Grande-Bretagne: scandale autour d'une ancienne enfant tueuse

Publié le par François Sergent

Grande-Bretagne: scandale autour d'une ancienne enfant tueuse

La biographie de Mary Bell, 41 ans, divise la presse et l'opinion.

Grande-Bretagne: scandale autour d'une ancienne enfant tueuse

Lorsqu'elle avait 11 ans, Mary Bell a tué deux autres enfants, un garçon de 3 ans et un autre de 4. Un enfant tuant d'autres enfants. Elle est depuis, avec quelques autres meurtriers, le symbole du mal absolu en Grande-Bretagne, sans rédemption et sans rémission possibles et sa biographie publiée cette semaine dérange et scandalise. Des libraires de Newcastle, lieu de ses crimes, refusent de vendre l'ouvrage. Le Premier ministre a estimé «répugnant» que Mary Bell ait pu gagner de l'argent de ses crimes. Le ministre de l'Intérieur s'est acharné à lui faire rembourser les 50 000 livres (500 000 F), que lui aurait donné l'éditeur. Depuis une semaine, Mary Bell est pour sa sécurité sous protection policière. Une affaire qui divise le pays. Le leader du Parti libéral, Paddy Ashdown, s'est courageusement élevé contre cette condamnation sans fin d'une femme qui a payé, largement, sa dette à la justice.

Mary Bell a passé douze ans dans les prisons du pays. Elle est sortie libre en 1980 à 23 ans, sans avoir connu autre chose que les cellules et les maisons de correction. Aujourd'hui, à 41 ans, Mary Bell a refait sa vie fracassée. Elle a changé de nom, elle a une fille et vit avec le père de son enfant dans une ville du sud de l'Angleterre. Personne ne savait que cette petite femme brune, plutôt jolie, était Mary Bell, l'enfant tueur.

Il y a deux ans, Mary Bell a voulu raconter sa vie à Gitta Sereny, une historienne très respectée spécialiste du nazisme. Sereny a déjà écrit une remarquable biographie d'Albert Speer, l'ancien ministre nazi, une autre de Franz Stangl, le directeur du camp de Treblinka. Aujourd'hui, avec la même volonté de comprendre comment arrive le mal, Sereny a travaillé avec Mary Bell. Dans une lettre à la mère de l'un des enfants tués, celle-ci explique qu'elle ne veut pas dans son livre «revivre ces crimes terribles mais essayer d'apporter quelque lumière sur le pourquoi de ces crimes». Sereny a donné une partie de ses droits d'auteur à Mary Bell: «Si je ne l'avais pas fait, j'aurais été moi-même coupable de lui avoir fait ce qui lui a été fait depuis sa naissance, l'utiliser.» Son livre, Cries Unheard («Cris silencieux»), publié en bonnes feuilles dans le Times au grand scandale de ses concurrents, est sobre et cherche à refaire l'archéologie de l'enfant Mary Bell, avant de la suivre en prison, puis libre, avec sa vie, ses amants, sa fille.

On apprend ainsi que Mary Bell, fille d'une prostituée sado-maso a été violentée par sa mère et ses clients dès ses plus tendres années. Enfermée dans une prison malgré ses 11 ans comme le veut la loi anglaise, elle est violentée par des prisonnières. Sa libération, à 23 ans, est douloureuse. Elle retourne chez sa mère, qui la saoule de pintes de bière et de calmants. Un jour, elle rencontre «Bob», un homme un peu plus jeune qu'elle. Ils ont une fille, mais Mary Bell, «mère exemplaire» selon les juges de l'application des peines qui la suivent, ne veut pas lui dire qui elle est. Jusqu'à ce que les journalistes à scandale et les politiciens bien pensants la retrouvent et la jugent coupable d'avoir accepté cet «argent du sang», comme le titrait hier un tabloïd. Hier, la justice a interdit aux journaux d'identifier Mary Bell et de continuer à la traquer. Un autre juge a interdit au ministre de chercher à récupérer les 50 000 livres, avec lesquelles Mary Bell, a bâti une maison, croyant pouvoir reconstruire sa vie.

Publié dans Articles de Presse

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