Deux familles juives vont récupérer sept tableaux spoliés sous l'Occupation

Publié le par L'Express

Sept tableaux anciens vont êtres rendus à leurs propriétaires, ils avaient été spoliés au cours de la Seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, 2000 oeuvres sont encore sous la garde de l'Etat français.

Deux familles juives vont récupérer sept tableaux spoliés sous l'Occupation

La France s'apprête à rendre à deux familles juives sept tableaux anciens spoliés lors de la Seconde Guerre mondiale, mais il reste encore dans les musées 2 000 oeuvres d'art sans propriétaires identifiés. Dotées du statut de MNR (Musées Nationaux Récupération) depuis 1949, ces oeuvres sont sous la garde de l'Etat français, mais ne font pas partie de ses collections.

2013, une année fructueuse

Ces oeuvres sont conservées dans les musées, qui se doivent de les signaler et de les montrer au public, en attendant leur réclamation. "Nous rendons en moyenne une oeuvre par an depuis dix ans", indique Marie-Christine Labourdette, directrice des musées de France interrogée par l'AFP. "Nous examinons toutes les demandes de restitutions d'où qu'elles viennent. Lorsque nous avons acquis une certitude quasi absolue, nous sommes heureux et soulagés de rendre les oeuvres à leur légitime propriétaire", ajoute-t-elle. A ce titre, 2013 sera une année fructueuse: "Nous sommes sur une dizaine d'oeuvres à remettre dans l'année qui vient", indique la directrice. 

Des toiles bradées pour gagner Cuba

Six toiles de peintres italiens et allemands du 18e siècle qui appartenaient au Viennois Richard Neumann vont ainsi être restituées prochainement à Thomas Selldorff, petit-fils de Richard Neumann, a indiqué le ministère, confirmant une information du Monde. Les Nazis avaient récupéré ces oeuvres pour les envoyer au musée qu'Adolf Hitler voulait ouvrir à Linz, sa ville natale. L'industriel Richard Neumann avait fui l'Autriche lors de son annexion par l'Allemagne en 1938. Avec sa famille, il avait pu emporter avec lui à Paris une partie de ses tableaux, mais avait dû les brader en 1941 pour pouvoir payer des passeurs et gagner Cuba. Son petit-fils octogénaire va donc retrouver des toiles qu'il avait vues tout petit : Un Gaspare Diziani (musée d'Agen), un Salvator Francesco Fontebasso (Louvre), un Alessandro Longhi (Louvre), un Sebastiano Ricci (musée de Saint-Etienne), un Gaetano Gandolfi (Louvre). A ces maîtres italiens, s'ajoute une Apothéose de Saint Jean Népomucène, réalisée par un peintre allemand François-Charles Palko (musée de Tours). 

Le septième tableau, La Halte de Pieter-Jansz van Asch (1603-1678), a une histoire différente. Cette peinture hollandaise avait été confisquée par les Nazis à un banquier praguois Josef Wiener, mort en déportation. Le fils de son épouse, issu d'un nouveau mariage, a mené les recherches pour retrouver le tableau. A la fin de la guerre, lorsque les Alliés ont récupéré en Allemagne les oeuvres d'art spoliées par les Nazis, ils se sont attachés à les renvoyer dans leur pays d'origine. La toile de van Asch s'est retrouvée par erreur en France. 

Groupe de travail créé par le Musée

Le ministère dispose d'une cellule chargée du dossier MNR, en lien avec le service des archives du Quai d'Orsay. Un portail spécifique baptisé Rose Valland, du nom de cette conservatrice du Jeu de Paume qui a tant aidé à sauver ces oeuvres confisquées par les Nazis, est dédié à ce dossier."Nous constatons une stabilité des demandes de familles françaises et un élargissement des demandes à des familles issues des pays d'Europe centrale, qui peuvent accéder désormais via internet aux bases de données et aux documents que nous avons mis en ligne", relève Marie-Christine Labourdette. "Jusqu'à présent , nous travaillions sur les demandes de restitution. Mais nous sommes en train d'assister à un changement de génération, avec un risque de rupture de la chaîne de la mémoire familiale", constate la directrice du Musée. "Nous allons nous concentrer au départ sur un échantillon de 160 oeuvres dont nous sommes sûrs qu'elles ont été spoliées". Un groupe de travail, composé de l'équipe MNR, de conservateurs, d'archivistes, d'historiens, de membres de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS) et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, va être mis en place d'ici quelques semaines.

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