En 1981, Mitterrand crucifie VGE, "l'homme du passif"

Publié le par France-Soir

France-Soirpublié le 29/04/2012 à 09h00

Sept ans après le premier débat télévisé de l'entre-deux tours, François Mitterrand prend sa revanche sur Valéry Giscard d'Estaing lors d'un face-à-face resté mémorable.

François Mitterrand contre VGE« Vous n'avez pas le monopole du cœur ». Cette phrase assassine de Valéry Giscard d'Estaing au soir du 10 mai 1974 a marqué le premier débat télévisé de l'entre-deux tours de l'histoire de l'élection présidentielle. Quelques jours plus tard, le candidat des Républicains indépendants s'imposait d'une courte tête face à son rival socialiste, annonçant par la même occasion la fin prochaine du Programme commun et de l'alliance éphémère avec le Parti communiste.

Sept ans plus tard, le 5 mai 1981, les mêmes protagonistes se retrouvent pour le second round. Et vue sa déconvenue passée, François Mitterrand se méfie de l'exercice, mais aussi de son adversaire. Président sortant, VGE est de son côté plutôt en confiance et compte sur ce face-à-face pour confirmer son avance du premier tour (plus de 700.000 voix, sans compter celles recueillies par son concurrent à droite, Jacques Chirac).

"L'homme du passé"

Conseillé par Robert Badinter et Serge Moati, François Mitterrand impose ses règles : l'aménagement du plateau, l'éclairage, les angles de prise de vues des caméras, la distance entre les deux candidats... Alain Duhamel et Jacqueline Baudrier, qui avaient modéré le débat de mai 1974, sont remplacés par Michèle Cotta et Jean Boissonnat. Le candidat de la gauche n'avait pas été satisfait de sa prestation lors du premier duel. Il veut donc mettre toutes les chances de son côté et s'imposer, par le verbe et par la forme, face au président sortant.

Deux phrases extraites de ce duel au sommet sont restées gravées dans le marbre. À une attaque de Valéry Giscard d'Estaing, qui voit dans son adversaire un « homme du passé », un argument qu'il avait déjà utilisé sept ans auparavant, François Mitterrand répond sèchement : « Vous avez tendance à reprendre le refrain d'il y a sept ans : l'homme du passé. C'est quand même ennuyeux que, dans l'intervalle, vous soyez devenu, vous, l'homme du passif ».

"Ici, vous êtes simplement mon contradicteur"

Plus tard, alors que VGE cherche à le piéger en l'interrogeant sur le cours du mark allemand, le chef du parti de la rose le prend à contre-pied : « D'abord, je n'aime pas beaucoup ces manières. Je ne suis pas votre élève et vous n'êtes pas le président de la République. Ici, vous êtes simplement mon contradicteur ». Avant de donner, triomphant, le chiffre en question.

Suivi par près de 30 millions de téléspectateurs, ce face-à-face n'aurait toutefois pas eu de réel impact sur le second tour. Pis, il aurait même plutôt penché en faveur de Valéry Giscard d'Estaing. Quelques jours plus tard, c'est pourtant le visage de François Mitterrand qui apparaît sur les écrans des téléviseurs.

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