Eisenhower Dwight David
La présidence de Dwight D. Eisenhower débuta le 20 janvier 1953, date de l'investiture de Dwight D. Eisenhower en tant que 34e président des États-Unis, et prit fin le 20 janvier 1961. Membre du Parti républicain, Eisenhower entra en fonction après avoir battu le candidat démocrate Adlai Stevenson lors de l'élection présidentielle de 1952. Il fut réélu quatre ans plus tard à une large majorité face au même adversaire. À la suite de l'élection présidentielle de 1960, le démocrate John Fitzgerald Kennedy lui succéda à la Maison-Blanche. La présidence d'Eisenhower, qui faisait suite à vingt ans de présence démocrate au pouvoir, coïncida avec la première phase de la guerre froide qui opposait les États-Unis à l'URSS. Eisenhower élabora une politique New Look qui mettait l'accent sur la dissuasion nucléaire afin de prévenir les conflits militaires et initia la constitution d'un important stock d'armes atomiques ― assorti du matériel de projection correspondant ― tout au long de ses deux mandats. Peu après son entrée en fonction, il négocia la fin de la guerre de Corée qui déboucha sur une partition de ce pays et promulgua en 1956 la doctrine Eisenhower qui visait à accroître l'implication américaine au Moyen-Orient à la suite de la crise de Suez. En réponse à la révolution cubaine, l'administration Eisenhower rompit les relations diplomatiques avec Cuba et échafauda un plan d'invasion de l'île par des exilés cubains qui se solda ultérieurement par le fiasco de la baie des Cochons. Eisenhower autorisa également la CIA à mener des « actions secrètes » pour renverser des gouvernements étrangers comme dans le cas de l'Iran en 1953 ou du Guatemala en 1954.
En politique intérieure, Eisenhower mit en œuvre une politique de « républicanisme moderne » qui se voulait à mi-chemin des démocrates progressistes et de l'aile conservatrice du Parti républicain. Partisan d'un budget à l'équilibre mais plutôt hostile aux baisses d'impôts, « Ike », comme il était surnommé communément, élargit le programme de sécurité sociale et maintint les programmes d'aides introduits lors du New Deal. Il développa le réseau des autoroutes inter-États, un projet d'infrastructure massif qui prévoyait la construction de dizaines de milliers de kilomètres de voies rapides. Après le lancement réussi du satellite Spoutnik 1 par les Soviétiques, il signa par ailleurs une loi qui donnait naissance à la NASA (l'Agence spatiale américaine) et fit de la course à l'espace une priorité face à l'URSS. Bien qu'opposé à l'arrêt de la Cour suprême Brown v. Board of Education qui mettait fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques, Eisenhower envoya l'armée en Arkansas afin d'imposer les décisions de justice prises en faveur de l'intégration et ratifia la première loi d'importance sur les droits civiques depuis la fin de la Reconstruction. Triomphalement réélu en 1956, Eisenhower demeura populaire tout au long de sa présidence mais le lancement de Spoutnik 1 par les Soviétiques et un marasme économique contribuèrent à l'échec des républicains lors des élections de mi-mandat de 1958. En dépit de la courte défaite de son vice-président Richard Nixon face à Kennedy en 1960, Eisenhower était toujours admiré au moment de quitter ses fonctions mais la plupart des observateurs considéraient qu'il n'avait été qu'un président inactif ― une vision qui perdura jusqu'à la publication de ses archives privées dans les années 1970. Il est aujourd'hui systématiquement évalué par les universitaires et les politologues comme l'un des dix plus grands présidents de l'histoire américaine.
D'Abilene à Londres
Né à Abilene, au Texas, Dwight David Eisenhower passe sa jeunesse au Kansas, parmi six frères et sœurs. Sorti de West Point en 1915, promu commandant dès 1918, il sert à Panamá (1922-1924) puis aux Philippines (1935-1939), où il se lie avec MacArthur, et passe à 48 ans son brevet de pilote. Le général Marshall le fait entrer à l'état-major général en 1941. Envoyé à Londres, en 1942, Eisenhower devient le chef des forces américaines en Europe : général de brigade, il est alors à peu près inconnu, mais son aptitude pour les relations publiques, son talent pour forcer la collaboration quelque fois malaisée entre les Américains nouveaux venus et les généraux britanniques, sont appréciées.
C'est pour raison qu'il est chargé de mettre au point le débarquement allié en Afrique du Nord. Cette première expérience pour lui sur le terrain lui fait prendre conscience du manque de préparation américain. Nommé commandant des armées alliées en Afrique du Nord (11 février 1943), il dirige la campagne de Tunisie (novembre 1942-mai 1943) ainsi que les débarquements en Sicile et en Italie (mai-septembre 1943). Revenu à Londres fin 1943, Eisenhower est placé à la tête des forces alliées chargées de la libération de l'Europe occidentale.
L'homme d'Overlord
À ce poste, « Ike » donne la mesure de son autorité et apparaît comme le véritable créateur de l'état-major combiné terrestre, naval et aérien. Le coup de boutoir allié est fixé au mois de mai, puis de juin 1944 ; il aura lieu sur une côte normande. Baptisée « Overlord », l'opération est retardée de 24 heures en raison du mauvais temps. Dans un message à ses troupes, daté précisément du 5 juin 1944, Eisenhower rappelle l'enjeu de ce qu'il nomme lui-même « la grande croisade » et conclue : « Nous n'accepterons que la victoire totale. » « OK, let's go ! » (« C'est bon, on y va ! »), c'est par ces simples mots que le général Eisenhower donne l'ordre, le 6 juin 1944, du débarquement allié de Normandie.
Eisenhower est à l'origine de la fabrication des chars amphibies DD (Duplex Drive, dits « Donald Duck »). Les péniches de débarquement – indispensables au transport des 1 200 000 GI massés dans le sud de l'Angleterre — et les Jeep sont aussi des instruments déterminants de la logistique en vue du jour J, auquel la Résistance française se prépare dès que la radio de Londres diffuse ces deux vers de Verlaine : « Les sanglots longs des violons de l'automne/Bercent mon cœur d'une langueur monotone. » Le 7 mai 1945, Einsenhower reçoit, à Reims, la capitulation de l'Allemagne.
Le retour du soldat
Au faîte de sa gloire, le général victorieux rentre aux États-Unis. Promu chef d'état-major de l'armée américaine, il quitte cependant le service actif et est élu, en 1948, président de l'université Columbia. Rappelé peu avant la signature du pacte de l'Atlantique Nord (1949), il est nommé président du Comité des chefs d'état-major américains (Joint Chiefs of Staff) et conseiller militaire du président Truman. En 1950, il met sur pied le SHAPE, qu'il dirige à Rocquencourt jusqu'en 1952.
J. F. Dulles et la doctrine du roll-back
Poussé par son entourage, Einsenhower est investi par le parti républicain et se présente à l'élection de 1952 qu'il remporte avec éclat face au pâle démocrate Stevenson. Pour diriger la politique extérieure américaine, il fait appel à John Foster Dulles, partisan d'une ligne dure à l'égard du bloc de l'Est et auteur de la doctrine du roll-back, c'est-à-dire du refoulement du communisme. De longs pourparlers aboutissent à une reconnaissance respective des deux Corées par les États-Unis et l'URSS et à un armistice en juillet 1953 (→ guerre de Corée). Si Washington refuse d'intervenir en Indochine aux côtés de la France, les Américains veillent à la mise sur pied de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE, septembre 1954).
En Europe, ils s'emploient à faire des démocraties libérales un rempart contre le bloc dominé par l'URSS. À la mort de Staline, en 1953, Eisenhower fait preuve de pragmatisme en favorisant le timide dégel. La politique de J. F. Dulles s'assouplit quelque peu ; c'est ainsi que les deux super-grands parviennent à un accord sur l'indépendance et la neutralité de l'Autriche (mai 1955). Toutefois, Einsenhower n'intervient pas en Hongrie au moment de l'insurrection de Budapest en 1956.
Vers la détente avec l'Union soviétique
Après sa réélection en 1956, le président américain s'efforce de résoudre le problème racial dans le Sud par l'intégration scolaire ; il impose aussi l'arbitrage de l'État en cas de conflit entre patrons et ouvriers afin de réduire les dangers économiques et sociaux d'une grève. En faisant adopter par le Congrès (janvier 1957) son plan d'aide militaire et économique aux pays du Moyen-Orient (la « doctrine Eisenhower »), il justifie par avance l'intervention américaine par la volonté de les protéger « contre une agression armée provenant de tout pays dominé par le communisme international ».
Conscient de l'avance prise par les Soviétiques dans le domaine de la conquête spatiale, il accélère le programme américain de missiles intercontinentaux. La politique de détente avec l'URSS s'amorce cependant à l'occasion du voyage officiel de Khrouchtchev aux États-Unis (septembre 1959). En vertu d'un amendement à la Constitution, promulgué en 1951, Eisenhower ne peut pas se présenter à un troisième mandat présidentiel. Lui qui avait fait revenir les républicains au pouvoir aura pour successeur un démocrate, John F. Kennedy. Il publiera ses Mémoires sur la période 1956-1961 entre 1963 et 1965.
Here is the warning given to the American people, and chillingly represents what is happening today. A short video of Eisenhowers speech and the Military Industrial "Congressional" Complex.