Bilger Philippe
Philippe Bilger, né le 31 août 1943 à Metz, est un magistrat français. Juge d'instruction, puis avocat général, il est resté au service de la justice pendant près de quarante années, connu surtout pour avoir été responsable du service de la cour d'assises au sein de la cour d'appel de Paris. Il est l'auteur de nombreux ouvrages.
Jeunesse
Fils de Joseph Bilger, un autonomiste alsacien-lorrain, Philippe Bilger naît à Metz, pendant la seconde annexion allemande. Il est scolarisé, après la guerre, dans l'établissement scolaire privé Saint-Louis à Montargis. Il commence sa carrière dans la magistrature en 1970. À la Libération, son père, Joseph Bilger, fondateur d'une organisation d'extrême droite, est condamné à dix ans de travaux forcés pour faits de collaboration. Ce jugement reste, pour Philippe Bilger, une injustice qui n'a pas été sans incidence sur le choix de sa carrière de magistrat et sur sa manière d'exercer sa fonction.
Il est membre du jury du Prix des Hussards, créé par Christian Millau. Depuis mai 2016, il est membre de la Commission d'éthique de la Région Île-de-France, aux côtés de Jacqueline de Guillenchmidt et de Daniel Labetoulle (démissionnaire en mai 2018), puis de Jean-Éric Schoettl. Depuis 2013, il a sa chaîne YouTube, Philippe Bilger soumet à la question, où il fait des entrevues de fond (45 à 60 minutes) avec des personnalités du monde intellectuel, du monde de la politique et du monde des arts.
Carrière judiciaire
Juge d'instruction à Lille en 1972, substitut à Bobigny en 1976 puis à Paris en 1982, il y poursuit sa carrière, à partir de 1999, comme avocat général hors hiérarchie. Philippe Bilger représente l'accusation notamment aux procès de Christian Didier, François Besse, Bob Denard et Émile Louis. En 2004, il est avocat général au procès de Maxime Brunerie, qui a essayé de tuer Jacques Chirac. Dans son réquisitoire il décrit alors, en ce qui concernerait l'accusé, un « désir de lustre étincelant effaçant une vie de grisaille » ; le verdict dépasse ses réquisitions. Maxime Brunerie, à sa sortie de prison, lui propose de préfacer son livre ; Philippe Bilger refuse.
En 2006, au procès d'Hélène Castel, il requiert et obtient que l'accusée, quinze ans après les faits et repentante, soit condamnée à une peine dimensionnée de manière qu'elle soit libérée à l'issue du procès. En 2009, Philippe Bilger représente le ministère public au procès relatif à l'affaire « du gang des barbares ». Ses réquisitions sont dans l'ensemble suivies par la cour, notamment en condamnant le principal accusé à la peine maximale, et il déclare que « les débats et l’arrêt rendu ont été exemplaires ». N'ayant pas demandé cette peine maximale pour certains complices, il est attaqué pour son traitement de cette affaire par Bernard-Henri Lévy et par l'avocat des parties civiles Francis Szpiner.
Le 1er septembre 2009, Philippe Bilger est admis à la retraite et maintenu en activité comme substitut général, et ce jusqu'au 1er septembre 2012. Le 3 octobre 2011, il quitte la magistrature et rejoint le cabinet D'Alverny, Demont et associés en qualité de conseiller spécial salarié jusqu'en décembre 2012. Il crée alors l'Institut de la parole, qui dispense des formations pour l’amélioration de la communication orale. À partir de 2013, il devient auto-entrepreneur avec la même activité, plus celle de consultant judiciaire. Au début de l'année 2014, il acquiert le statut d'indépendant.
Engagements
Philippe Bilger intervient fréquemment sur des sujets politiques ou de justice, dans les médias et sur son blog. Sa forte présence médiatique et ses positions qu'il qualifie de « réactionnaires » lui attirent de nombreuses hostilités. Présenté comme de droite, se définissant comme « réactionnaire », Philippe Bilger défend les peines plancher et, du moins initialement, la suppression du juge d'instruction. S'agissant de cette dernière réforme, il indique qu'à ses yeux, elle devrait être assortie d'une réelle indépendance structurelle du parquet, estimant que cette réforme permettrait de « sortir d'une justice d'autorité pour entrer dans une justice de contradiction et d'explication ».
Estimant qu'il a « pr[is] [s]es désirs pour des réalités », il finit par revenir sur cet optimisme, comme sur la politique de Nicolas Sarkozy : il joint sa voix aux protestations de la magistrature du début 2011. Au nom de la défense de la liberté d'expression il s'oppose à la loi Gayssot et soutient Éric Zemmour avant son procès pour diffamation raciale et appels à la discrimination et à la haine raciale. Au second tour de l'élection présidentielle de 2017, il apporte son soutien à Emmanuel Macron. Depuis janvier 2020, il anime une émission mensuelle sur Fréquence protestante, intitulée "Philippe Bilger les soumet à la question [archive]". Il y reçoit des personnalité du monde des médias comme Didier Maïsto, patron de Sud Radio [archive], et de la culture comme Philippe Grimbert ou encore Michel Onfray.
Distinctions
Philippe Bilger est chevalier de la Légion d'honneur.
Vie privée
Philippe Bilger a une sœur, Marie-Christine, et deux frères, François et Pierre (respectivement économiste et capitaine d'industrie), aujourd'hui tous les trois décédés. Philippe Bilger est remarié avec une journaliste et a six enfants.
Publications
- Le Droit de la presse, éd. Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » no 2469, Paris, 1989, 127 p. (ISBN 2-1304-2496-1), rééditions en 1990, 1995 et 2003 (ISBN 978-2-1305-3559-1).
- Claude Grellier et Philippe Bilger, Le Besoin de justice, éd. Calmann-Lévy, Paris, 1990 (ISBN 978-2-7021-1879-5).
- Plaidoyer pour une presse décriée, éd. Filipacchi, Levallois-Perret, 2001, 124 p. (ISBN 2-85018-778-X)
- Un avocat général s'est échappé (avec la collaboration de Stéphane Durand-Souffland), Éditions du Seuil, coll. « L'épreuve des faits », Paris, 2003, 187 p. (ISBN 978-2-0205-8540-8)
- Bruno Gaccio et Philippe Bilger, sous la direction de Gilles Verlant, Le Guignol et le Magistrat, éd. Flammarion, Paris, 2004, 353 p. (ISBN 978-2-0806-8635-0)
- Pour l'honneur de la justice, éd. Flammarion, Paris, 2006, 156 p. (ISBN 978-2-0821-0571-2)
- J'ai le droit de tout dire !, Éditions du Rocher, coll. « Documents », Monaco et Paris, 2007, 341 p. (ISBN 978-2-26806-261-7).
- États d'âme et de droit, Le Cherche midi, coll. « Documents », Paris, 2009, 230 p. (ISBN 978-2-7491-1416-3).
- Roland Agret et Philippe Bilger, Et si on jugeait les juges ?, éd. Mordicus, Paris, 2009, 99 p. (ISBN 978-2-918414-08-7)
- Vingt minutes pour la mort – Brasillach : le procès expédié, Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 201127 (ISBN 978-2-268-07029-2).
- Le Bal des complaisants. Le dernier réquisitoire d’un avocat général, avec François Sionneau, éd. Fayard, Paris, 2012, 198 p. (ISBN 978-2-213-66272-5).
- La France en miettes, éditions Fayard, 8 mai 2013 (ISBN 978-2213677156)
- Contre la justice laxiste, éditions de l'Archipel, 2 avril 2014
- 72 heures (roman judiciaire revu), éditions Lajouanie, publication le 4 décembre 2014 (ISBN 978-2370470553).
- Ordre et désordres, éditions Le Passeur, publication le 10 avril 2015 (ISBN 978-2368903087).
- La parole, rien qu'elle, éditions Cerf, publication le 13 janvier 2017 (ISBN 978-2204117609).
- Moi, Emmanuel Macron, je me dis que..., éditions Cerf, publication le 15 septembre 2017 (ISBN 978-2204125499).
- Le Mur des cons, Albin Michel, 2019