Assassinat de Kasdi Merbah sa famille exige une enquête sérieuse
publié le 24/08/2012 à 10h48
L'ancien patron de la Sécurité militaire et président du Majd, Khalef Abdellah, dit Kasdi Merbah, son frère, son fils et deux compagnons sont assassinés, en plein journée du 21 août 1993, par
un groupe armé pas loin de Bordj El Bahri.
Pour les 21 ans de ce "crime abject", les sœurs du défunt Kasdi Merbah reviennent au devant de la scène nationale pour rappeler
ce crime impunis mais surtout avertir : "Les dirigeants qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies, à quelque niveau que ce soit, doivent savoir que nous ne
renoncerons jamais à notre droit imprescriptible et surtout à notre devoir moral impérieux de revendiquer la vérité sur ce qu’il s’est réellement passé. Notre détermination est plus que jamais
inébranlable."
Dans ce communiqué, les soeurs de Merbah rappellent les circonstances de l'embuscade. "Ils ont été froidement assassinés à Bordj El Bahri par un commando suréquipé et surentraîné, ne laissant
aucun doute sur sa nature", accusent les trois sœurs dans un communiqué rendu public mardi. Les soeurs de l'ancien patron de la Sécurité militaire sont déçues par la manière avec laquelle est
troussée cette affaire. "L’enquête qui s’en est suivie a été des plus rudimentaires, voire bâclée, puisque c’est la solution de facilité qui a vite été choisie, consistant à interpeller de
pauvres hères de la région et à leur imputer ce crime abject. Ni autopsies, ni auditions, ni étude balistique, ni recherches approfondies n’ont été effectuées, à l’image de ce qui s’est passé
pour d’autres assassinats non encore élucidés".
En homme du sérail très averti, Kasdi Merbah gênait manifestement beaucoup de monde. A ce titre, sa famille estime qu'il n'y a pas une réelle volonté d'élucider ce crime. "Le procès qui a été
organisé – une parodie – visait essentiellement à évacuer une affaire jugée encombrante, pour vite s’en débarrasser", écrivent-elles. Pire les plus hautes autorités ne se sont pas montrées
particulièrement motivées pour mener une véritable enquête, selon les termes de la famille. "Régulièrement, nous nous sommes adressées à la plus haute autorité politique de l’Etat, pour
revendiquer une enquête judiciaire sérieuse, à même de faire la lumière sur cette atrocité et démasquer les véritables auteurs et commanditaires de ce forfait lâche et infâme. En guise de
réponse, nous n’avons eu droit qu’à un silence épais et pesant, certainement embarrassé, mais que nous percevons comme une forme de mépris et de dédain", soulignent les trois femmes..
Dans un élan de patriotisme, elles précisent : "Notre attachement viscéral à la mère patrie et notre fidélité au serment de Novembre nous ont empêché, jusque-là, d’envisager autrement que par des
moyens nationaux la révision du procès de ce quintuple assassinat politique, par la nomination de plusieurs juges d’instruction indépendants et intègres, ayant les coudées franches dans toutes
leurs investigations et pouvant bénéficier de notre concours, si modeste soit-il, en notre qualité de partie civile". Et elles poursuivent en avertissant : "Ceux qui ont pu être tentés de rire
sous cape en considérant notre demande comme naïve et puérile et qui se sont soustraits à leurs lourdes responsabilités, déchanteront vite, le jour où le contrôle de la situation leur échappera
et qu’ils se trouveront face à un chaos indescriptible dont ils auront été les maîtres d’œuvre. Ignoreraient-ils encore que la Vérité est Une et qu’elle a pour vocation cosmique de s’imposer à
tous, en tous lieux et en tous temps ?".
Par ses multiples anciennes fonctions, Kasdi Merbah connaissait trop bien l'Algérie et ses dossiers les plus chauds. Dans une des rencontres publiques qui a eu lieu à Ghardaïa en janvier 1991
(*), l'ancien chef des renseignements s'est laissé aller à une confidence. Il avait promis de "donner les noms des excécuteurs de Krim Belkacem, Mohamed Khider et d'autres lors de mon passage à
la Télévision dans l'émission Face à la presse". Mais il ne l'a pas fait.