Georges Bonnet, né Étienne Georges Bonnet à Bassillac (Dordogne) le 23 juillet 1889 et mort à Paris le 18 juin 1973, est un homme politique français, député radical-socialiste de la Dordogne de 1924 à 1940 et de 1956 à 1968 et plusieurs fois ministre entre 1925 et 1940.
Carrière
Georges Bonnet est le fils de Gaston Bonnet, ancien conseiller à la Cour de cassation. Licencié en droit, licencié ès lettres, diplômé d'études supérieures de philosophie, il est brillamment reçu au concours d'auditeur au Conseil d'Etat, en 1913. Mobilisé comme maréchal des logis en août 1914, il termine la guerre comme lieutenant d'artillerie avec la Croix de guerre et celle de chevalier de la Légion d'honneur. Après l'armistice, il est nommé, par Clemenceau, directeur des services de la démobilisation, où il travaille avec le général Giraud, sous-chef d'Etat-major de l'armée. Collaborateur de Gabriel Hanotaux, de l'Académie française, il écrit avec lui Le guide des champs de bataille de 1914-1918. Délégué de la France à la Conférence de la paix, dont il est l'un des secrétaires, il approche les grands hommes d'Etat étrangers qui participent à la préparation du traité de Versailles, notamment Wilson et Lloyd-George. Chef de cabinet du sous-secrétaire d'Etat aux postes, télégraphes et téléphones, Louis Deschamps, de 1919 à 1921, il est nommé chef de la délégation française à la Conférence de l'Union postale de Madrid, et fait adopter le franc-or comme monnaie internationale.
Ainsi introduit dans le monde politique, il se présente aux élections générales législatives du 16 novembre 1919 dans son département natal ; il figure en deuxième position sur la liste de concentration économique et républicaine, mais essuie un échec. Il prend sa revanche aux élections générales suivantes où il est élu au quotient électoral le 11 mai 1924, sur la liste d'Union des gauches, ayant obtenu personnellement 49 875 voix, sur 106 595 votants. Ce devait être le début d'une carrière politique prestigieuse. Le scrutin uninominal ayant été rétabli, il est battu le 22 avril 1928 dans la circonscription de Nontron. Son absence de la vie parlementaire est de courte durée. Le 24 février 1929, il emporte, à une élection partielle, au premier tour de scrutin, par 7 220 voix, contre 3 324 à M. Lacombe, le siège laissé vacant dans la première circonscription de Périgueux par l'élection de M. Félix Gadaud au Sénat ; il est par la suite réélu aux renouvellements normaux du 1er mai 1932, par 9 705 voix contre 2 343 à M. Eyraud, et du 26 avril 1936, par 8 549 voix contre 5 012 à M. Bouthonnier toujours au premier tour de scrutin.
Il sera quinze fois ministre : le 17 avril 1925, à 35 ans, il est nommé sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil dans le deuxième Cabinet Painlevé. Il organise ses services, jusque là embryonnaires, rétablit la paix religieuse en Alsace-Lorraine et crée le Conseil économique. Le 29 octobre de la même année, il devient ministre du budget dans le troisième cabinet Paul Painlevé. Il est ensuite successivement ministre des pensions dans le deuxième cabinet Edouard Herriot du 19 juillet 1926, ministre du commerce et de l'industrie dans le premier cabinet Camille Chautemps du 21 février 1930, ministre des PTT dans le cabinet Steeg du 13 décembre 1930, ministre des travaux publics dans le cabinet Paul-Boncour du 18 décembre 1932, ministre des finances dans le premier cabinet Daladier du 31 janvier 1933, le premier Cabinet Albert Sarraut du 26 octobre 1933 et le deuxième cabinet Camille Chautemps du 26 novembre 1933.
C'est en qualité de ministre des finances qu'il créé la loterie nationale qui devait survivre à tous les événements, et obtient du Parlement le vote de mesures de redressement financier qui, à trois reprises, en février, en mai, et en décembre 1933, réduisent de plusieurs milliards le déficit budgétaire. Il est à nouveau ministre du commerce et de l'industrie dans le quatrième cabinet Laval du 7 juin 1935 et le deuxième cabinet Albert Sarraut du 24 janvier 1936. Il prépare, à ce titre, l'exposition internationale de 1937, approuve les plans du Palais de Chaillot et signe le premier traité de commerce avec les Etats-Unis. Entre-temps, il est délégué à la Conférence de Lausanne qui le nomme président de celle de Stresa en 1932. En 1933, il prend la tête de la délégation française à la Conférence de Londres. Nommé en juin 1936, ambassadeur de France à Washington, il informe le Président Roosevelt du danger imminent de la guerre et lui demande de ne pas laisser voter la loi de neutralité par le Congrès. Lors de la crise financière de 1937, il est rappelé en France pour prendre le ministère des finances et de l'économie nationale dans le troisième cabinet Camille Chautemps formé le 22 juin pour "sauver le franc" selon l'expression de Paul Reynaud. Grâce aux pleins pouvoirs que lui accorde le Parlement, il rétablit une fois de plus notre situation financière.
En janvier 1938, après la chute du ministère, M. Albert Lebrun, Président de la République, fait appel à lui pour former le nouveau gouvernement. Assuré du concours de Joseph Caillaux et d'Henri Bérenger, il lance un appel radiodiffusé au pays et lui demande de consentir à l'union nationale face à la guerre qui nous menace. Il demande au Président Lebrun de prendre l'engagement de dissoudre la Chambre au cas où le gouvernement serait renversé. Mais le Président refuse de lui donner cette assurance. Il consent malgré tout à entrer dans le quatrième cabinet Camille Chautemps, en qualité de ministre d'Etat chargé de la coordination de l'action économique et financière du gouvernement. Il est ensuite ministre des affaires étrangères dans le troisième Cabinet Edouard Daladier. Pendant cette période inquiétante qui précède la guerre, il essaie de toutes ses forces d'en retarder l'échéance pour permettre à notre aviation de rattraper son retard. Il reçoit les souverains anglais en 1938 au Quai d'Orsay et signe plusieurs accords internationaux notamment les accords franco-espagnols et franco-turcs. Après la déclaration de guerre, il quitte le Quai d'Orsay pour la Place Vendôme où il assume les fonctions de Garde des Sceaux dans le même cabinet. Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vote les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain, comme la majorité de ses collègues du Parlement.
Mais il ne cache pas ses sentiments envers l'occupant et, en 1943, menacé d'être arrêté par les Allemands, il se réfugie en Suisse où il écrit deux ouvrages : Défense de la Paix et Fin d'une Europe. Rentré en France après la libération, il redescend dans l'arène politique, et malgré les forces d'opposition qu'il trouve en face de lui, se fait élire en 1950 conseiller général du canton de Champagnac, pour être réélu en 1953, et maire de Brantôme. En 1956, il entre à nouveau au Palais-Bourbon, élu sur la liste radicale par 46 511 voix sur 207 400 votants aux élections générales du 2 janvier. Il retrouve son siège à celles du 30 novembre 1958, dans la 3ème circonscription de la Dordogne, au deuxième tour de scrutin, par 27 133 voix sur 54 676 votants. Membre de la Commission des finances depuis 1956, il est rapporteur du budget des affaires étrangères. Depuis 1959, il appartient au groupe de l'Entente démocratique. Ses interventions à la tribune, malgré l'intérêt qu'elles présentent, sont trop nombreuses pour être toutes citées. Mais on peut dire qu'il n'est guère de débats financiers, économiques, ou de politique extérieure auxquels il n'ait participé, sans se désintéresser pour autant des questions agricoles, du sort des retraités et pensionnés, etc. Depuis sa rentrée au Parlement, en 1956, il est intervenu dans les débats budgétaires, dans ceux relatifs au Marché commun, à l'Algérie, à l'agriculture, au Maroc, à la Tunisie, à la réforme de l'armée, à la politique extérieure, à la réforme des régimes matrimoniaux, etc.
Membre du barreau de Paris depuis 1928, il eut l'occasion de plaider d'importantes affaires civiles, dans la limite où il ne les jugeait pas incompatibles avec ses mandats politiques. Il a épousé Odette Pelletan, petite-fille d'Eugène Pelletan et de Dionys Ordinaire, qui furent, l'un et l'autre, à l'origine de la fondation de la Troisième République. En plus des ouvrages cités plus haut, il a publié : La philosophie du droit chez Savigny ; Lettres d'un bourgeois de 1914 ; Les finances de la France (en collaboration avec Roger Auboin) ; Comment avoir un franc stable en 1925, où l'on trouve exposées la plupart des mesures que devait appliquer peu après Raymond Poincaré ; Le Quai d Orsay sous trois Républiques (1960). Il est titulaire de nombreuses décorations étrangères, dont la Grand croix de l'ordre de Saint-Georges et la Croix de guerre belge. Au mois d'octobre 1960, il a été l'objet à Périgueux d'une manifestation touchante pour fêter son jubilé politique, au cours de laquelle M. Maurice Faure, ancien ministre, rendit hommage à "un des plus illustres enfants du Périgord" et évoqua sa politique étrangère pleine de clairvoyance et de perspicacité.
Fonctions gouvernementales
- Sous-secrétaire d'État à la Présidence du Conseil du 17 avril au 29 octobre 1925 dans le gouvernement Paul Painlevé (2)
- Ministre du Budget du 29 octobre au 28 novembre 1925 dans le gouvernement Paul Painlevé (3)
- Ministre des Pensions du 19 au 23 juillet 1926 dans le gouvernement Édouard Herriot (2)
- Ministre du Commerce et de l'Industrie du 21 février au 2 mars 1930 dans le gouvernement Camille Chautemps (1)
- Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931 dans le gouvernement Théodore Steeg
- Ministre des Travaux Publics du 18 décembre 1932 au 31 janvier 1933 dans le gouvernement Joseph Paul-Boncour
- Ministre des Finances du 31 janvier 1933 au 31 janvier 1934 dans les gouvernements Édouard Daladier (1), Albert Sarraut (1) et Camille Chautemps (2)
- Ministre du Commerce et de l'Industrie du 7 juin 1935 au 4 juin 1936 dans les gouvernements Pierre Laval (4) et Albert Sarraut (2)
- Ministre des Finances du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938 dans le gouvernement Camille Chautemps (3)
- Ministre d'État du 18 janvier au 13 mars 1938 dans le gouvernement Camille Chautemps (4)
- Ministre des Affaires étrangères du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939 dans les gouvernements Édouard Daladier (3) et Édouard Daladier (4)
- Ministre de la Justice du 13 septembre 1939 au 21 mars 1940 dans le gouvernement Édouard Daladier (5)