Bouchardon Pierre
Pierre Bouchardon, né le 9 avril 1870 à Guéret et mort le 10 novembre 1950 à Paris, est un magistrat français.
Pierre Bouchardon est issu d'une famille d'avocats et de médecins. Il fait des études de droit à la Faculté de la Place du Panthéon et décide, à 25 ans, d'entrer dans la magistrature. Sujet brillant et bien noté, il montera tous les grades de la hiérarchie judiciaire. Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale. Surnommé par Clemenceau "Le Grand Inquisiteur", il instruit de nombreux procès en tant que capitaine-rapporteur au troisième conseil de guerre, nouvellement créé. L'histoire a surtout retenu ceux de Joseph Caillaux, de Mata Hari ainsi que ceux de Paul Bolo, dit « Bolo Pacha ». Pierre Bouchardon fut un des hommes, qui suivant les termes même du "Tigre",a le plus contribué à la victoire française par son habileté et son acharnement à lutter contre "l'ennemi de l'intérieur". Il met ainsi hors de combat deux journaux pacifistes et défaitistes fort dangereux financés par les Allemands: le journal Le Bonnet rouge et le journal Le Journal. Son rôle est tellement important dans la lutte contre l'espionnage et le défaitisme qu'il devient une célébrité.
Ainsi, au lendemain de la victoire le journal L'Illustration publie sa photo en couverture à côté de celle du Maréchal Foch et de Clemenceau avec ce titre : "Les Trois Hommes qui ont sauvé la France". Il est nommé président de la Cour d'appel de Paris en 1924. Il terminera sa carrière comme conseiller de la Cour de cassation. Joseph Caillaux, revenu aux affaires après la guerre fera tout pour bloquer son avancement (y parvenant en partie), s'en prenant ainsi directement à l'indépendance de la magistrature. N'ayant pas prêté serment à Pétain, Pierre Bouchardon est rappelé par de Gaulle en 1945 pour les grands procès politiques à venir. Refusant la présidence de la Cour de cassation pour ne pas menacer la vie de son fils, André, encore détenu dans les camps de concentration allemands (il avait tenté d'enlever Pétain pour l'emmener en Afrique du Nord contrôlée par les alliés, en espérant ainsi mettre fin à la collaboration), il sera nommé président de la Commission d’instruction près de la Haute Cour de justice et instruit de nombreux procès de l’épuration : Pétain, Laval, Brasillach, etc.
Une de ses plus grandes admiratrices, malgré leurs divergences de convictions politiques, fut la grande journaliste communiste Madeleine Jacob qui fut une des figures de Libération et de L'Humanité. Ses trois meilleurs amis furent son cousin le docteur Antoine Florand, grand professeur de la Belle Époque (et médecin personnel de Clemenceau), le docteur Paul, médecin légiste célèbre (ce qui faisait dire à Pierre Bouchardon qu'il valait "mieux éviter de passer de l'un à l'autre"...) et le Procureur André Mornet qui exerça avec lui au Troisième Conseil de Guerre et à la Haute Cour. L'humour caustique du quator était craint dans la bonne société. Pierre Bouchardon apparaît sous les traits de Bernard Giraudeau dans le téléfilm écrit par son arrière-petit fils Philippe Collas, "Mata Hari, la vraie histoire" (2003), adapté de la biographie homonyme. Ayant accès à toutes les archives, Pierre Bouchardon écrit une soixantaine de livres sur les plus grandes affaires criminelles des XIXe et XXe siècles, édités principalement chez Perrin et Albin Michel et qui font référence. On dit souvent de lui "C'est Balzac assassin !"