Chaumet Charles
Charles Chaumet, né le 21 février 1866 à Prignac-et-Marcamps (Gironde) et mort le 7 janvier 1932 à Paris, était un homme d'État et militant républicain, l'un des fondateurs du radicalisme.
« Charles Chaumet était de la lignée et comme l'héritier spirituel de ces Girondins, fougueux amants de la liberté, qui fondèrent la République. Nourri de leur tradition, fils du même terroir, il en possédait au plus haut point les hautes qualités d'éloquence, de patriotisme, de générosité et de désintéressement. Sous son enveloppe de modestie charmante, doublée d'une exquise sensibilité de cœur, c'est un politique de grande race que le pays vient de perdre. » Ce sont les mots par lesquels Albert Lebrun, président du Sénat, salue la mort de Charles Chaumet, le 27 janvier 1932.
Charles Chaumet avait débuté dans la presse. De bonne heure, il s'était fait remarquer par le loyalisme et la fermeté de ses convictions républicaines, mais aussi par le constant souci qu'il apportait à étudier les grands problèmes économiques et sociaux et par la curiosité intelligente qu'il mettait à aborder les questions de mutualité encore balbutiantes et celles du commerce ou de l'industrie pouvant intéresser sa région. Son action s'étendit rapidement soit par les journaux dans lesquels il écrivait, soit par les nombreuses conférences grâce auxquelles il se fit rapidement connaître au cours de cette période de son active jeunesse, dans tout le pays bordelais, pays de Montaigne et de Montesquieu.
Devenu député de Gironde en 1902, il joua à la chambre le rôle politique de premier plan, mais toujours dominé par les préoccupations qui avaient été celles de ses débuts. Il fut l'un des artisans de la législation qui mit fin à la fabrication de l'absinthe. Lorsqu'en raison de la notoriété qu'il s'était acquise auprès de ses collègues et du prestige dont il jouissait parmi eux, il fut appelé à siéger dans les conseils du Gouvernement, il ne voulut accepter qu'un département ministériel où se traitaient plus précisément les questions avec lesquelles il s'était toujours familiarisé. C'est ainsi qu'il devint, en 1911, sous-secrétaire d'État chargé des travaux publics, des Postes et télégraphes et qu'il resta pendant deux ans à la tête de ses grands services dans quatre cabinets successifs.
C'est ainsi également qu'il devint, en 1917, ministre de la Marine, acceptant une mission particulièrement difficile et délicate à cette heure. Sénateur en 1923, fondateur du groupe de l'Union démocratique et radicale (UDR, proche des Radicaux indépendants, il continua sa politique active et positive qu'il alliait étroitement à un constant désir de rapprochement et d'union entre les partis. Il fut tour à tour, à la haute assemblée, membre des commissions de la Marine, des Affaires étrangères, de l'Armée. Ses interventions à la tribune toujours écoutées et appréciées. Au nom du groupe de l'Union démocratique et radicale, dont il était le président, il fit en août 1924, une longue et remarquable déclaration au sujet des accords de Londres. Il redevenait à nouveau ministre en 1925 et recevait le portefeuille du Commerce, de l'industrie, et des postes et télégraphes.
Patriote, dans une profession de foi qu'il adressait à ses électeurs en 1914, il disait notamment : « j'ai toujours mis au premier rang de mes préoccupations la défense nationale. Notre premier devoir est d'assurer la sécurité du territoire, de garantir l'existence de la patrie, de conserver le patrimoine de gloire et de grandeur morale que nous ont légué nos aînés ». Il ajoutait : « un pays faible est nécessairement un pays pauvre. » Il prit ensuite la présidence du comité républicain du commerce, de l'industrie et de l'agriculture à laquelle le prédisposait son passé. Il exerça la présidence d'autres œuvres importantes, telles la ligue maritime et coloniale, les Chargeurs réunis, l'association des grands ports français, l'union des chambres de commerce maritimes, le comité interparlementaire du commerce. « Inclinons-nous bien bas devant la mémoire de cet homme, qui sut à sa finesse gasconne allier de hautes qualités de cœur et d'esprit. Il nous quitte après une vie toute faite de convictions et de saine raison. Méditons l'exemple qu'il nous laisse de modération et de sagesse » conclut à sa mort Albert Lebrun.