groupe allemand d’armement Rheinmetall mène des discussions "prometteuses" avec Kiev concernant la construction en Ukraine d’une usine de fabrication de chars, dont le pays a besoin pour repousser l’invasion russe, a déclaré son président dans un entretien paru samedi.
L’armée russe essaye toujours d’encercler Bakhmout, selon Kiev
Dans son compte rendu quotidien, l’État-major ukrainien a affirmé que "plus de 130 attaques ennemies" avaient été entravées lors des dernières 24 heures, dans plusieurs secteurs du front, notamment à Koupiansk, Lyman, Bakhmout et Avdiïvka. "L’ennemi poursuit ses tentatives d’encercler la ville de Bakhmout", a-t-il poursuivi, sans plus de détails. Des villages au nord et à l’ouest de Bakhmout ont été attaqués, a déclaré samedi sur CNN Serhii Tcherevatyi, porte-parole du groupement oriental des forces armées ukrainiennes. Plus tôt dans la journée, il avait affirmé que la situation à Bakhmout était "difficile mais sous contrôle".
Le groupe paramilitaire Wagner, en première ligne à Bakhmout, avait assuré vendredi avoir "pratiquement encerclé" la ville et appelé le président Volodymyr Zelensky à ordonner le retrait de ses troupes. Samedi, l’Institut pour l’Etude de la guerre (ISW), un groupe d’experts américains, a reconnu que les forces russes avaient conquis des positions à Bakhmout qui pourraient leur permettre de contourner certaines défenses ukrainiennes. "Les Russes pourraient essayer d’encercler les forces ukrainiennes à Bakhmout, mais le commandement ukrainien a donné le signal qu’il préférait se retirer plutôt que de risquer un encerclement", estime cette source.
L’armée russe affirme avoir frappé le centre de commandement du régiment Azov
Le ministère de la défense russe a annoncé ce dimanche que ses forces armées ont frappé un centre de commandement du régiment Azov, unité de la garde nationale ukrainienne, dans le sud-est de la région de Zaporijia. Une information que l’agence de presse Reuters n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante. Le ministère n’a pas donné de détails sur l’attaque dans son bulletin quotidien sur la guerre en Ukraine, que Moscou appelle une "opération militaire spéciale".
Fondé par des militants ultranationalistes d’extrême droite comme une unité paramilitaire en 2014, au début de la guerre contre les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, le régiment Azov est depuis devenu une unité régulière, intégrée à la garde nationale ukrainienne. Le régiment Azov, qui s’est particulièrement distingué l’année dernière dans la lutte contre l’agression russe dans l’est de l’Ukraine, était basé à Marioupol, ville portuaire du sud-est de l’Ukraine.
Les Estoniens élisent leur Parlement, l’Ukraine en toile de fond
Les Estoniens ont commencé à voter ce dimanche pour élire leur nouveau Parlement dans un scrutin qui pourrait renforcer les nationalistes d’extrême droite, un parti qui a fait campagne sur l’opposition à de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine. Le Parti de la réforme (centre droit) de la Première ministre Kaja Kallas devrait remporter ce scrutin, selon la plupart des sondages publiés cette semaine, mais il devra probablement former une coalition pour rester au pouvoir. Selon ces sondages, il obtiendrait entre 24 % et 30 % des voix, alors que le parti d’extrême droite EKRE est crédité de 14 % à 25 % des suffrages.
L’Estonie, pays de 1,3 million d’habitants limitrophe de la Russie, dispose d’un parlement monocaméral de 101 sièges, tous en jeu dans le vote de dimanche. Le pays balte, membre de l’Union européenne et de l’Otan, a pris la tête des appels internationaux lancés l’année dernière en faveur d’une aide militaire accrue à l’Ukraine face à l’invasion de la Russie. L’aide militaire estonienne à l’Ukraine représente actuellement plus de 1 % de son PIB, soit la contribution la plus importante de tous les pays par rapport à la taille de leur économie.
Selon le dirigeant du parti d’extrême droite EKRE, Martin Helme, l’Estonie ne devrait "pas aggraver davantage les tensions" avec Moscou. EKRE a fait campagne contre une aide militaire supplémentaire à Kiev et a appelé à ne plus accepter de réfugiés ukrainiens et à réduire l’immigration pour protéger les travailleurs estoniens. Rebutés par les prises de position belliqueuses du gouvernement estonien à l’égard de la Russie, de nombreux russophones, qui représentent un quart de la population, risquent de choisir l’abstention lors des législatives de dimanche, même s’ils sont opposés à la guerre en Ukraine.
Rheinmetall en discussion pour construire une usine de chars en Ukraine
"Une usine de Rheinmetall peut être construite en Ukraine pour environ 200 millions d’euros" avec l’objectif de produire jusqu’à 400 chars de combat de type Panther par an, a déclaré son président Armin Papperger dans un entretien au journal Rheinische Post paru samedi. Le patron du groupe a dit s’attendre à une décision "dans les deux prochains mois". L’unité de production pourrait "sans difficulté" être protégée des attaques russes via des systèmes de défense antiaériens, a-t-il estimé.
L’ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a d’ores et déjà menacé de célébrer l’ouverture éventuelle de l’usine "comme il se doit avec une salve de (missiles russes) Kalibr et d’autres dispositifs pyrotechniques", dans un message sur son compte Telegram. Selon le patron de Rheinmetall, l’Ukraine a besoin de 600 à 800 chars pour l’emporter contre les forces russes, d’où la nécessité de produire rapidement de nouveaux blindés. "Même si l’Allemagne mettait à disposition (de l’Ukraine) les 300 chars Leopard 2 de la Bundeswehr, cela serait nettement insuffisant", a-t-il jugé.
Le procureur général d’Ukraine enquête sur 171 cas de violences sexuelles
L’épouse du président ukrainien, Olena Zelenska, a annoncé, samedi 4 mars, que le bureau du procureur général d’Ukraine enquêtait sur 171 cas de violences sexuelles commis par les troupes russes en Ukraine. Cependant, le nombre réel de victimes est nettement plus élevé, a-t-elle déclaré en marge d’une conférence qui s’est tenue à Lviv, ville de l’ouest du pays.
Parmi les victimes de ces violences sexuelles figurent 39 hommes, et 13 mineurs, dont un garçon. "Nous ne connaissons ces cas uniquement parce que ces gens ont trouvé la force de parler. Nous ne savons pas combien de personnes souffrent en silence, notamment dans les territoires occupés", a-t-elle précisé.
Source : Guerre en Ukraine : l’armée russe tente toujours d’encercler Bakhmout, selon Kiev