Carnot Sadi
Marie François Sadi Carnot, né le 11 août 1837 à Limoges et mort le 25 juin 1894 à Lyon, est un homme d'État français. Il est président de la République du 3 décembre 1887 à son assassinat par l'anarchiste italien Sante Geronimo Caserio. Haut fonctionnaire de carrière, Sadi Carnot est notamment, avant de se faire élire à l'Élysée, député de la Côte-d'Or, préfet de la Seine-Inférieure, sous-secrétaire d'État aux Travaux puis ministre des Travaux publics et ministre des Finances.
Marie François Sadi Carnot est le fils de Lazare Hippolyte Carnot, le petit-fils de Lazare Carnot (dit le « Grand Carnot » ou l’« organisateur de la Victoire »), le frère de Marie-Adolphe Carnot, le père d'Ernest Carnot, et le neveu du physicien Sadi Carnot. C’est à son grand-père que Carnot doit son prénom de Sadi, attribué au préalable à son oncle Sadi Carnot, physicien émérite qui meurt à l'âge de 36 ans. Lazare Carnot, avant d’être un révolutionnaire (qui vota notamment la mort du roi Louis XVI), était humaniste et grand admirateur du poète persan Saadi de Shiraz, chantre des femmes, du vin et des roses.
Il est élève au lycée impérial Bonaparte (futur lycée Condorcet) puis à l'École polytechnique (promotion X-1857) et à l'École des ponts et chaussées, dont il sort major en 1863. Après ses études, il devient ingénieur en chef de la Haute-Savoie, où il conçoit et fait construire vers 1874 le fameux système de régulation de la sortie des eaux du lac d'Annecy, communément appelé « les vannes du Thiou ». Joyau technique et architectural, elles permettent de remonter le niveau du lac (2 759 hectares) de 20 cm afin d'assurer aux usines un débit constant toute l'année ; à eux seuls, ces 20 cm permettent d'assurer seize jours de débit à l'étiage (4 m3/s). Il est également le concepteur du pont qui porte son nom1 et franchit le Rhône entre les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie.
En juin 1863, il épouse à Paris, Cécile Dupont-White. De cette union sont issus quatre enfants :
- Claire (1864-1920), qui épouse Paul Cunisset ;
- Sadi (1865-1948), colonel d'infanterie ;
- Ernest (1866-1955), marié à Marguerite Chiris, ingénieur des mines, député, dont postérité ;
- François (1872-1960), marié à Valentine Chiris, ingénieur des arts et manufacture, député, trois enfants dont Anne qui épouse René Giscard d’Estaing, oncle de Valéry Giscard d'Estaing.
Débuts
Sadi Carnot est élu député de la Côte-d'Or en 1871, et occupe des postes de haut fonctionnaire, notamment au Conseil supérieur des Ponts et Chaussées. Il est ensuite nommé préfet de la Seine-Inférieure. Réélu à la Chambre des députés en 1876, il est signataire du manifeste des 363 en mai 1877. Il est encore réélu lors des élections d'octobre 1877, puis en 1881 et 1885.
Ministre
Sous-secrétaire d'État aux Travaux publics puis ministre des Travaux publics, il devient ministre des Finances en 1885, dans le gouvernement de Charles de Freycinet. Ce dernier explique dans ses Souvenirs comment la Commission du budget de la Chambre des députés attaque le budget présenté par Sadi Carnot, et exige la suppression des sous-préfets, ce qui provoque la chute du gouvernement en décembre 1886 et contribue à la montée du boulangisme.
Élection
À la suite de la démission de Jules Grévy, mis en cause dans l'affaire des décorations, Sadi Carnot devance Jules Ferry au premier tour de l'élection présidentielle anticipée, puis l'emporte au second tour, le 3 décembre 1887, face au général Félix Gustave Saussier.
Exercice du mandat
Le 5 mai 1889, Sadi Carnot se rend à Versailles pour célébrer le centenaire des états généraux de 1789. Le début de son mandat est marqué par l'agitation boulangiste et le scandale de l'affaire de Panama, ainsi que par le rapprochement avec la Russie, dans le cadre de l'alliance franco-russe. Avec le ministre de la Marine, l'amiral Henri Rieunier, il reçoit en France, notamment à Toulon et à Paris, lors de fêtes grandioses, du 13 au 29 octobre 1893, l'escadre de l'amiral Avellan, envoyé du tsar Alexandre III, et les marins russes. Il est décoré de l'ordre de Saint-André par Alexandre III.
Assassinat
Dans un contexte d'agitation syndicale et anarchiste, les lois restreignant les libertés individuelles et la presse sont votées. Sadi Carnot est l'une des cibles du mouvement anarchiste car ayant refusé la grâce de Ravachol, d'Auguste Vaillant, auteur de l'attentat à la Chambre des députés, et d'Émile Henry. Il est visé par deux attentats en 1889 et 1890 :
- le 5 mai 1889, alors qu'il se rend à Versailles pour fêter le centenaire des états généraux de 1789, un magasinier de la Marine, Jean-Nicolas Perrin, tire une fois ; Perrin souhaitait protester contre sa mutation au Sénégal (des six cartouches du revolver, trois — dont celle tirée — contenaient de la poudre sans balle, les trois autres des balles mais pas de poudre) ;
- le 14 juillet 1890, l'inventeur Martial Jacobs, pour protester d'avoir été spolié de certaines de ses inventions, tire en l'air (encore des balles à blanc) au passage du président avenue de Marigny.
Le 24 juin 1894, Sadi Carnot reçoit un coup de poignard de l'anarchiste italien Sante Geronimo Caserio, alors qu'il quitte, par une issue secondaire pour éviter la foule, un banquet organisé à la Chambre de commerce à l'occasion de l'exposition universelle, internationale et coloniale à Lyon. Le député Gaston Doumergue, futur président de la République, est témoin de la scène. Touché en plein foie, le président de la République est rapidement transporté à la préfecture du Rhône, dans le 3e arrondissement de Lyon. Il y meurt trois heures plus tard, dans la nuit, le 25 juin 1894. Sante Geronimo Caserio est guillotiné le 16 août suivant pour le crime. Cet assassinat conduit la Chambre des députés à adopter la dernière et la plus marquante des lois scélérates visant les anarchistes, qui sont privés de tout type de communication. Le texte sera abrogé en 1992.
Le corps de Sadi Carnot est ramené à Paris et des obsèques nationales sont décidées par le Parlement dans sa loi du 29 juin 1894. Les funérailles ont lieu le 1er juillet en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence de Jean Casimir-Perier, nouveau président de la République. Sadi Carnot est ensuite inhumé au Panthéon, à côté de son grand-père Lazare Carnot.
Décorations
- Grand-croix de la Légion d'honneur en 1887 et grand maître de l'ordre de 1887 à 1894 en tant que président de la République.
- Ordre de Saint-André