Dac Pierre

Publié le par Mémoires de Guerre

André Isaac dit Pierre Dac, né le 15 août 1893 au 70 rue de la Marne à Châlons-sur-Marne (Marne) renommée Châlons-en-Champagne depuis 1997, et mort le 9 février 1975 à Paris, était un humoriste et comédien français. Il fut, également, pendant la Seconde Guerre mondiale une figure de la résistance contre l'occupation de la France par l'Allemagne nazie.

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Il est issu d'une modeste famille juive d'Alsace, installée après la défaite de 1870 à Châlons-sur-Marne où le père est boucher. Mobilisé en août 1914 au lendemain de son vingtième anniversaire, il revient du front quatre ans plus tard avec deux blessures, dont une d'un obus qui lui a raccourci de douze centimètres le bras gauche. Après la Première Guerre mondiale Pierre Dac vit de petits métiers à Paris. Dans les années 1930, il devient chansonnier au cabaret de la Lune rousse, à Montmartre ; Sarvil lui écrit de nombreux textes pour ses spectacles. En 1938, il fonde L'Os à Moelle, organe officiel des loufoques, une publication irrégulière et humoristique au nom inspiré par Rabelais et par son père boucher (le mot loufoque vient de l'argot des bouchers, le louchébem, et signifie fou) qui a pour collaborateurs le chansonnier Robert Rocca, les dessinateurs Jean Effel, Moisan, etc. Dès son premier numéro, il annonce la constitution d'un « Ministère loufoque », dont les portefeuilles ont été distribués « au Poker Dice ». Ses petites annonces vendent de la pâte à noircir les tunnels, des porte-monnaie étanches pour argent liquide, des trous pour planter des arbres, etc. Le monde de cette époque pratiquant un style différent de loufoquerie, le journal disparut après son dernier numéro (n°109) le 7 juin 1940. Il reparaîtra épisodiquement en 1945-1946, puis vers 1965, avec des talents nouveaux comme René Goscinny (Les aventures du facteur Rhésus) et Jean Yanne (Les romanciers savent plus causer français en écrivant).

Pierre Dac décide de rejoindre Londres dès 1941, mais est plusieurs fois arrêté et emprisonné en Espagne. Devenu l'humoriste des émissions en français « Les Français parlent aux Français » de Radio Londres à partir de 1943, il y parodie des chansons à la mode (Les gars de la Marine, Ça fait d'excellents français, Horst-Wessel-Lied) pour brocarder le gouvernement de Vichy, les collaborationnistes et le régime nazi. Il fut, parmi d'autres, la voix du slogan célèbre de Jean Oberlé : « Radio Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand » sur l'air de la Cucaracha. Lorsque, le 10 mai 1944, Philippe Henriot, sur Radio-Paris, s'en prend aux Juifs français réfugiés à Londres pour qui la France ne compterait pas, Pierre Dac, dans un discours lapidaire, répond que son frère Marcel, décédé au front lors de la Première Guerre mondiale, a bien sur sa tombe l'inscription « Mort pour la France », alors que sur celle de Philippe Henriot on écrirait « Mort pour Hitler, fusillé par les Français ». Cette réponse est prémonitoire et Henriot est abattu par la résistance quarante-cinq jours plus tard.

À la Libération, il rentre à Paris où il est reçu apprenti à la loge « Les Compagnons ardents » de la Grande Loge de France le 18 mars 1946. Il en restera membre jusqu'en 1952 et rédigera une parodie de rituel maçonnique devenue célèbre dans la franc-maçonnerie française. Il forme à la même époque avec Francis Blanche un duo auquel on doit de nombreux sketches dont Le Sâr Rabindranath Duval (1957), et un feuilleton radiophonique, Malheur aux barbus, diffusé de 1951 à 1952 sur Paris Inter (213 épisodes), et publié en librairie cette même année; personnages et aventures sont repris de 1956 à 1960 sur Europe 1, sous le titre Signé Furax (soit 1034 épisodes). Ces émissions sont suivies par de nombreux auditeurs. Plus tard, entre 1965 et 1974, en compagnie de Louis Rognoni, Pierre Dac crée la série Bons baisers de partout (740 épisodes), une parodie des séries d'espionnage des années 1960, diffusée sur France Inter.

Il a été surnommé par certains le « Roi des Loufoques », pour son aptitude à traquer et créer l'absurde à partir du réel. Son texte Le biglotron fut souvent cité par les amateurs de dépédantisation. Il est l'inventeur du Schmilblick, qui « ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout. Il est rigoureusement intégral ! ». Le mot « Schmilblick » sera repris par Guy Lux pour un jeu télévisé, puis par Coluche pour une parodie de ce jeu restée célèbre. Entre 1964 et 1966 il fait reparaître L'Os à Moelle. En 1965, il se déclare candidat à la présidentielle, soutenu par le MOU, Mouvement ondulatoire unifié, dont le slogan était : « Les temps sont durs ! Vive le MOU ! ». À la demande de l'Élysée, l'ancien résistant renonce et abandonne sa campagne. En 1972, un square et une statue sont inaugurés en son honneur, à Meulan. Devant les photographes, Pierre Dac et Francis Blanche posent à leur manière, c'est-à-dire en satisfaisant sur le monument un besoin naturel. Malgré le succès, Pierre Dac est resté un homme modeste, presque effacé. Il est mort dans la plus grande discrétion. « La mort est un manque de savoir-vivre » avait-il repris d’Alphonse Allais. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 87). Pierre Dac est chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1914-1918, 1939-1945, deux palmes et cinq étoiles, médaille de la Résistance.

Publié dans Acteurs et Actrices

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