Gaël Josseline
Jeannine Blanleuil dite Josseline Gaël, est une actrice française née le 4 février 1917 à Paris (6e), et morte le 10 août 1995 (à 78 ans) à Saint-Michel-d'Entraygues (Charente).
Véritable enfant prodige du cinéma muet, elle commence à tourner sous la direction de Louis Feuillade dès 1925, tout en prenant des cours de danse classique et d’art dramatique. À l’avènement du parlant, Josseline Gaël a tout juste treize ans. Mais cela ne l’empêche pas de se retrouver dans les studios berlinois pour tourner «Les amours de minuit» en version allemande et française sous la direction de Carl Froelich, Marc Allégret et Augusto Genina. En 1931, elle côtoie Jean Gabin qui fait l’une de ses premières apparitions au cinéma dans «Tout ça ne vaut pas l’amour» de Jacques Tourneur. En 1932, pour ses quinze ans, elle est Julie dans l’adaptation cinématographique de la pièce de Molière «Monsieur de Pourceaugnac». La même année, elle donne la réplique à Françoise Rosay et au jeune premier Georges Rigaud. Quelle actrice de l’époque peut rêver d’un tel palmarès ! Et ce n’est qu’un début...En 1933, elle incarne Cosette dans l’adaptation en trois épisodes du monument littéraire hugolien «Les Misérables», tandis que Harry Baur est Jean Valjean.
Elle se retrouve héroïne de Paul Féval en interprétant Aurore aux côtés de Robert Vidalin dans le rôle titre du «Bossu» adapté par René Sti. Elle tourne tous les genres et enchaîne films sur films, près d’une quarantaine en dix ans. Elle est dirigée par les grands metteurs en scène de l’époque: Christian-Jaque, Victor Tourjansky, Pierre Caron, Jean Dréville, Sacha Guitry, etc. Elle donne la réplique à bien des acteurs dont en 1938, le très populaire Henri Garat dans «Les femmes collantes» et un comique qui commence à faire parler de lui, Fernandel, dans «Barnabé» de Alexandre Esway. Josseline Gaël qui a grandi sur les plateaux, est sans doute une jeune fille étonnante. C’est ainsi qu’elle partage le lit d’un des ses partenaires, le très original Jules Berry de trente quatre ans son aîné. Elle lui donne d’ailleurs une petite fille Michèle. Elle tourne avec son mari sept films dont «Face au destin» (1939) de Henri Fescourt. Même si, sous l’occupation, Josseline tourne un peu moins, elle se produit encore dans près d’une dizaine de films dont «La main du diable» (1942) de Maurice Tourneur, avec Pierre Fresnay et Noël Roquevert. Elle est également la partenaire de Tino Rossi dans «L’île d’Amour» qui, tournée en 1943, sortira l’année suivante.
Pendant la guerre, Josseline rencontre aussi son destin. En effet, elle s’amourache d’un homme plein de prestance. Mais la jeune femme manque totalement de jugement en le choisissant parmi la pire espèce du Milieu lyonnais. Véritable truand, il mène la belle vie en extorquant des fonds et en tuant. Il «travaille» également pour la Gestapo. Il est fusillé à la libération. Josseline qui a profité au mieux des largesses de son amant, est incarcérée à l’été 1944, tandis que son dernier film «Coup de tête» avec André Alerme sort sur les écrans. Elle est jugée deux ans plus tard. En témoignant, son mari Jules Berry lui évite le pire. À vingt-sept ans, Josseline Gaël comprend peut-être mais un peu tard que la vie ce n’est pas du cinéma. Elle ne retrouve pas, bien évidemment, le chemin des studios. Elle se retire en province avec sa mère et sa fille. Elle décède dans une maison de retraite, pas loin d’Angoulême, en Charente, le 10 août 1995. Oubliée de tous, mais c’était sans doute mieux ainsi.
Filmographie
- 1924 : Le Stigmate de Maurice Champreux et Louis Feuillade
- 1926 : Simone d'Émile-Bernard Donatien
- 1930 : Une femme a menti de Charles de Rochefort
- 1930 : L'Amour chante de Robert Florey
- 1930 : Les Amours de minuit d'Augusto Genina et Marc Allégret : Fanny
- 1930 : Mitternachtsliebe de Carl Froelich (version allemande du film précédent)
- 1931 : Tout ça ne vaut pas l'amour de Jacques Tourneur
- 1931 : Baleydier de Jean Mamy : Lola
- 1931 : Cœurs joyeux de Hanns Schwarz et Max de Vaucorbeil
- 1931 : Le Monsieur de minuit de Harry Lachmann
- 1931 : Pour un sou d'amour de Jean Grémillon
- 1932 : Monsieur de Pourceaugnac de Gaston Ravel et Tony Lekain
- 1933 : L'Abbé Constantin de Jean-Paul Paulin
- 1933 : Tambour battant d'Artur Robison
- 1934 : Les Misérables de Raymond Bernard : Cosette adulte
- 1934 : Le Bossu de René Sti : Aurore de Nevers
- 1934 : Un homme en or de Jean Dréville
- 1934 : Les Hommes de la côte d'André Pellenc
- 1934 : Le Monde où l'on s'ennuie de Jean de Marguenat
- 1935 : L'Enfant du Danube de Charles Le Derlé et André Alexandre
- 1935 : Jeunes filles à marier de Jean Vallée
- 1935 : Monsieur Sans-Gêne de Karl Anton
- 1935 : Pluie d'or de Willy Rozier
- 1936 : La Madone de l'Atlantique de Pierre Weill
- 1936 : Monsieur Personne de Christian-Jaque
- 1936 : Puits en flammes de Victor Tourjansky
- 1937 : Un déjeuner de soleil de Marcel Cravenne
- 1937 : Les Deux Combinards de Jacques Houssin
- 1937 : Ma petite marquise de Robert Péguy
- 1937 : Le Plus Beau Gosse de France de René Pujol
- 1937 : Un scandale aux galeries de René Sti
- 1938 : Barnabé d'Alexandre Esway
- 1938 : Les Femmes collantes de Pierre Caron
- 1938 : Grand-Père de Robert Péguy
- 1938 : Le Monsieur de cinq heures de Pierre Caron
- 1938 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry
- 1938 : Son oncle de Normandie de Jean Dréville
- 1939 : Face au destin d'Henri Fescourt
- 1940 : L'An 40 de Fernand Rivers
- 1940 : Chambre 13 d'André Hugon
- 1940 : Un chapeau de paille d'Italie de Maurice Cammage
- 1941 : Une vie de chien de Maurice Cammage
- 1941 : La Neige sur les pas d'André Berthomieu
- 1942 : La Main du diable de Maurice Tourneur
- 1943 : Coup de tête de René Le Hénaff
- 1943 : L'Île d'amour de Maurice Cam
- 1943 : Le Soleil de minuit de Bernard Roland
- 1943 : T'amero sempre de Mario Camerini
Théâtre
- 1929 : L'Escalier de service de Georges Oltramare, Théâtre Michel
- 1938 : Le Comédien de Sacha Guitry, Théâtre de la Madeleine
- 1940 : Banco d'Alfred Savoir, Théâtre Marigny
- 1950 : Cabrioles de Roger Ferdinand, Théâtre Édouard VII
- 1951 : Ce monde n'est pas fait pour les anges de Pascal Bastia, Théâtre Édouard VII